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EAN : 9782748903171
408 pages
Agone (01/09/2017)
3.88/5   4 notes
Résumé :
"Le meurtre de Mike Brown par un policier blanc a marqué un point de rupture pour les Afro-Américains de Ferguson (Missouri). Peut-être était-ce à cause de l’inhumanité de la police, qui a laissé le corps de Brown pourrir dans la chaleur estivale. Peut-être était-ce à cause de l’arsenal militaire qu’elle a sorti dès les premières manifestations. Avec ses armes à feu et ses blindés, la police a déclaré la guerre aux habitants noirs de Ferguson."

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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cet essai intéressant et bien documenté est indispensable pour qui veut se renseigner sur les révoltes des noirs américains lors des deux derniers siècles.
L'autrice relate les faits et leurs causes (économiques, sociales, politiques) de façon très claire. Elle souligne combien le fait de nier le racisme est pernicieux ; de même, l'émergence d'une bourgeoisie noire masque le fait que la plupart des afro-américains appartiennent à la population la plus pauvre de ce pays.
A la suite du mouvement Black lives matter (les vies des noirs comptent), d'autres variantes sont crées telle Women lives matter, l'intersectionnalité entre tous les opprimé.e.s est plus que jamais nécessaire, les femmes afro-américaines étant par exemple doublement asservies depuis toujours.
De plus, j'ai trouvé ce livre facile d'accès malgré le fait qu'il soit un essai sociologique.
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La libération des un-e-s est « conditionnée » par la libération des autres

Une remarque préalable, les Etats-Unis (USA) ne sont pas l'Amérique, les Afro-étasunien-ne-s ne sont pas les seul-e-s Afro-américains. Je regrette que dans la gauche d'émancipation l'assimilation des Etats-Unis à la totalité des l'Amérique se poursuive…

« Ce livre explore les raisons pour lesquelles le mouvement réuni sous la bannière « Black Lives Matter » a fait son apparition dans un pays dirigé pour la toute première fois par un président noir »

L'extension des luttes et des manifestations depuis le début de la présidence de Donald Trump trouve, entre autres, ses sources dans « le réveil noir dans l'Amérique d'Obama ». En introduction, Keeanga-Yamahtta Taylor revient sur diverses mobilisations d'Afro-étasunien-ne-s en faisant des va-et-vient entre présent et passé. Cette manière de procéder permet d'ancrer le présent dans le passé, de donner une profondeur historique aux rapports sociaux, de mettre en évidence des continuités et des discontinuités. Il est impossible de comprendre la lutte des habitant-e-s noir-e-s de Ferguson sans la mettre en relation avec l'histoire des USA.

L'autrice aborde, entre autres, « le véritable permis de tuer » délivré « aux hommes et aux femmes en bleu qui patrouillent dans les rues des Etats-Unis », l'impunité des policier-e-s, le contrôle policier intensif, le fonctionnement de la justice, l'objet réel de la « lutte contre la drogue », la sur-incarcération des populations afro-étasunienne...

Keeanga-Yamahtta Taylor analyse, à très juste titre, les conséquences d'« une société indifférente à la race », de la supposition d'une absence de racisme, les effets délétères de la destruction des moyens institutionnels de combat des discriminations.

Les politiques néolibérales de démantèlement de ce qui est nommé (la formule est discutable) l'Etat providence s'appuie et renforce le mythe de la réussite personnelle, du fantasme de la méritocratie. Chacun-e serait responsable de sa vie, hors de toute prise en compte des rapports sociaux, de l'exploitation et des dominations. Les fonctionnements réels du système social sont invisibilisés.

« le racisme institutionnel ou structurel, peut-être défini comme l'ensemble des politiques, des dispositifs, des pratiques des institutions publiques et privées qui se traduisent par des taux de pauvreté, d'expulsions, de criminalisation, de maladie et de mortalité chez les Afro-Américains »

La réduction des dépenses publiques, les allégements fiscaux pour les grandes entreprises et les personnes (ressources et patrimoine importants), produisent des niveaux d'inégalité sociale qui a bien quelque chose à voir avec la « classe », le « genre » et la « race ». Les statistiques sont édifiantes, aussi bien dans les écarts entre familles blanches et afro-étasuniennes, qu'entre familles « noires ». Et l'auteure souligne que la notion de communauté étasunienne nie les profondes divisions en terme de classe sociale. Cette négation s'accompagne du développement de la « culture de la pauvreté », de l'idée que les inégalités « seraient le fruit du relâchement, dans la population noire, de l'éthique du travail et de la capacité à se prendre en charge ».

Au fil des chapitres, Keeanga-Yamahtta Taylor présente et analyse, entre autres, le mouvement Black Freedom des années 60, les émeutes et des révoltes, l'abandon des politiques de « discrimination active », les effets de la crise et la baisse des revenus, l'émergence d'une « élite noire », les incarcérations et les pertes de droit de vote pour des millions d'individu-e-s…
.

Sommaire :
Introduction. le réveil noir dans l'Amérique d'Obama
Une culture raciste
Des droits civiques à l'indifférence à la race
Visages noirs aux cimes du pouvoir
Une justice à deux vitesses
Barack Obama : la fin d'une illusion
Black Lives Matter : plus qu'un moment, un mouvement
De #BlackLivesMatter à la libération noire
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Je souligne particulièrement les passages prenant en compte à la fois les discriminations raciales et les divisions en classe sociale, la nécessité d'articuler « exploitation de classe et oppression raciale dans le fonctionnement du capitalisme états-unien » ; ou les analyses sur le privilège de couleur et ses déclinaisons différenciées, les rappels des positions de C. L. R. James…

L'auteure insiste, entre autres, sur le fait que ni les « Blancs » ni les « Noirs » ne sont des masses « indifférenciées », les véritables bénéficiaires des inégalités, les problèmes d'alliance, l'ancrage matériel de la violence policière…

Il s'agit bien de combattre les visions mettant l'accent sur un soit-disant combat principal et négligeant l'articulation aux autres combats de libération et d'émancipation. Des analyses précieuses.

« En essayant de démontrer à tout prix la singularité des oppressions vécues par chaque groupe, on passe à coté de ce qui nous relie à travers l'oppression – et de l'importance d'utiliser ces liens pour former des solidarités, au lieu de se complaire dans notre propre marginalité ».

Reste justement à discuter, dans le détail, des articulations concrètes et des auto-organisations nécessaires pour chacun-e afin que TOUS les combats soient menés par les un-e-s et soutenus par les autres et que des alliances dynamiques puissent se nouer, malgré les tensions et les contradictions qui ne manqueront pas de se développer.
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Le renouveau de la révolte noire américaine

black lives matter, trois mots qui disent tout. La vie des noirs comptent. Pourtant c'est sous la présidence du premier président noir que ce hastag apparaît sur les réseaux sociaux, après le meurtre de Mike Brown par un policier blanc dans la ville de Fergusson (Missouri) en 2014. Dans cet essai passionant Keeanga-Yamahtta Taylor démontre que, de la lutte pour les droits civiques à l'émergence de ce nouveau mouvement, le renforcement de la violence systémique à l'encontre des afro-américains n'a jamais cessé aux Etats-Unis.

Dans les années 70, la lutte pour les droits civiques va laisser place à une lutte sociale avec un nombre de grève record aux USA. La plus emblématique, la grève postale de 1970 incarne le mouvement social le plus virulent de l'insurrection des travailleurs noirs et entraine dans son sillon des millions d'ouvriers blancs. Cette mobilisation apporte la victoire et une nouvelle convergence entre la lutte antiraciste et la lutte sociale. C'est dans ce contexte sous la présidence de Nixon que voit le jour une nouvelle politique sécuritaire : » puisque le mouvement noir avait été le centre névralgique des mouvements sociaux » (p114) La stratégie de gouvernement Nixon consistera à allier répressions policières et création d'une petite bourgeoisie noire « capable de discipliner, au plan politique, les afro-américains les plus pauvres, tout en réhabilitant l'idée que tout le monde peut réussir aux USA ». la suite de la chronique est à lire sur le blog.
Lien : https://diasporagalactique.w..
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Taylor propose des observations incisives sur les États-Unis. L'auteur met à nu le métabolisme difforme d'un pays dans la tourmente, grâce à des analyses économiques, psychologiques et sociologiques. Une écriture assez claire et rationnelle (pragmatique et sans démagogie). Worth reading!
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ce livre explore les raisons pour lesquelles le mouvement réuni sous la bannière « Black Lives Matter » a fait son apparition dans un pays dirigé pour la toute première fois par un président noir
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Le racisme institutionnel ou structurel, peut-être défini comme l’ensemble des politiques, des dispositifs, des pratiques des institutions publiques et privées qui se traduisent par des taux de pauvreté, d’expulsions, de criminalisation, de maladie et de mortalité chez les Afro-Américains
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En essayant de démontrer à tout prix la singularité des oppressions vécues par chaque groupe, on passe à coté de ce qui nous relie à travers l’oppression – et de l’importance d’utiliser ces liens pour former des solidarités, au lieu de se complaire dans notre propre marginalité
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Vidéo de Keeanga-Yamahtta Taylor
From #BlackLivesMatter to Black Liberation | Keeanga-Yamahtta Taylor | TEDxBaltimore
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