Il y a une guerre et elle existe bien. Condamner la guerre en tant que guerre [...] , ce n'est pas abolir la guerre, absolument pas; c'est la criminaliser, voilà pourquoi, dès lors, la guerre ne peut plus être conduite que dans les pires formes. Celui d'en face, ici et maintenant, ne saurait plus être qu'un criminel à éliminer. Autrement dit, la guerre s'aggrave, devient plus brutale, se déchaîne quand on refuse d'admettre que l'état de guerre peut aussi régner entre les hommes, un état de guerre qui amènera ensuite une paix. Le nier, c'est vouloir non pas la paix, mais bien l'aggravation de la guerre. Je crois que ce n'est pas un discours apologétique de ma part, car Schmitt a bien souvent souligné dans ses écrits, ainsi dans Ex captivate salus [...]: "L'ennemi est notre propre question prenant figure".
On ne peut pas discuter et encore discuter sans fin, à un moment donné vient qu'on agit. Donc, le problème du temps est un problème moral et le décisionnisme consiste à signifier qu'il n'y a pas de prolongation à l'infini. Et quiconque le nie est immoral, ne comprend effectivement pas la situation humaine, qui est finitude et, parce que finitude, doit céder la place, c'est-à-dire oblige à décider.
Jusqu'à maintenant je reste sceptique devant toute philosophie qui ne se frotte pas concrètement avec l'histoire. Sans l'histoire, aucune vérification de principes métaphysiques abstraits entre tous.