AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,4

sur 20 notes
5
2 avis
4
3 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
Un roman de plus ayant pour thème le désarroi occasionné par les changements de société survenus à l'ère Meiji. Un lettré approchant la quarantaine s'amourache d'une jeune étudiante. Thème très classique de cette époque. Prétexte à décrire entre autre, l'émancipation des femmes de cette époque , provoqués par les apports occidentaux. On retrouve l'esprit de Soseki ou de Ogaï Mori. Pas désagréable à lire mais pas non plus envoûtant. Quelques belles description de la nature, mais trop centré sur la relation amoureuse des deux jeunes gens et la frustration de l'homme se sentant vieillir. Encore une fois, intéressant pour découvrir cette période de changements brutaux qui caractérise cette époque de l'histoire du Japon.
Commenter  J’apprécie          370
Futon, paru en 1907, est un célèbre roman emblématique du courant littéraire en vogue au Japon à la fin de l'ère Meiji. Il m'a rappelé fortement le roman lu récemment d'un autre grand nom japonais de cette époque, L'oie sauvage, de Mori Ogaï. Ces deux écrivains sont fortement influencés par le courant naturaliste français, en particulier par Maupassant (Katai a lu ses oeuvres complètes), qu'ils ont adapté au Japon. Futon a fait polémique, car pour la première fois de manière aussi explicite, un écrivain japonais osait une oeuvre autobiographique.
En effet, Katai est déjà un écrivain connu, pour des romans sentimentaux un peu mièvres, mais du coup très apprécié par les jeunes japonaises. Cela lui attire en 1903 Michiyo, qui rêve d'écrire et qu'il accueille sous le toit familial comme élève. Il tombe aussitôt amoureux de cette jeune femme qui n'a pas 20 ans. Lui en a 32, il est marié. Evidemment, c'est inconvenant, et sa femme est jalouse. Dans sa vraie vie, Katai va échapper à cette situation infernale en s'engageant comme photographe en Mandchourie pendant la guerre russo-japonaise qui a commencé. Par ce roman à la première personne, où il narre les tourments et trivialités de la vie quotidienne, Katai va révolutionner l'approche de la littérature au Japon pour des générations d'écrivains. Il se tournera pourtant très vite vers des romans du monde galant, après la rencontre d'une geisha.

Toute l'histoire tourne autour du combat intérieur du narrateur, Toki.o, cet écrivain de 36 ans marié et 3 enfants, qui reçoit souvent des lettres de jeunes admiratrices japonaises, et qui aimeraient écrire elles aussi. Un jour, il accepte d'en prendre une comme élève. Yoshiko est belle, il en tombe amoureux. Alors dans son existence finalement morne, il se met à rêver une vie avec elle, tout en subissant le terrible carcan de sa famille, de sa réputation, et des interdits. Il nous livre sa souffrance intérieure, car tout est en non-dits. Cet homme est sérieux, il réfrène ses ardeurs. Pourtant son combat est tel que sa femme comprend vite ce qu'il se passe en lui. Alors pour éviter la suffocation et l'explosion de sa vie (il commence à s'irriter facilement contre sa femme, à s'alcooliser…), il laisse davantage d'air à Yoshiko qui sous ses airs de travailleuse appliquée va pourtant bientôt rencontrer en ville le jeune Tanaka, dont elle tombe amoureuse. Si sa femme est rassurée, la jalousie a changé de camp. Toki.o est rongé par le soupçon que les rencontres entre les deux jeunes gens ne sont pas chastes comme il sied. S'il sent bien qu'il lui sera de toute façon quasi-impossible de séduire Yoshiko, du moins peut-il s'efforcer d'écarter Tanaka ? Alors il fait tout pour mettre en exergue l'incompatibilité entre une vie d'élève studieuse et une vie d'amoureuse transie : elle devra choisir entre rester son élève ou partir avec son chéri. Il écrit ainsi au père de Yoshiko. Cet homme de pouvoir et de tradition est tout aussi rude sur les libertés que prend sa fille. le sort des deux jeunes tourtereaux se réglera chez Toki.o, entre lui et le père, qui scelleront le sort des jeunes tourtereaux, dont ils comprennent qu'ils ont bien consommé, laissant Toki.o bientôt dans le désarroi du souvenir de sa belle à tout jamais envolée.

Ce court roman est intéressant pour sa qualité d'écriture, car au-delà du récit naturaliste à la première personne, il est constellé de beaux passages romantiques où Toki.o confie ses souffrances mentales. C'est le roman pessimiste d'une occasion ratée, des amours impossibles, et d'une certaine médiocrité, d'une impuissance à agir pour infléchir un destin contraire. Son format ramassé ne laisse pas de place aux longueurs, on savoure chaque phrase avec plaisir. Ce qu'il faut saisir derrière le sujet apparemment d'une banale désillusion amoureuse, c'est le changement profond qui s'opère dans ce Japon de l'ère Meiji (1867-1912), d'une ouverture aux modes occidentales, d'une certaine forme de liberté nouvelle, mode vestimentaire, culture, que recherchent les femmes de la ville, tendances qui seront inexorablement en marche par la suite, alors que les tenants des anciennes traditions font encore beaucoup de résistance dans cette société patriarcale et très codifiée. C'est aussi l'opposition de la ville et de la campagne, le jeune Tanaka, « refusant de s'enterrer à la campagne ».

En conclusion, un bon roman qu'il faut connaître, davantage pour sa place de choix dans l'histoire de la littérature japonaise, que pour des qualités intrinsèques qui sont certes appréciables, mais pas exceptionnelles tant ce type d'histoire n'a plus rien aujourd'hui d'original. C'est un bon complément à l'Oie sauvage de Mori Ogaï, pour moi d'une égale valeur, les deux étant publiés en poche aux éditions Cambourakis, pour comprendre l'évolution de la société japonaise au début du siècle dernier.
Commenter  J’apprécie          260
Confession
A cause de sa femme, de ses enfants, de sa réputation, de ses relations de professeur à élève, Takenata Toki.o n'a pas osé se laisser emporter par la violence de sa passion. Et pourtant...
Ecrit en 1907, Futon s'inspire de la vie personnelle de Katai Tayama. En effet, entre 1904 et 1906 Katai a pris sous son aile une élève, ce qui a provoqué un joli scandale...Cependant, il ne s'agit pas d'une autobiographie mais bel et bien d'un roman à la troisième personne, d'une fabrication très littéraire avec un narrateur distancié. D'abord, dès le premier chapitre tout est révélé. C'est une histoire tragique. Son intérêt réside dans la confession du personnage, un écrivain très narcissique. Trois ans auparavant, alors que sa femme vient d'accoucher pour la troisième fois, son existence l'écoeure ainsi que toutes les traditions japonaises. Tokio s'ennuie, déprime et même la lecture des romans étrangers dans lesquels il se plonge le laisse insatisfait. Il bovaryse sévèrement ! Il éprouve le désir de revivre, si l'occasion se présente, un nouvel amour...Et justement il arrive en la personne d'une jeune Chrétienne qui adore les romans d'amour et aspire à devenir une femme moderne. Chouette ! Il l'initie à la littérature occidentale . Ce qu'il n'a pas prévu c'est qu'elle va vite mettre les leçons en pratique avec le premier nigaud venu. Et notre Tokio jaloux comme un pou va souffrir et finalement se révéler plutôt traditionnel et patriarcal dans ses réactions et ses choix...
Bref j'ai bien aimé lire ce court roman de 127 pages. Il est limpide et sincère dans la description des sentiments et il parle aussi beaucoup de littérature.


Commenter  J’apprécie          240
Futon, paru en 1907, est une découverte pour moi : je ne connaissais pas la littérature japonaise du début du XXe siècle et ce fut une surprise de lire ce roman. Cet écrivain mentionne son influence dans le texte : le courant naturaliste français, en particulier Maupassant.
J'ai pu lire que cette oeuvre autobiographique avait été considérée comme osée à l'époque : chose choquante pour la culture japonaise, cet auteur dévoile sa vie à travers son texte.
Lorsqu'il écrit Futon, il est déjà un écrivain connu, mais pour des romans sentimentaux très appréciés par les jeunes japonaises. C'est ainsi qu'en 1903, il accueille sous le toit familial Michiyo, qui rêve d'écrire. Elle devient son élève mais il en tombe amoureux. Elle a 20 ans, lui 32 ... et marié.
C'est de cet événement qu'il s'inspire pour Futon : Toki.o, un écrivain de 36 ans, prend une élève : Yoshiko, dont il tombe amoureux et c'est sa souffrance et ses tourments que l'on partage.
Ce n'est peut-être plus une histoire inédite pour nous, lecteurs du XXIe, mais replacé dans l'époque, ce roman est un OVNI!
Une très jolie lecture, pleine de romantisme.
Commenter  J’apprécie          110
Un roman qui a fait beaucoup de bruits lors de sa publication au Japon.
.
Le narrateur/auteur raconte son amour, son désir qui vire à l'obsession pour sa jeune étudiante. Sa rencontre avec elle chamboule son quotidien et sa vie de famille. Il lutte contre ses sentiments, ne lui avoue rien, l'observe, veille sur elle, l'épie. Mais voilà que cette jeune fille tombe amoureuse d'un étudiant. Il devient alors le gardien de leur amour, leur protecteur contre son gré.
.
C'est un récit qui nous plonge dans la tête et le coeur de cet écrivain bouleversé par ses sentiments. Il en devient pathétique, néglige sa famille. Il ne parvient pas à l'oublier, ses pensées le hantent, l'obsèdent. Ce roman a eu beaucoup d'impact au Japon de par l'érotisme et l'excitation qu'il suscita, c'était aussi la première fois qu'un auteur exposait autant ses désirs, sa solitude, son obsession dans l'une de ses oeuvres.
Commenter  J’apprécie          90
Pour situer la temporalité du roman de Tayama Katai, celui se déroule pendant l'ère Meiji entre 1868 et 1912, qui est la fin de la période d'isolement du Japon et le début de la modernisation (teinté d'inspiration occidentale). C'est aussi
l'ère des grands changements sociaux : "il est le précurseur, au Japon, de ces exposés de la noirceur humaine, de ces hésitations qui torturent des héros enfin conscients de leurs sentiments." le héros Toki.o est

professeur de littérature et écrivain. Il a 36 ans et trois enfants, il traverse une crise existentielle. Dans sa vie de couple, il se retrouve avec une épouse dévouée (à ses trois enfants et sa vie de femme au foyer) et soumises, vivant à l'ancienne mode, avec peu d'activité sociale. le contact avec la jeune élève belle et intelligente (moderne et libérée) le fait fantasmer, espérer, rêver à une vie et une autre société. La dichotomie de caractère des deux femmes le trouble, la jeune fille habillée à la mode occidentale, légèrement effrontée, prêt à chercher sa liberté face à une vie de couple monotone le tourmente.

Il va devenir le maître, le professeur (plein d'amour non déclaré face à sa jeune élève). Il voudrait bien allé plus en avant, elle semble ouverte dans son rôle de disciple/élève mais il retient sa passion. Tous deux semblent vivre dans la tentation de l'autre. Sa vie devient de plus en plus pesante face a ses passions refoulés et malmenés par Yoshiko. Celle-ci va trouver un jeune amoureux, ce qui va provoquer une jalousie dévorante de Toki.o. Il veut la garder près de lui : être à la fois maître pour lui faire découvrir la littérature l'amour à travers les livres, père pour la protéger des hommes, et amant pour rompre avec sa vie. Il combat ses passions, essaye d'éloigner l'amant par tous les moyens. Désespéré, il se venge sur sa femme, boit, et se livre à des actes insensés. Il se renferme, devenant égocentrique.

Roman intéressant, deux thèmes présents : celui d'un homme qui refoule ses passions amoureuses et qui doit faire face à sa détermination envers et contre tout, et en thème de fond le changement sociétal qui se produit au Japon. le déchirement du narrateur pouvant être perçu comme une incapacité à évoluer face à l'évolution des moeurs. de plus ce roman naturaliste, est une vision autobiographique romancée de la vie de Tayama Katai : mettant à nue la nature humaine !

Attention :
La parution de Futon en 2000 par l'éditeur Rocher/Serpent à plumes comprend deux nouvelles supplémentaires : "Un soldat" suivi de "Une botte d'oignons".
Commenter  J’apprécie          70
L'écriture est d'une froideur... ou, est-ce la traduction ? Il y a un peu des deux, je pense.
Et au final, rien ne passe avec ces personnages, qui ne m'inspirent aucune compassion.
J'ai du mal à trouver même une phrase bellement écrite!
Et tout cela est au fond d'une banalité !
("Dans les bois, derrière la maison, les feuilles de gingkos (sic) avaient jauni et teignaient le ciel du soir de superbes couleurs.")
Ce que le personnage principal sait au fond très bien lui-même.
("Toki.o, qui ne pouvait échapper à sa souffrance, se cacha soudain dans l'ombre du chèvrefeuille et s'allongea par terre au pied de l'arbre. La surexcitation, l'impression d'être libre de toute entrave et le plaisir qu'il goûtait dans sa tristesse même, avaient atteint une intensité extrême et si, d'une part, la jalousie le harcelait cruellement, de l'autre, il considérait sa situation avec une froide objectivité.")
Ces personnages, tout grandiloquent d'épanchement qu'ils soient, ne donnent guère envie d'être connus, ou approchés.
La fin, dont on aurait pu espérer attendre quelque chose, me fait dire : que n'ai-je eu l'idée d'abandonner cette lecture ! d'où vient que j'aie ce livre !
Les quelques pages qui suivent (Un soldat et Une botte d'oignons) ne sont pas plus reluisantes.
Vite, vite ! Autre chose...
Commenter  J’apprécie          50
Un livre qui nous offre une intéressante approche de Katai Tayama, un auteur que j'ai encore plus envie de découvrir désormais.
Lien : https://comaujapon.wordpress..
Commenter  J’apprécie          30
Ce livre se compose de trois nouvelles : Futon, Soldat et Une botte d'oignon. Une belle découverte de cet auteur que je lis pour la première fois. La mélancolie japonaise à travers les questions que se pose un homme trentenaire sur son existence (Futon) et le thème de la mort (Soldat et une botte d'oignon).
Commenter  J’apprécie          20
Des trois nouvelles qui composent ce recueil, ce sont les deux plus courtes , Un soldat et Une botte d'oignon qui m'ont le plus intéressé. La guerre russo-japonaise est la source d'inspiration du soldat, bref récit qui ne laisse - comme la guerre - aucune chance à ce soldat blessé. Encore plus courte, la botte d'oignon et la terrible existence d'O-Saku, paysanne, abandonnée de tous.
Futon qui donne son titre au livre a pour intérêt de décrire l'émancipation de certaines jeunes femmes japonaises dans une société en plein bouleversement. Pour autant, le récit m'a semblé manquer d'intensité.
Commenter  J’apprécie          10

Autres livres de Katai Tayama (1) Voir plus

Lecteurs (52) Voir plus



Quiz Voir plus

Les mangas adaptés en anime

"Attrapez-les tous", il s'agit du slogan de :

Bleach
Pokemon
One piece

10 questions
883 lecteurs ont répondu
Thèmes : manga , littérature japonaiseCréer un quiz sur ce livre

{* *}