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Critique de ATOS


« Nous habitons la terre ». Voilà le lieu commun. Mais au-delà du lieu… ce qui incombe et appartient à tous.. La terre : ce. Mais quelle est pour notre Nous cet ecce qui nous matérialise ?
Bonne volonté et espoir chevillés aux mots, deux ailes cousus au dos de nos mains, peuvent ils suffire à réveiller la conscience de notre devenir ?
Nous habitons la Terre, ensemble, divers, divergent, convergent, mouvant, combattant, redoutant, agonisant, espérant, brûlant, brillant, déroutant, aimant, et plus la grande majorité ..innocent. ..
« ce monde organise lui même les périls et les désastres qui le frappent ».
Et c'est une ancienne garde des sceaux de la République qui nous le dit «  La loi n'est pas la même pour tous, « soit qu'elle punisse , soit qu'elle protège ».
L'iniquité est un fait, mais ne doit pas être un état. C'est au Droit de la combattre.
Perfectible est notre monde. Et nous ressemblons au monde. Pas au vieux mais à celui que nous vivons. Refuser l'arrogance, refuser les vulgaires, la facilité qu'engendre la toute puissance, refuser l'inculture, refuser ce qui met en péril l'avenir. L'avenir commun.
Le monde est en guerre. On s'affronte. Ici on mâche, on digère, là on crache ou on crève..
Alors ,l'espoir. L'espoir sinon quoi ?
L'espoir puisque malgré tout la terrible histoire, de terribles marécages, malgré tous les « anéantissement de l'Autre parce que l'Autre » , nous sommes demeurés sur la Terre.
Savoir que « l'univers est une lutte, la justice un conflit, que tout le devenir est déterminé à la discorde » . Se rappeler que « c'est à la fois le devoir et le goût d'être qu'il faut servir ».
La vie. La vie tient ses promesses de nos mains.
Tenir aux mots, à leur poids, à leur vérité, à leur intégrité, à leur respect, à leur valeur.
Croire à la puissance des mots c'est croire toujours à la puissance créatrice de l'homme.
C'est mettre le verbe vouloir devant le pouvoir. Ne pas confondre la puissance et la force, ne pas confondre la sûreté et la sécurité, ne pas confondre crise et injustice, ne pas confondre identité et nationalisme. Mettre solidarité et humanisme comme maître mot de notre ensemble.
Penser pays, penser langue, penser cultures mais pour faire monde.
Appeler l'intelligence.
Mettre Diversité avant différences. Multiplicité, échange, partage, avant, devant, face à régulation, flux, actions, mensonges, désastres.
« les valeurs contre les calculs ».
«  La malédiction la plus commune, est d'être la dupe de bonne foi d'une hypocrisie collective, habile à mal poser les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu'on leur apporte. »Aimé Césaire.
Vigilance avant indifférence, mettre grève avant obéissance, mettre désobéissance avant silence. Mettre solidarité entre les mains de notre fraternité.
Mettre l'État aux ordres de la République.
Mettre la laïcité au service de nos libertés.
Des mots. Oui des mots. Des mots contre nos plaies.
Des mots pour nous consoler ?
«  N'est peut-être digne de ces consolations qu'une humanité qui peut aussi s'en passer ».
Emmanuel Levinas.
Alors des mots. Nécessaires. Pour densifier, analyser, exhorter, exalter, semer, expliquer, nourrir, bonifier, faire entendre, faire croître. En être maître, en être digne.
Des mots comme des éclairs pour terrasser la Nuit.
L'ordre des choses s'articulent dans nos mots. Et nos cris viennent des maux qu'on leur infligent.
« Les mots qui paraphent ces défaites culturelles et politiques, signent notre soumission, entretiennent la chimère d'une vie sociale débarrassée du conflit, suggère une harmonie au rabais, font croire à un possible consentement aux choses qui ne ferait en réalité que ratifier le dernier mot du plus fort ».
« Être homme , c'est précisément être responsable. C'est connaître la honte en face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. »Antoine de Saint Exupéry.
Refuser le laisser faire, laisser dire, le manque de la pensée qui n'est que l'empreinte notre irresponsabilité.
Faire monde aujourd'hui  ce n'est pas répéter les erreurs anciennes. Faire monde c'est inventer. Se rendre disponible à accueillir l'inconnu de notre avenir. Réécrire c'est mourir.
«  il n'est de génération prodige qui s'accommode du monde tel qu'il lui est donné. »
Nous n'avons que nos mots d'hommes, nos têtes d'hommes, nos bras nos jambes d'humains mais nous avons l'avenir pour témoin, en commun.
Femme de bonne volonté, humaniste, lettrée, femme de caractère, écrivain, amoureuse des mots et de la justice de leurs lignes, Christiane Taubira délivre à travers son essai l'espoir.
L' Espoir, « pour celles-ci et ceux-là qui savent que leur présence au monde ne se conçoit pas sans la présence des autres »
« S 'il existe une expression primordiale de l'égalité, c'est que nul ne peut, plus que qui d'autre, faire le monde à son idée où à son image, et nous l'imposer. » .
Madame Christiane Taubira, pour ces mots, pour votre poésie, pour cet Espoir, également, je vous remercie.

Astrid Shriqui Garain

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