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3,9

sur 387 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Tu ne seras jamais heureux si tu continues à chercher en quoi consiste le bonheur. Et tu ne vivras jamais si tu recherches le sens de la vie. »

Cette citation d'Albert Camus, sur laquelle je suis tombée par hasard sur internet, fait diablement écho à cette lecture. Avec les trois soeurs, nous sommes plongés dans l'érosion des rêves avec le temps, ces rêves et espérances qui se refusent à prendre leur envol et dépérissent au fond de leur nid. Mais c'est bien la recherche vaine du bonheur et du sens de vie qui alimentent les discussions des protagonistes.

Je ne sais pas trop quoi penser de cette pièce. Elle est intéressante et encore une fois, sous son aspect minimaliste, elle est d'une grande richesse. Mais j'ai eu l'impression d'être engluée dans une chape d'immobilisme alors même que le temps filait comme l'éclair d'un acte à l'autre. Les va-et-vient des personnages apportent une certaine dynamique mais peu d'action : ils parlent beaucoup et agissent peu. Par moment, j'ai même eu l'impression d'assister à une sorte de litanie lancinante. Certains questionnements reviennent constamment, comme si les personnages tournaient en rond mollement en ressassant et puis…et puis rien.

Le moins que je puisse dire, c'est que cette pièce ne respire pas la joie de vivre. Tchekhov a une vision du bonheur, et même de l'amour, assez déprimante, et dans le même temps une foi démesurée en l'avenir de l'humanité. D'autres thèmes sont également présents (plus ou moins les mêmes que dans la Cerisaie d'ailleurs) : l'ennui, la solitude des individus, l'oisiveté, le travail, mais ils sont ici abordés sous un angle différent. Il semble que j'aie été moins sensible à cet angle ci.
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En ces temps de confinement (et donc de lecture intense), et puisque les théâtres sont fermés et pas prêts d'être à nouveau accessibles au public, j'ai décidé d'entamer la lecture des grandes pièces classiques…. Je commence avec Tchekhov, bien sûr, dont j'ai déjà pu apprécier plusieurs fois les représentations de la Cerisaie, de la Mouette et d'Oncle Vania.

Trois soeurs dans une ville de province quelconque dans la Grande Russie fêtent l'anniversaire de la plus jeune, avec le désir , pour chacune d'elles, de quitter au plus vite cette bourgade pour retrouver Moscou et sa vie culturelle et cosmopolite. de nombreux invités, un ballet incessant d'allées et venues, des conversations à bâton rompus …

Une pièce avec pour seule intrigue la fuite – ou pas – de cette atmosphère asphyxiante et la possibilité d'un avenir. Quatre actes, à des temps différents, et très peu d'action. Énormément de personnages (quatorze !) pour des dialogues incessants mais superficiels. Quelques personnages sont certes enclins à discuter des grandes questions de la vie, mais très vite cela tombe soit dans des considérations creuses, soit dans la moquerie.

Peu à peu tout se délite, la culture des soeurs, les connaissances, les ambitions des uns et des autres … Une impression de malaise se dégage au fil de la pièce, car personne n'est vraiment heureux de sa situation, personne ne sait vraiment quel sens donner à sa vie, quel projet pour le futur. Pire, on ne voit pas vraiment d'issue à ce mal-être. Bon il y a bien quelques moments cocasses, le vieux serviteur sourd comme un pot, un lieutenant qui parle avec un fort accent, des ritournelles d'enfant qui ponctuent des sujets graves, … on est au théâtre, quand même, mais l'ensemble, je trouve, reste pesant.

Peut-être que ces trois soeurs n'était pas le choix le plus heureux pour une lecture. Beaucoup de personnages, difficiles à différencier les uns des autres à la lecture, dialogues à la fois denses (peut-on encore parler de dialogue à certains endroits ?) et pourtant superficiels, peu d'actions …

Ah décidément rien de tel que de voir une pièce incarnée par de bons acteurs, mise en scène et en espace ! Oui, le théâtre est – et doit rester - un art vivant, c'est une évidence avec cette pièce de Tchekhov.
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Quelle est triste cette petite ville de garnison « pleine de moustiques et où il fait toujours froid », là vivent, trois soeurs et leur frère, leur espace de vie est banal, elles, s'ennuient mortellement et rêvent de Moscou, « oui ! Aller à Moscou vite, très vite », quitter la médiocrité de la province où « tout le monde connait tout le monde et vous vous sentez étranger et solitaire.».
La vie est monotone en province et surtout quelconque, les gens ne sont pas instruits, «le Russe a une tendance naturelle à cultiver les idées élevées, mais pourquoi reste-t-il à un niveau si médiocre dans la vie ? Hein, pourquoi ? ». Moscou est la lueur qui éclaire leur vie, leur espoir.

Dans ce salon, où tout le monde se rassemble, on tue le temps de façon futile, on prend le thé autour du traditionnel samovar, on pérore, on philosophe... Macha dit : « il me semble que l'homme doit avoir une foi, du moins en chercher une, sinon sa vie est complètement vide… » L'amour règne dans le coeur de chacun, mais y croit-on vraiment ? On évoque l'impossibilité d'atteindre le bonheur, la fuite du temps et le passage éphémère sur terre sans laisser ni trace ni souvenir.

Tout est bien sombre et pessimiste, j'avoue m'être un peu agacée, un peu étiolée… Peut-être, me suis-je dit, que le génie de Tchekhov est là, il nous fait entrer dans la pièce et de lecteur nous devenons acteur et nous interrogeons de la même manière sur l'existence ? Mais ses personnages sont faibles aucun ne prend vraiment de décision pour vivre enfin ses rêves, aller à Moscou, se marier ou quitter son mari , les trois soeurs sont dans l'impossibilité de faire un choix. Quant à la société russe du XIX elle est admirablement dépeinte, Tchekhov se moque de ces conversations de salon et évoque l'alcool et le jeu comme fléaux. La Russie est en mutation, la société est déboussolée et sent que le bonheur est pour l'autre génération : « Dans vingt ans, le monde aura changé, tout le monde sera au travail. Il semble qu'un terrible ouragan se prépare… un ouragan qui balayera pour toujours la paresse, l'indifférence et l'ennui en lesquels notre Russie se complait depuis trop longtemps. »
Au final cette pièce est du pur Tchékhov, mais pas ma préférée, on reste trop dans une impasse.



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Atmosphère très fin de siècle, source d'un vague malaise à la lecture, où l'on sent que quelque part dans le monde les choses vibrent et changent mais pas pour ces trois soeurs qui restent embourbées dans un destin sans vie.
Et toujours cette modernité de ton qui continue de me surprendre chez Tchekov, ces personnages oisifs, enchaînés à leur condition, et qui semblent toujours sur le bord de basculer dans la folie.
Je ne saurais dire si j'aime, ais ce qui est sûr c'est que quelque chose chez cet auteur me dérange et me sort de ma zone de confort, ce qui ne peut être que bien.
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J'avais découvert Tchekhov dans ma "jeunesse" grâce à une amie qui m'avait offert l'intégrale des pièces. Il me restait une impression diffuse d'originalité, d'atmosphère particulière.

J'ai relu avec plaisir Les Trois Soeurs et peut tenter de mettre des mots sur cette impression fugace d'autrefois. le théâtre de Tchekhov est assez inclassable... Comédie ? Certainement pas. Tragédie ? Sans doute plus, mais les codes ne sont pas respectés. C'est plutôt un théâtre romanesque auquel on a affaire, comme si on cherchait à transposer sur scène l'art du roman. Il n'y a pas d'intrigue à proprement parler, plutôt un portrait d'une époque, d'un lieu, d'une famille donnée et des rapports de ses membres. L'unité de temps n'est clairement pas respectée, les 4 actes étant des instantanés séparés par plusieurs mois voire même sans doute années, puisque les positions de chacun évoluent vraiment dans les entre actes.

Il reste une impression (encore !) générale de langueur, de désespoir mêlé chez certains personnages de souhait d'un avenir meilleur, mais assez improbable. L'humanité dans son impuissance éternelle à réellement changer, avancer.
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Ils sont quatre, un frère et trois soeurs.
Leur père est décédé il y a un an.
Et maintenant les trois soeurs n'ont plus qu'une seule envie : quitter cette ville de caserne de province dans laquelle leur père a été muté il y a plus de 10 ans pour retourner à Moscou leur ville natale.
Mais voilà bien qu'Andreï, le frère s'est fiancé à Natacha.
Le temps a passé, 4 ans plus tard Andreï et Natacha sont mariés.
Et Natacha devenu la maîtresse de maison a réussi à en chasser les trois soeurs.
Andreï a renoncé à son rêve de devenir professeur à l'université Moscou et ses soeurs à celui de retourner y vivre.
Et puis les militaires eux-mêmes quittent la ville, alors même qu'ils étaient le seul noyau social des trois soeurs qui se retrouvent désespérément seules.
Elles vont donc devoir apprendre à vivre isolées dans cette petite ville de province dans laquelle la vie s'écoule au ralenti.
Encore une fois Tchekhov a la dent dure sur cette société russe à l'aube du XXème dont il prédit déjà qu'un immense bouleversement la guette.
Bouleversement qu'il n'aura pas l'occasion de voir arriver puisqu'il est décédé quelques années avant la Révolution qui allait voir la fin du tsarisme et de cette petite noblesse de province.
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C'est donc l'histoire de trois soeurs. Mais pas seulement. C'est également l'histoire de leur frère. Leur frère qui par ses décisions, ou plutôt ses absences de décision, influence fortement la vie de ses 3 soeurs.
C'est avant tout l'histoire d'une société. Une société désabusée, ennuyée et ennuyeuse, qui appelle de ses voeux à être "libérée de l'oisiveté".
Mais comment se libérer de l'oisiveté ? En rentrant à Moscou ? En se mariant ? En prenant des amants ? En buvant ? En travaillant...???
Travailler plus pour profiter plus...? La question est posée tout au long de cette pièce. La réponse est évasive : oui sur le principe, non en pratique.
C'est donc l'histoire d'une société qui a compris le problème mais qui ne trouvera jamais la solution.

J'ai aimé les thèmes abordés dans cette oeuvre. En revanche, certaines pièces sont aussi attrayantes lues que vues, et d'autres ne trouvent leurs charmes que sur les planches. Je dirai que cette pièce appartient à la deuxième catégorie. Si vous souhaitez découvrir le théâtre de Tchekhov par la lecture, je vous conseillerais plutôt "Oncle Vania". Bonne lecture

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"Les Trois Soeurs" ou la fin d'un monde qui disparaît et où s'expriment tous les espoirs perdus, déçus d'une jeunesse en perte d'idéaux dans un monde en plein bouleversement où le rapport à soi et aux autres est en train de changer. Dans cette pièce, c'est toute l'impuissance à agir sur le monde et l'angoisse d'être agi par lui qui prédominent.
J'ai beaucoup aimé relire cette pièce. Écrite par Anton Tchekhov en 1900, cette oeuvre très humaine et très actuelle est une belle évocation du temps qui passe, devant lequel il nous faut nous ranger, non sans une certaine nostalgie.
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Les trois soeurs /Anton Pavlovitch Tchekhov
Olga, Macha et Irina rêvent de revoir Moscou. Quitter leur maison familiale héritée de leurs parents disparus située loin de la capitale dans une ville de garnison, c'est leur obsession. Macha s'est mariée jeune à un certain Koulyguine, professeur de lycée, et tombe amoureuse du commandant de la base, Olga est célibataire et enseigne aussi au lycée, et Irina est courtisée par le lieutenant Soliony. André, le frère des trois soeurs a perdu au jeu et a dû hypothéquer la maison. Une famille en détresse qui s'ennuie et pour qui rien de vraiment positif ne se passe. C'est seulement lorsqu'elles sont ensemble que la vie reprend un peu de couleur.
Tchekhov dans cette pièce écrite en 1900 à la veille de la révolution bolchévique, évoque l'immense détresse de la Russie de la fin du XIX e siècle. Écrire une pièce avec comme thème principal l'ennui que vivent les trois soeurs a pour conséquence que le lecteur presque forcément s'ennuie lui aussi car il ne se passe effectivement rien d'extraordinaire qui puisse maintenir en éveil son attention. À plusieurs reprises les trois soeurs qui sont ballottées par les événements sans y avoir prise, se posent la question existentielle, à savoir, pourquoi vivre cette vie qui n'a pas de sens. Sauf si l'on considère que le travail est plus important que l'amour et la culture. Discutable !
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👧 « Comment vous dire ? J'ai l'impression que tout sur terre est destiné à changer petit à petit, et que tout change déjà sous nos yeux. Dans deux ou trois cents ans - mille ans, si vous voulez ce n'est pas une question de durée – une vie nouvelle, heureuse, commencera. Cette vie, nous n'en serons pas, bien sûr, mais c'est pour elle que nous vivons aujourd'hui, que nous travaillons, que nous souffrons, enfin ; c'est nous qui la créons –c'est cela seul, le but de notre existence et, si vous voulez, notre bonheur. »
(P.54)

👧 Voilà Irina, Mâcha et Olga, les trois soeurs. Dans leur petite province, elles s'ennuient et rêvent de grandeur, d'un retour à la capitale, d'un lendemain meilleur. de prime abord, dans cette pièce, il ne se passe pas grand chose, comme dans toutes les oeuvres de Tchekhov : dès les premières répliques, on entre dans l'univers d'une famille à la dérive, dans le quotidien de personnages névrosés, désoeuvrés et désespérés, dans l'attente éternelle d'une action qui n'arrive jamais.

👧 Alors, quand une batterie de soldats fait une halte dans leur petit village, jaillit enfin l'espoir d'un changement tant rêvé : l'une des soeurs, déjà mariée, s'entiche d'un soldat ; une autre se fiance à un lieutenant et la dernière retrouve enfin l'envie de vivre. Si le jour semble enfin se lever sur leur morne quotidien, cet événement révélera d'autres écueils bien sombres, un frère ruiné, une belle-soeur avide d'argent et de reconnaissance, et tant de désillusions, de faux-semblants, de drames imprévisibles…

👧 Je n'ai lu que peu de pièces de Tchekhov mais chaque fois, l'émerveillement est au rendez-vous. Il réussit, en mettant en scène ses personnages aux nombreux travers et à la banalité déroutante, à rendre compte de la futilité de la vie, son caractère éphémère, et l'absurdité totale des moyens que nous employons à vouloir éviter le tragique dessein qui nous attend. Moscou est le miroir aux alouettes, l'échappatoire, la voie de secours… l'espoir d'un lendemain meilleur, à portée de main, si seulement on osait…!

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Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

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