"Plus la foule est grande, plus la solidarité fait place à la solitude."
Les quatre courtes nouvelles de ce manga en sont les déclinaisons.
Poignants d'isolation ces hommes, cette femme. Marginalisés, plus capables de communiquer avec leurs semblables que leur reste-t-il ?
La comparaison avec les animaux court tout au long des récits : les boeufs dans les camions à bestiaux semblent mieux traités que les humains sur-tassés dans les wagons du métro, Un seul semble trouver une échappatoire, une voie de survie, en adoptant depuis cinq ans la marche à reculons ; ainsi il tourne continuellement le dos à tous ses semblables, sacro-sainte hiérarchie inclue. Et il fait au moins un émule.
La nouvelle qui m'a le plus touchée est "Monkey mon amour". L'histoire d'un ouvrier de fonderie et les dégâts que le bruit assourdissant provoquent tant sur lui que sur les autres. Sa solitude il la partage avec un petit singe qui lui tourne constamment le dos. Même à ce petit être il est incapable de lui faire ressentir l'amour qu'il lui porte. Alors il tentera de réintroduire cet animal qu'il aime au sein de ses semblables, Acte d'amour si cruel.
Ce bruit assourdissant, toujours présent qui envahit toute la société, cette incapacité de supporter le silence, (à tel point que de nombreux restaurateurs et tenanciers de bars se sentent obligés de mettre et monter du son parce que sinon leurs clients se sentiraient angoissés, isolés) est un fait dont nous avons à peine conscience.
Manga d'une pertinence désespérante mais à lire absolument.
Commenter  J’apprécie         60
L'habitude est une chose terrible. Quand on travaille sans cesse dans le bruit, c'est, au contraire, un monde sans bruit qui finit par sembler inquiétant.