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EAN : 9782916266770
96 pages
Editions Sillage (30/11/2010)
4.05/5   11 notes
Résumé :
Le professeur Bélikov éprouve le besoin maladif de se protéger du monde extérieur, de mettre de l’ordre en chaque chose, de se rabougrir jusqu’à presque disparaître. Il se fait une carapace de sa conception étriquée du devoir, des convenances, de la hiérarchie, et sournoisement force ceux qui l’entourent à se plier à son étouffante manière d’envisager l’existence.

Tout ce qu’il y a d’humain en lui est enfermé dans un étui – mais pour une créature de c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
L'homme à l'étui est le premier volet de la petite trilogie de 1898. Les deux autres sont Les Groseilliers et de l'amour. C'est une courte nouvelle amusante et cruelle de quelques pages initialement publiée dans La Pensée russe.
Ivan Ivanytch, un vieux vétérinaire et son compagnon de chasse Ivan Bourkine, un professeur de lycée, passent la nuit dans une grange. Ils discutent et la conversation en arrive à Mavra, la femme du staroste qui les héberge. Depuis plus de dix ans, elle ne quitte pas son poêle de la journée et ne prend l'air qu'à la nuit tombante. Bourkine se souvient alors de l'histoire tragique de son collègue Biélikov. Celui-ci était un professeur de grec. Eté comme hiver, il était engoncé dans un pardessus ouaté, chaussé de bottes en caoutchouc et tenait dans un étui un parapluie. Tout chez lui était emballé, empaqueté, protégé. Au collège il ne supportait pas la moindre nouveauté, se jetait sur la moindre circulaire d'interdiction et faisait régner un autoritarisme puritain terrible dans toute la ville. Or un jour arrive un nouveau professeur et sa soeur. Deux Ukrainiens exubérants. Mikhaïl Kovalenko, un colosse aux mains énormes et à la voix de basse et puis Varia, la trentaine pétillante, toujours en train de rire et de chanter...

La nouvelle est foncièrement pessimiste même si on sourit beaucoup. le rire est d'ailleurs tragique dans l'histoire. Elle est courte, magistralement construite avec le récit enchâssé et le retour de Mavra à la fin. Les dialogues sont savoureux, il y a aussi des petits clins d'oeil littéraires. On peut en faire une lecture réaliste, philosophique ou politique. On peut voir en Belikov, un Alexandre III paranoïaque qui tue dans l'oeuf les tentatives de réforme, la liberté, la jeunesse avec la complicité de tous ses fonctionnaires médiocres englués dans leurs petits privilèges. Tout le monde vit dans la peur. Et puis quand le despote meurt qu'est-ce qu'il se passe ? Rien. Les individus ne changent pas et demeurent asservis aux conventions sociales. Même à la campagne, en pleine nature, Mavra l'humble fermière reste prisonnière. La liberté n'existe pas ici bas.

Lu gratuitement sur le blog de Michel Tessier. On la trouve aussi sur le site de la beq.
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A Tangarog ville natale de Anton Techkhov un belle statue de L'homme à l'étui » est installée depuis 2010 devant le lycée où Techkov fit sa scolarité.
Paru 1898 cette nouvelle fait partie d'une trilogie avec « les Groseillers » et « de L'amour » dont le trait commun de ses héros est le retrait hors du monde et de la réalité …
Quand Tchékhov écrit « l'homme à létui » il est marqué par l'affaire Dreyfus il est en profond désaccord avec la direction de la revue « Temps nouveau » qui combat Dreyfus et publie ses nouvelles.
C'est donc un Techkhov déçu et révolté par l'étroitesse d'esprit des gens qui écrit ce récit :
Deux amis partent pour une partie de chasse, une pluie battante les oblige à battre en retraite dans une grange. Là, Bourkine raconte à son ami la sombre vie de Belikov, professeur de grec ancien dans le lycée où lui-même exerçait. Bélikov était un homme sans fantaisie, ne supportant pas le moindre changement dans sa vie. Cet homme enserré, étriqué dans son petit costume « tel dans un étui » est paralysé par la peur, qu'il puisse arriver un accident. Il affectionne les règlements et les interdits il veille scrupuleusement à leur respect et tous, au lycée et dans la ville prennent garde à ne pas éveiller ses phobies. Mais les événements vont pousser cet homme dans une extrémité insensée.
Techkhov a horreur des mesquineries et des tracasseries de la vie, il aime la liberté ; il dénonce ici la vie étriquée et médiocre des « petits bourgeois » se conformant aux règles de la société… à moins qu'il ne parle en tant que médecin de maladie psychiatrique où, les peurs et les phobies réduisent l'homme à se confiner dans une vie très réglée et un espace restreint. Peu importe d'ailleurs, son intention dans ce récit Techkhov dégage une extrême sensibilité, il décrit admirablement la nature magnifiée par son écriture poétique et romantique. Techkhov fait aussi une étude très réaliste, étonnante et minutieuse de ses personnages.
Techkhov disait : « Mon rôle n'est que d'avoir du talent, autrement dit de savoir distinguer ce qui est important de ce qui ne l'est pas, mais de savoir éclairer les personnages et de leur faire parler leur langue. » Ici dans cette sombre nouvelle il a, je pense, parfaitement réussi.
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L'homme à l'étui, ou encore l'homme scotchée dans sa coquille, autrement dit l'homme d'une extrême prudence. Dans la vie, M. Bièlikov, professeur de grec marche comme un caméléon, s'enveloppe toujours comme un escargot et réfléchit comme une tordue, tout chez lui doit se mettre à l'étui, tout doit s'envelopper dans quelque chose si bien qu'il fait attention à toutes les règles...

Une nouvelle à connotation comique, est par contre écrite par un fin psychologue, ce qui nous conduit beaucoup plus dans le coté sombre du personnage plutôt que dans ses maladresses...
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Ce petit livre des éditions Sillages contient trois nouvelles de l'auteur: "L'homme à l'étui", "Voisins" et "La maison à la mezzanine, récit d'un peintre".
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Ce que j'aime habituellement chez Tchékhov, c'est sa capacité à explorer encore et encore la question du sens de la vie à travers des personnages pour lesquels il nourrit une évidente bienveillance. La magie a moins bien fonctionné dans les trois nouvelles proposées ici. Les deux premières reposent sur des conventions sociales qui sont très datées et ne nous parlent plus vraiment. J'ai préféré la troisième qui illustre un débat politique quant à la façon de faire sortir la Russie de la pauvreté : l'un des personnages porte un discours à la fois réformateur et conservateur qui n'aurait sans doute pas déplu au Chancelier Bismarck ; l'autre défend une approche plus radicale, aux accents marxistes, mais qui sous-entend que la « révolution » pourrait être le fait des classes dominantes. J'aurais bien aimé que Tchékhov mette davantage en avant le fait que ce personnage est un peintre paysagiste.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
— Je ne comprends pas, nous disait-il en haussant les épaules, comment vous pouvez supporter cette sale gueule de cafard. Eh, messieurs, comment faites-vous donc ? Il règne chez vous une atmosphère étouffante, infecte. Vous, des pédagogues, des enseignants ? Vous n’êtes que des ronds-de-cuir, ce n’est pas le temple de la science, chez vous, mais un conseil ecclésiastique, cela empeste l’aigre, comme dans un poste de police. Non, mes amis, je reste encore un peu ici, et je file ensuite dans ma ferme, je pêcherai l’écrevisse et ferai cours aux gosses ukrainiens. Je partirai, et vous vous resterez avec votre Judas, que la couronne aille au gueux.

(Traduction Michel Tessier, 23/09/16)
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Nous, les enseignants, il nous faisait peur. Le directeur lui-même en avait peur. Nous autres enseignants, nous sommes une race réfléchie, correcte jusqu’au bout des ongles, nourrie de Tourguéniev et de Chtchédrine, mais ce personnage déambulant en permanence en caoutchoucs et avec un parapluie a imposé sa férule à tout le lycée pendant une quinzaine d’années ! Que dis-je, à tout le lycée ? À la ville entière, oui ! Nos dames n’organisaient pas chez elles de représentations, le samedi, elles redoutaient qu’il ne l’apprît ; et, en sa présence, le clergé n’osait ni manger gras, ni jouer aux cartes. Sous l’influence de types comme Biélikov, dans notre ville, ces dix ou quinze dernières années, on s’est mis à avoir peur de tout. De parler à haute voix, d’écrire des lettres, de se faire des connaissances, de lire des livres, d’aider les pauvres, d’enseigner…

(Traduction Michel Tessier 23/09/16)
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Dans son cercueil, il avait une expression douce, agréable, même gaie, comme s’il fût content d’avoir été enfin mis dans un étui dont il ne sortirait jamais. Il avait atteint son idéal !
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....de même que la lumière de vos fenêtres ne peut éclairer cet immense jardin
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Ah! pourvu qu'il n'arrive rien!
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Vidéo de Anton Tchekhov
Benoît Jacquot avait réuni Isabelle Huppert et Fabrice Luchini pour un long métrage de fiction, Pas de scandale, en 1998. le cinéaste les a retrouvés au Festival d'Avignon, en juillet 2021, mais séparément cette fois, pour les besoins de son nouveau film, Par coeurs. Un documentaire passionnant sur le travail d'une comédienne et d'un comédien tous deux hors normes, suivis la veille et le jour de la première représentation de leur spectacle respectif : La Cerisaie, de Tchekhov, monté par Tiago Rodrigues dans la vaste cour d'honneur du palais des Papes, pour elle ; un seul-en-scène autour de Nietzsche dans le cadre plus intimiste de l'Hôtel Calvet, pour lui . Avec un scoop : Isabelle Huppert, la perfection faite actrice, est capable de « bugs » comme tout le monde - à savoir, buter inexorablement sur une longue réplique de sa pièce il est vrai assez complexe à mémoriser !
Par coeurs sortira en salles le 28 décembre 2022. En attendant, découvrez sa bande-annonce en exclusivité sur Telerama.fr. le film sera par ailleurs présenté en avant-première à Paris au cinéma L'Arlequin lors d'une séance spéciale le lundi 12 décembre à 20h15. La projection sera suivie d'une rencontre avec Isabelle Huppert, Fabrice Luchini et Benoît Jacquot animée par Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama - les places sont en vente ici : http://dulaccinemas.com/cinema/2625/l-arlequin/article/138713/avant-premiere-par-coeurs-en-presence-de-benoit-jacquot-isabelle-huppert-et-fabrice-luchini
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Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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