C'est un très court récit constitué d'instantanés arrachés à la mémoire que nous offre la romancière et scénariste
Tiffany Tavernier. Une femme bouleversée par une séparation qu'elle n'imaginait pas possible, rentre en elle et fait son deuil. le texte enregistre avec sensibilité les différentes étapes de l'acceptation et du retour à la vie et, en parallèle, les images fortes de l'enfance de cette femme, liées à son père cinéaste, fabricant de rêves.
L'écriture est sobre et émouvante, incisive et élégante. On se régale des anecdotes glanées sur les tournages du père de l'auteure, du point de vue innocent de l'enfant puis de l'adolescente sur un métier étrange, dévorant, qu'elle choisira pourtant à son tour, l'écriture et les images devenant ses viatiques et sa façon de communiquer avec le monde.
L'auteur retourne la peau de sa vie avec effarement pour en sonder l'irréalité. En rejouant le film de son histoire pour se comprendre et se guérir, elle se livre avec pudeur et nous permet d'appréhender la construction d'une identité, ces instants qui mis bout à bout, constitue la matière d'une vie, comme les séquences d'un film finissent par constituer une histoire, comme la projection de 24 images par secondes crée le mouvement dans nos yeux.
Une écriture de l'intime sans voyeurisme, honnête et belle servie par un style maîtrisé. Une voix à découvrir, je vais d'ailleurs me précipiter sur les romans de l'auteur !