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Critique de paulmaugendre


Harry Dickson fait toujours rêver par ses aventures policières et mi-fantastiques, et le lecteur était orphelin depuis la disparition, non pas de son créateur, mais de celui qui avait magnifié et porté à leur paroxysme les pérégrinations du célèbre détective concurrent de Sherlock Holmes.

Brice Tarvel a hérité du style, de l'imagination, du vocabulaire de Jean Ray, mais il apporte en plus ce petit quelque chose qui n'appartient qu'à lui. Une fluidité dans les descriptions et un imaginaire spécifique qui mettent en valeur ce qui ne pourrait être considéré que comme des nouvelles de bon aloi si justement sa créativité ne souffrait en rien de la comparaison. Il est dans le moule et en déborde largement car ce n'est pas un tâcheron. Il est un véritable auteur, pas toujours reconnu à sa juste valeur, mais il ne copie pas, il invente.



Dans ce recueil, deux nouvelles d'inspiration différente, et qui nous plonge dans l'Angleterre du premier quart du XXe siècle.

Dans La confrérie des hommes griffus, dont la couverture de Christophe Alvès nous en donne une petite idée, nous entrons dans le mythe souvent exploité mais inépuisable du savant fou.

Tom Wills est démoralisé car celle qu'il considérait comme sa petite amie vient de lui signifier qu'elle préférait un autre que lui. Ce qui arrive souvent dans la vie, mais quand même, avoir pour rival un jeune jardinier aussi boutonneux que les plantes qu'il soigne, cela met à mal l'égo. Aussi, pour se consoler Tom préfère aller au cinéma et visionner un film de Charlot.

Mais ses déambulations pédestres dans la capitale de la fière Albion l'ont épuisé et il s'endort. Il rêve, ou cauchemarde se croyant attaqué par un léopard, ou un tigre, enfin une animal similaire. Il est réveillé assez brutalement par l'ouvreuse qui fait la fermeture et se retrouve dans la rue où il se retrouve nez à nez à un individu qui l'agresse. Il se défend comme il peut face à son assaillant dont les doigts sont prolongés de griffes acérées. Il fait part de sa mésaventure à Harry Dickson qui prend cette information au sérieux, d'autant que Tom n'est pas revenu bredouille car il a choppé une casquette appartenant à son agresseur. Harry Dickson en déduit tout de suite l'identité de son propriétaire, un ancien boxeur écossais au surnom évocateur de Iron Bill.

Le superintendant Goodfield leur apprend que d'autres attaques identiques se sont déroulées dans les mêmes conditions et que les victimes sont décédées. Mais c'est un éleveur de porcs venu se défouler à Londres qui va leur apporter de précieux renseignements. Il vient d'être assailli mais a réussi à mettre son agresseur en déroute, gardant toutefois un trophée, une espèce de gantelet muni de griffes acérées. L'homme parle également d'événements étranges se déroulant non loin de chez lui, de bruits incongrus et de roulements de tambours, provenant d'un castel délabré appartenant à une certaine Belle Simpson, une maritorne énorme. Et ce que vont découvrir Harry Dickson et son élève pris en otage relève d'une diablerie machiavélique que n'aurait pu désavouer Jean Ray.



Dans La maison du pluvier, nous partons explorer les Fens, ce paysage marécageux du comté de Norfolk, à l'est de l'Angleterre. Et nous retrouvons cette ambiance et cette atmosphère palustres chères à l'auteur et qui prédomine dans bon nombre de ses romans.

En guise de prologue, l'action se déroule à Old Bailey, là où sont exécutés les condamnés à mort. Théobald Ferris attend avec sérénité, presque, la corde au cou, que le bourreau ouvre la trappe sous lui. A ce moment une nuée de corbeaux tournoie dans le ciel et l'un d'eux se pose sur son épaule. Parmi la populace Harry Dickson est présent et attendant qu'un événement survienne décidant le sursis. Soudain Tom Wills, son précieux élève, arrive en courant et lui fournit une preuve disculpant Théobald de la présomption de crime de sang qui lui est imputé.

Mais revenons en arrière en compagnie de l'auteur qui nous narre pourquoi et comment Théobald fut soupçonné de meurtre. Harry Dickson et son élève ont été invités à une partie de chasse par Lord James Ostler, qui possède une riche demeure dans le quartier londonien huppé de Paddington. Tout en conduisant son automobile, il narre une légende qui plane, ou plutôt qui flotte sur ce marais et dont le protagoniste n'est autre que le chevalier Hugh Pugsley, qui fit partie des glorieux combattants de la bataille D Azincourt en 1415.

Seulement, désirant cacher une cassette emplie de pièces d'or, il s'est enfoncé dans les marais, ce qui lui fut fatal. Son cheval caparaçonné de métal s'est noyé, entraînant son cavalier avec lui. Toutefois la légende de la cassette attise les convoitises, et des meurtres sont commis par le fantôme du chevalier. C'est ainsi que le maître et l'élève font la connaissance d'un ornithologue, ou ornithophile, qui fréquente assidûment les volatiles dans leur lieu naturel et rédige quelques opuscules, ce brave Théobald Ferris que nous avons rencontré au début du récit.

Il habite avec sa femme et son fils, sans oublier son beau-père, un vieux monsieur valétudinaire, dans une cabane au coeur du marais. A l'entrée de la chaumine est érigé une sculpture, un pluvier dont le bec est disproportionné. Les deux détectives logent dans une auberge non loin or le chevalier fait encore des siennes, glissant dans les marais, vêtu de son armure, le chef couronné d'un heaume, et les soupçons se focalisent sur l'ornithologiste amateur.



Deux aimables historiettes qui suintent le mystère et qui intéresseront les nostalgiques de Jean Ray, d'Harry Dickson, les grands comme les petits, les vétérans de la lecture et les débutants. Et qui devraient inciter certains dont le vocabulaire est défaillant et préfèrent puiser dans les anglicismes, par snobisme ou par manque de culture, à se plonger dans un dictionnaire pour enrichir leur langage. Petite question dont la réponse ne sera pas sujette à un cadeau de ma part : Savez-vous ce qu'est une pimpesouée ?
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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