Tout d'abord, bien que ce livre soit répertorié effectivement comme manga, il ne suit pas les codes de lecture japonais (sens de lecture du volume et des vignettes), mais se lit comme une BD… A savoir !
Ce manga met l'accent sur la jeunesse d'Anne et son éducation, et sur son père François II, assez faible de caractère, dominé par un roturier,
Pierre Landais, haï des nobles, qui fomentent un complot contre lui. En même temps, nous suivons le triste destin de
Guillaume Chauvin, noble pour sa part, l'autre homme important, trahi par Landais et abandonné par François II.
La petite princesse Anne se montre déjà mûre, intelligente, sensible à son peuple et responsable, en même temps que cultivée, grâce à l'éducation de sa gouvernante, Françoise de Dinan, dame de Châteaubriant - Anne est éprise des récits de la Table ronde et de légendes. Elle est passionnée par la pureté, comme le montre un joli épisode avec une hermine, animal symbolique pour le duché de Bretagne.
Le biais narratif m'a paru en revanche assez tiré par les cheveux, avec ce collégien envoyé dans le temps par un korrigan "beau gosse" (cheveux longs et visage fin, pur produit manga). Cela n'apporte pas grand-chose au récit, mais sert à donner un point de vue d'aujourd'hui sur les événements, et bien sûr, à suggérer à la jeunesse que l'histoire peut être intéressante…
C'est aussi le prétexte pour fournir des explications didactiques, pour que cela passe mieux. Un autre "tour" de magie du korrigan : permettre également à Gaël de se transporter dans l'espace, pour assister aux séances du Conseil à Paris, chez le Roi de France et sa machiavélique fille, Anne de Beaujeu.
Enfin, le dessin est bien inspiré de l'esthétique et des codes d'animation manga, et la disposition et taille des vignettes variées et dynamiques. le dessinateur possède vraiment bien l'art du dessin, et c'est très plaisant à regarder, aussi réussi pour les personnages que pour les décors, avec un sens du détail poussé. Pour ne rien gâcher, la petite Anne est très mignonne, "cute", dirait-on... Enfin, des inventions astucieuses intègrent l'histoire, par des inserts de documents médiévaux redessinés (comme une tapisserie, ou un traité).