Petit livre sympa qui retrace l'histoire de la relation entre les abeilles et les hommes. Car loin d'être un insecte quelconque, l'abeille a toujours fasciné les hommes, depuis la mythologie grecque jusqu'aux penseurs politiques du 19ème siècle et aux adeptes des réseaux collaboratifs et autres démocraties participatifs.
Le livre est étayé de passages plus scientifiques sur ces drôles de petites bêtes et d'illustrations de leur présence dans la peinture, la joaillerie, … que j'ai trouvés assez peu intéressants. Par contre, ce voyage dans le temps montre en filigranes l'utilisation des abeilles comme symbole pour appuyer une thèse, défendre un système politique ou philosophique, manipuler les masses. Et sur ce point, ce petit recueil est assez éclairant …
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Un ouvrage dont il n’est pas exagéré de dire qu’il est l’un des plus instructifs, drôles, passionnants, qui aient été publiés depuis longtemps.
Lire la critique sur le site : Liberation
L’abeille est devenue l’emblème de la fragilité du monde. Pollution chimique, réchauffement climatique, mondialisation frénétique, agriculture intensive, etc. : sur chacun de ces grands dossiers de notre temps, elle apparaît comme l’innocente victime des méfaits de la technique humaine. Son destin témoigne du dérèglement tragique d’une nature qui serait de plus en plus dominée par un consortium diabolique. Faust, Prométhée et Frankenstein Inc., si l’on peut dire, soit : l’omniscience, la toute-puissance et la folie des grandeurs réunies en l’homme, par l’homme et pour l’homme. Face à la triple prétention de tout connaître, de tout maîtriser et de tout fabriquer, l’abeille apparaît comme l’être fragile par excellence, symbole de la vulnérabilité d’une nature soumise aux diktats de l’humain. Mais ce qui explique aussi le succès médiatique de cet insecte sur lequel on ne cesse de projeter les angoisses du présent plonge ses racines dans une longue et ancienne tradition. Car si l’on déplore aujourd’hui avec autant d’émotion – et parfois d’emphase – le déclin de l’abeille, c’est qu’elle fut longtemps considérée comme le symbole privilégié de la beauté et de l’harmonie du monde, lorsque la Nature était considérée comme infiniment plus vaste, plus puissante et plus durable que tous les mortels réunis.
Les poètes nous disent bien, en effet, qu’ils puisent à des sources de miel et butinent les poèmes qu’ils nous apportent dans les jardins et les vallons boisés des Muses, à la manière des abeilles, en voltigeant comme elles, et ils disent la vérité. Car le poète est chose légère, ailée, sacrée, et il ne peut créer avant de sentir l’inspiration d’être hors de lui et de perdre l’usage de sa raison. Tant qu’il n’a pas reçu ce don divin, tout homme est incapable de faire des vers et de rendre des oracles. Aussi, comme ce n’est point par art, mais par un don céleste qu’ils trouvent et disent tant de belles choses sur leur sujet, comme toi sur Homère, chacun d’eux ne peut réussir que dans le genre où la Muse le pousse…
Qu'y a-t-il donc dans ce petit animal qui nous fascine autant ? Pourquoi vouloir chercher en lui le sens des choses, de la nature et de la vie ? C'est un usage philosophique de l'abeille qui va nous intéresser ici. Il s'agira de suivre le vol de l'abeille dans l'histoire de la pensée ; de révéler cette idée ancienne et toujours actuelle qu'en contemplant et en comprenant l'abeille nous saurons comment vivre ; comment vivre bien, comment vivre mieux, comment devenir "sage", comment échapper à la mort. Car les savants et les sages de l'histoire ont cherché tout cela dans ce petit animal : les réponses à toutes les grandes questions que l'humanité inquiète se pose depuis le nuit des temps.
Avant Aristée, c’est une nymphe proche de Déméter la déesse de la fertilité (et du mariage) qui est réputée avoir découvert dans la forêt les premiers rayons de miel. Elle s’appelait Mélissa. Ce fut la première à oser goûter le miel et avoir l’idée de le mélanger à de l’eau pour en faire une boisson : l’hydromel.
Mais, contrairement à la science qui oublie ses artifices, l'art est une création lucide et assumée d'illusions et seul il est à même de rendre compte du réel dans sa diversité. L'art est plus vrai que la science, parce que l'un sait qu'il est faux tandis que l'autre croit qu'elle est vraie.
(...)
La science n'est là qu'un récit parmi d'autres, sans doute plus exact que le mythe ou la religion, mais certainement pas plus vrai quant aux interrogations ultimes de la condition humaine. Et il est en outre très naïf quant à sa capacité à éradiquer tous les mystères, les métaphores et les illusions sans comprendre que l'humain en a un besoin vital. [p.182 - 183]
La philosophie du quotidien entre à la Bibliothèque par le biais d'un nouveau cycle de conférences dont la première édition est consacrée au thème du corps, décliné « dans tous ses états ». La séance inaugurale du cycle invite le philosophe Pierre-Henri Tavoillot à parler des âges de la vie.