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EAN : 9782221259504
256 pages
Robert Laffont (16/09/2021)
3.69/5   27 notes
Résumé :
​Le premier recueil de nouvelles de Christiane Taubira.
Vous n'imaginez pas le plaisir que nous procure de disséquer vos défauts et vos vices lorsque nous sommes entre femmes. C'est notre aliénation, notre dépendance masochiste, notre revanche confuse et confite, notre consolation aigre et notre joie affligée. La preuve que, malgré nos bravades, nous sommes encore bien inféodées. Nos bruyantes professions d'indépendance ? De la jactance !
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sept nouvelles, et autant de portraits de femmes, sauf pour une...qui est un portrait au vitriol d'un homme plutôt méprisable.

Depuis Gran Balan, Christiane Taubira nous propose une plume émaillée par moment de créole, et ça me plait. Bon il faut parfois chercher la définition de certains mots, mais pas grave.

De découvrir surtout la vie de ces compatriotes si loin de la métropole. Leurs histoires, leurs ressentis, leurs rêves...leurs amours, leurs emmerdes...

J'ai adoré Inès, un personnage très insurgé contre les injustices et Claire, Cécile et Céline qui nous emmènent dans le parcours de leur ancêtre, esclave.

Très réussi, j'ai comme toujours adoré la proposition de Christiane Taubira, que j'aime lire, parce que c'est puissant, très bien écrit et qu'elle ne cède jamais à la facilité.
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Femmes cognées, femmes meurtries....Femmes libérées, femmes libres, femmes "debout "!

Ce livre, quel divertissement !
A travers 7 épisodes de vie, elle y décrit sans tabou et avec une liberté parfois déconcertante la vie de femme libérés qui affrontent avec bravoure une vie assez complexe. Ce livre est volcanique, ardent, en perpetuel mouvement. Elle expose d'un langage cru, brut, sans fioriture avec une certaine légèreté des thèmes graves comme la violence conjugale, des thèmes intergenerationnels comme l'infidélité, l'amour à sens unique et ses conséquences désastreuses sur le psychisme et des thèmes plus contemporains comme la vie d'une sans domicile fixe, démontrant ainsi, en dépit de toutes les épreuves rencontrées, la témérité, l'abnégation de ces femmes.
Pour certains, elle peut paraître surannée en évoquant l'esclavage, le marronnage dans ce livre. Ce thème revient souvent dans ses écrits, et de plus, elle est l'instigatrice de la loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité, la loi Taubira.

J'aime ce recueil de Christiane Taubira, et ses écrits en général, pour sa dextérité à manier la langue française en utilisant une pléiade de champs lexicaux riches et un vocabulaire qui s'envole au dessus du langage courant, emprunt de termes créoles, en amenant ses references musicales, cinematographiques et littéraires.
Cela passe par Tina Turner, Pablo Néruda, Brassens, Stan Getz, puis par le réalisateur du film "Z",Costa Gravas, Césaria Evora pour finir par Tracy Chapman , sans tous ceux que je n'ai pas nommé.

Je me suis vraiment régalée !

Je vous le conseille vivement
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L'écriture est belle. Les cultures, les époques nous font voyager.
Mais finalement, la musique est monotone. L'impression, de lire les même pages encore et encore. Les personnages sont tous un peu la même teinte.Je me suis ennuyée et j'ai abandonné a la moitié.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
C’est eux-mêmes qu’ont mis la pagaille dans les couleurs. Déjà écoute-les, ils disent qu’ils sont blancs. Va trouver un vrai Blanc dans ça ! Y a des roses, y a des beiges, y a des qui approchent le bleu-ladré, y en a leur peau et leurs yeux sont jaunes sales, ceux-là, ils ont besoin de boire des tisanes amères pour calmer leur foie. Non mais, qui a mélangé les couleurs ? Ils viennent quand ils veulent, pour forcer les femmes. C’était comme ça depuis le bateau. J’ai pas oublié. On avait peur. Y avait un matelot qui venait, après un autre, après un autre encore, après encore un autre, après ils remontaient, et d’autres descendaient, ils tâtent les fesses, ils pigent les tétons, ils tapent en bas du ventre, ils fourrent leurs doigts sous nos cuisses. Après ils se couchent sur nous, des fois sur not’ dos, des fois par-devant, nos chaînes ne les gênent pas, ils remuent comme les chiens qui traînaient près des marchés et montaient les femelles à la va-vite, ils soufflent et grognent comme des baleines, et puis ils crient et bavent comme des crapauds, après ils remontent l’échelle pour retourner faire leur travail. Ils disent qu’il faut toujours nous guetter et nous contrôler parce qu’on est toujours en train de comploter. C’est vrai. Ils nous laissent tout le temps dans le noir, mais on a fini par savoir quand c’était le soleil et quand c’était la nuit. Le temps passe à sa vitesse, on le laisse brasser dans nos têtes comment on va sortir de là, ou comment on va refaire not’ vie d’avant.

Quand ils nous faisaient monter sur le pont pour marcher et courir pour pas qu’on meure avant qu’ils nous vendent, les femmes plus vieilles mais pas vieilles, des femmes qui avaient déjà eu des enfants, pour que nous on souffre moins, elles faisaient toutes sortes de simagrées pour exciter les matelots. Ça nous soulageait, on avait un p’tit répit. Elles, elles savaient comment les faire souffler et grogner et baver et crier plus vite encore, après on voyait comment elles pompaient pour faire sortir de leurs cuisses la mauvaise crème dégoûtante que la queue des matelots avait crachée dans leurs corps.
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Il a épousé une femme qui ne l’émeut pas mais détient du patrimoine. Conséquent et visible. Du patrimoine matériel et du patrimoine symbolique. Vieille famille. Vieille fortune. Une généalogie qui se perd dans la nuit des temps, agrémentée d’histoires troublantes mâtinées d’évocations mystérieuses sur des fils maudits ou des oncles aventuriers. Pour ne rien omettre, quelques allusions sulfureuses à des pubères fugueuses ou des femmes bréhaignes répudiées. Il faut, d’une façon ou d’une autre, sortir du lot. Y compris par des voies fantastiques. Il est essentiel de distinguer l’aristocratie de la comprador. Vieille famille, vieux nom, et qu’importe si le patrimoine foncier est inerte et que la vie mondaine s’avère, sinon chiche, au moins tempérée, il FAUT faire la différence. Rien n’est pire que d’être mêlé à ces derniers riches, commerçants en gros, grossiers et grosso, bedonnants et bouffis, toujours prompts à étaler leur nouveau magot. Mieux vaut être un aristocrate obsolète à fines manières perché au sommet de sa condition qu’un parvenu susceptible de commettre des fautes de goût ou de code dans des lieux et des circonstances où il est toujours déplaisant et préjudiciable de mélanger les serviettes avec les torchons et les éponges.
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Un mal-être parce que tu as l'impression de ne pas maîtriser ta vie ? Ta vie prise au lasso de l'existence. L'existence commune qui débloque...
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Quand les Marrons à fusils revenaient après leur ronde et nous disaient : c’est bon ! avant que les mille-pattes et les scorpions comprennent qu’y aura pas quartier libre pour eux, on arrivait, tous tous, sur la place qu’est au milieu du quilombo et on roulait comme ça sur tout le temps du soukou avec des rires, des histoires que parfois on avait pas la force de finir de raconter, des chansons que des femmes se rappelaient et qu’on complétait avec d’aut’ paroles, des charades pour apprendre aux enfants qu’il faut pas prendre les jours comme une rivière qui coule, on restait là, on laissait les enfants traîner dans nos jambes jusqu’à tard parce que c’était bon pour eux de savoir que la vie était chienne et qu’elle avait aussi des filets de chemins entortillés où on pouvait rencontrer la joie. Des fois, autour de ce feu, des croisements de quat’ zyeux charriaient des vouloirs sans paroles et amenaient un homme et une femme au lit, pour une fois ou pour longtemps, parfois pour faire et élever toute une marmaille. C’était comme des soirs où le soleil lambine pour danser avec les étoiles.
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Je sais une chose, qui me suffit : les livres sont ce qui m'a le plus comblée, en plaisirs, en évasion, en consolation, en intranquillité et en apaisement.
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