AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Édouard Parayre (Traducteur)Lily Denis (Traducteur)Roger Grenier (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070374335
512 pages
Gallimard (13/01/1983)
4.03/5   49 notes
Résumé :
Au contraire de tant d'écrivains notoires qui, au lendemain de leur mort, subissent une éclipse, la gloire de Tchékhov n'a pas cessé de croître et un demi-siècle après sa mort, son œuvre est plus célèbre, plus admirée, plus généralement lue qu'au jour où la maladie l'emporta. La grande simplicité de sa forme, son souci de la composition le rapprochent des habitudes latines et l'ont placé à côté des plus purs classiques de son pays : Pouchkine, Gogol, Tourgueniev. S... >Voir plus
Que lire après Le Duel - Ma Vie - Lueurs - Une banale Histoire - La FiancéeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique

L'édition de poche dans la collection folio classique de cet ouvrage comporte 5 nouvelles D'Anton Tchekhov écrites entre 1888 et 1903, un an avant sa mort de tuberculose. Si "Le Duel" est la plus longue nouvelle de ce recueil (156 pages), "La Fiancée" sera la toute dernière oeuvre de ce géant de la littérature russe, décédé à seulement 44 ans, mais qui nous a laissé une récolte riche et variée.

C'est sûrement la mort tragique du grand poète et écrivain russe Alexandre Pouchkine dans un lamentable duel en 1837, à l'âge de 37 ans, qui a incité Anton Tchekhov à écrire un bon demi-siècle plus tard, en 1991, la présente nouvelle.
Il n'est d'ailleurs pas le seul. Ivan Tourguéniev a évoqué également un duel dans son célèbre roman "Pères et fils" de 1862.

Ivan Laïevski est un jeune homme malheureux de 28 ans, aveugle pour la beauté violente de la région du Caucase où il réside, il se rend la vie impossible et l'existence de ses proches difficile par pure nostalgie de Saint-Pétersbourg, la capitale culturelle de la Russie de l'époque.
C'est surtout la belle Nadéjda, avec qui il forme un couple, qui souffre de cette situation. Si Ivan peut compter sur l'indulgence amicale du médecin-major Alexandre Samoïlenko, en revanche le zoologue Nicolaï von Koren, homme influent dans la petite communauté d'intellectuels, ne supporte absolument pas son attitude.
La tension monte entre les 2 hommes et une confrontation extrême devient quasi inéluctable...

Dans ma critique du 3 mars 2020 d'un autre recueil de 5 nouvelles de Tchekhov "Une plaisanterie et autres nouvelles", j'ai déjà, inspiré par une approche de Virginia Woolf, souligné la place cruciale de l'âme humaine dans les écrits du grand écrivain. "Le Duel" constitue ainsi le récit d'une âme en peine.

Bizarrement ces 2 recueils contiennent comme dernière nouvelle l'ultime de Tchekhov "La Fiancée" qui est également la plus courte (38 pages seulement ).

"Lueurs", la seconde nouvelle, nous transporte dans la steppe lointaine, où le narrateur s'est égaré et a trouvé refuge dans le campement de l'ingénieur Ananiev et son assistant l'étudiant von Sternberg (même nom que le cinéaste autichien Josef von Sternberg 1894-1969). Les lueurs sont celles d'une ligne des chemins de fer en construction à travers cet espace désertique apparemment sans fin.
Une occasion pour le trio de se lancer dans un débat sur "la fragilité et le néant des choses, sur l'inanité de l'existence, sur l'inéluctabilité de la mort, sur les ténèbres d'outre-tombe..."
Rappelons que la nouvelle que l'auteur considérait lui-même comme son chef-d'oeuvre s'appelait "La Steppe".

Dans "Une banale histoire" nous faisons la connaissance du professeur émérite Nicolaï Stépanovitch, 62 ans, un homme absolument irréprochable, mais physiquement "terne et laid", qui souffre d'insomnies et de pertes de mémoire. Il a des difficultés à reconnaître dans la "vieille femme obèse", qui ne sait parler que de dépenses, sa mince Varia qu'il a aimée passionnément et qui lui a donné un fils et une fille.

Dans "Ma vie : Récit d'un provincial" Tchekhov nous raconte l'histoire surprenante de Missaïl Polozniov, fils de l'unique architecte d'une ville russe dont le nom n'est pas mentionné, de se faire simple ouvrier. Une décision idéaliste qui suscite évidemment de sérieux remous, à commencer dans sa propre famille, où son père fou furieux menace de le déshėriter. Missaïl n'est pas un révolutionnaire violent, mais un jeune homme de 25 ans calme et réfléchi qui estime que l'inégalité sociale est inacceptable. Sa soeur, Cléopâtre, qui a un an de plus que lui, essaie d'amener son frangin à d'autres sentiments. Réussira-t-elle ?
Voilà la question.

Comme toujours en lisant des nouvelles D'Anton Tchekhov je suis impressionné par la fine caractérisation de ses multiples personnages dans un univers historique très large d'un pays immense. Les nouvelles retenues dans ce recueil sont plus sombres que celles de "Une plaisanterie", mais probablement plus authentiques comme reflets d'un régime en crise.

Pour citer un de ses personnages à la page 354 : "La pourriture ronge l'herbe, la rouille le fer et le mensonge l'âme. Seigneur, sauve nous, pauvres pécheurs !"
Commenter  J’apprécie          522
Fin du 19ème, sur les bords de la Mer Noire en Crimée où l'armée d'occupation russe a pris ses aises. Tiens, tiens, déjà à l'époque, la possession de cette excroissance sur la mer Noire suscitait la convoitise du grand voisin...
Farniente et boissons à gogo pour quelques fonctionnaires dépravés. Dont Laïevski qui ne supporte plus sa compagne Nadejda, une femme mariée qu'il a prise à un autre. Cet homme aux moeurs dissolues, a toutefois des problèmes de conscience et surtout d'argent et se confie à l'ami de tous : Samoïlenko, un médecin qui tient une maison d'hôtes.

Samoïlenko héberge l'ignoble von Koren, un zoologue qui soutient les idées darwiniennes- rien de répréhensible jusque-là- mais c'est quand il verrait bien appliquer ses idées à la société qu'il devient inquiétant: exterminer les gens inutiles comme Laïevski...De là, le duel entre ce fasciste et la fripouille.

On ne peut que louer les intentions de Tchekhov qui justement n'a pas d'intention : il ne fait pas de morale religieuse ou de politique. Cette oeuvre est seulement littéraire et quelle maîtrise en une centaine de pages! Très bien construite, rien de superflu, même avec une dizaine de personnages, mais qui ont tous leurs responsabilités par des ramifications subtiles dans ce duel. Une nouvelle vive et passionnante aux bons soins du docteur Tchekhov. Un classique russe à ne pas rater!
Commenter  J’apprécie          340
La littérature russe du dix-neuvième siècle a une immense réputation, tellement immense que j'ai longetmps hésité à m'y mettre. Il y a seulement quelques années j'ai osé commencer à lire Dostoïevski, Goncharov ou Gogol, craignant d'être déçu. Mais à chaque fois ça m'a plu, c'est pourquoi cette fois-ci je me suis tourné vers Tcheckhov.
Anton Tchekhov est plus connu pour son théâtre, mais son récit le duel m'a énormément enthousiasmé. Même si ces personnages représentent visiblement certains groupes russes de l'époque, - le scientifique von Koren, le fainéant Laïevski, le bon mais naïf Samoïlenko, le religieux Pobédov(mentionné comme 'le diacre' dans la suite de l'histoire), et la femme de moeurs légères Nadéjda-, Tcheckhov arrive à les peindre de façon très humaine. Tchekhov a toujours affirmé qu'un auteur ne devrait pas juger ses personnages, et dans le duel il y arrive à merveille.
J'ai été impressionné notamment par von Koren, qui tout en dégainant de (pour nous) douteuses idées socio-darwinistes et nietzschéennes garde un côté sympathique et juste. Même si en ces temps de deuxième vague de coronavirus son discours fait un peu froid dans le dos. En plus d'être humain, Tcheckhov se trouve aussi être actuel.
Autre point fort c'est qu'il n'est pas clair tout de suite entre qui le duel du titre va se passer. le lecteur passe d'un personnage à un autre, comprend ses considérations, et prend part des passions et frustrations diverses. Quand finalement le duel a lieu, le résultat est quelque peu déconcertant. On sait que l'écrivain n'était pas forcement très satisfait de cette oeuvre, j'imagine que ce soit surtout à cause de cette fin. Après le duel, il y a encore un après-duel, moins convaincant.
N'empêche, ce récit de Tchekhov c'est une preuve de plus que sa réputation, la littérature russe d'il y plus d'un siècle elle ne l'a pas volée.
Commenter  J’apprécie          60
Je retrouve avec ce recueil le Tchekhov que je préfère : le nouvelliste. Ici, Tchekhov a mis de côté l'humour qui caractérise ses écrits de jeunesse. Ces cinq nouvelles, longues pour la plupart (jusqu'à 150 pages environ), sont tristes et sombres. Les protagonistes, lucides, remettent en question le sens de leur vie, à une phase charnière de leur existence ou à l'approche de la mort.
 
La fiancée, la dernière nouvelle écrite par Tchekhov, est particulièrement emblématique de la vision de l'auteur et de la portée de son oeuvre, encore aujourd'hui plus d'un siècle après son décès. Un des personnages, Sacha, très affaibli et condamné par la tuberculose (comme l'écrivain), encourage une amie à rompre ses fiançailles et à commencer des études, et ainsi à troquer un futur sûr, mais vide, pour un avenir incertain, mais affranchi.
Commenter  J’apprécie          51
Lire Tchékhov est un émerveillement. Dans ce recueil de nouvelles, dont une s'apparente plus à un roman par son ampleur (Ma Vie), le grand dramaturge russe nous expose toutes les grandes questions sociales, économiques, politiques et philosophiques qui bousculent la Russie de la fin du XIXe siècle. La question de la connaissance et de l'accès au savoir y est centrale, notamment pour l'avenir du statut des femmes.
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Dans la recherche de la vérité, les hommes font deux pas en avant et un en arrière. Les souffrances, les erreurs et l'ennui les font reculer, mais la soif de la vérité et une bonne volonté tenace les poussent toujours vers l'avant. Et qui sait ? Peut-être atteindront-ils la vérité vraie...
Commenter  J’apprécie          40
Je n’y vois rien de beau, répondit Laïevski. S’extasier sans arrêt devant la nature, c’est révéler l’indigence de son imagination. En comparaison de ce que je peux rêver, tous ces ruisseaux, et ses rochers sont de la pacotille, rien de plus.
Commenter  J’apprécie          40
'Admettons que la morale exige que vous aimiez les hommes. Eh bien! l'amour doit consister en l'éloignement de tout ce qui, de manière ou autre, leur nuit et les menace dans le présent ou l'avenir. Nos connaissances et l'évidence nous disent qu'un danger menace l'humanité du côté des anormaux mentaux et physiques. Si vous n'avez pas la force de les amener à la norme, vous avez assez de force et d'adresse pour les empêcher de nuire, c'est-à-dire pour les supprimer.'
Commenter  J’apprécie          10
A midi je me lève et m'assieds par habitude à ma table de travail, mais je ne travaille pas, je me distrait à lire des livres français à couverture jaune que Katia me fait passer. Bien sûr il serait plus patriotique de lire des auteurs russes, mais j'avoue que je n'éprouve pour eux aucune inclination particulière. A l'exception de deux ou trois vieux écrivains, toute la littérature d'aujourd'hui ne me semble pas être une littérature mais une sorte d'industrie artisanale qui n'existe que pour recevoir des encouragements, mais dont on n'utilise pas volontiers les produits. [...] Je ne dis pas que les livres français témoignent à la fois de talent, d'intelligence et de noblesse. Eux non plus ne me satisfont pas. Mais ils sont moins ennuyeux que les livres russes, et il n'est pas rare d'y rencontrer l'élément essentiel de la création littéraire: le sentiment de la liberté personnelle.
Commenter  J’apprécie          01
J’avais chez moi, pour s’occuper de moi, un pope qui est tellement croyant que, lorsqu’il va, en période de sécheresse, en procession dans les champs implorer l’arrivée de la pluie, il emmène avec lui un parapluie et un manteau de cuir, pour ne pas se retrouver trempé à son retour.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Anton Tchekhov (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anton Tchekhov
Benoît Jacquot avait réuni Isabelle Huppert et Fabrice Luchini pour un long métrage de fiction, Pas de scandale, en 1998. le cinéaste les a retrouvés au Festival d'Avignon, en juillet 2021, mais séparément cette fois, pour les besoins de son nouveau film, Par coeurs. Un documentaire passionnant sur le travail d'une comédienne et d'un comédien tous deux hors normes, suivis la veille et le jour de la première représentation de leur spectacle respectif : La Cerisaie, de Tchekhov, monté par Tiago Rodrigues dans la vaste cour d'honneur du palais des Papes, pour elle ; un seul-en-scène autour de Nietzsche dans le cadre plus intimiste de l'Hôtel Calvet, pour lui . Avec un scoop : Isabelle Huppert, la perfection faite actrice, est capable de « bugs » comme tout le monde - à savoir, buter inexorablement sur une longue réplique de sa pièce il est vrai assez complexe à mémoriser !
Par coeurs sortira en salles le 28 décembre 2022. En attendant, découvrez sa bande-annonce en exclusivité sur Telerama.fr. le film sera par ailleurs présenté en avant-première à Paris au cinéma L'Arlequin lors d'une séance spéciale le lundi 12 décembre à 20h15. La projection sera suivie d'une rencontre avec Isabelle Huppert, Fabrice Luchini et Benoît Jacquot animée par Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama - les places sont en vente ici : http://dulaccinemas.com/cinema/2625/l-arlequin/article/138713/avant-premiere-par-coeurs-en-presence-de-benoit-jacquot-isabelle-huppert-et-fabrice-luchini
Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤28Hôtel Calvet17¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux ! Facebook : https://www.facebook.com/Telerama Instagram : https://www.instagram.com/telerama Twitter : https://twitter.com/Telerama
+ Lire la suite
autres livres classés : littérature russeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (170) Voir plus



Quiz Voir plus

Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

Nikita
Volôdia
Fiodor
Boris
Andreï

10 questions
26 lecteurs ont répondu
Thème : Anton TchekhovCréer un quiz sur ce livre

{* *}