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Critique de ninamarijo


Bien qu'atteint de tuberculose, Anton Tchékhov décide de partir 21 avril 1890 pour l'île Sakhaline située dans la mer du Japon dans l'extrême Est de la Russie. Il fait un voyage de 12000 kilomètres à travers la Sibérie, durant lequel il entretien une correspondance avec son ami Souvorine, le directeur de « Temps Nouveau » une partie de ces échanges a été publié dans « l'Amour est une région bien intéressante ». Des raisons qui le pousse à faire ce long voyage périlleux alors qu'il est malade, Pouchkine dit à son ami : « En ce qui concerne Sakhaline nous nous trompons tous deux. Je pars absolument persuadé que mon voyage ne sera d'un apport précieux ni pour la littérature, ni pour la science ; je n'ai pour cela ni assez de connaissances, ni assez de temps, ni assez de prétentions… Je veux simplement écrire cent ou deux cents pages et payer ainsi ma dette à l'égard de la médecine, à l'égard de laquelle je me comporte comme vous le savez, comme un vrai porc ».
Il débarque donc sur l'île Sakhaline le 9 juillet de la même année, inquiet car il ne possède aucune lettre de recommandation et craint d'être congédié illico.
Ce Livre est un témoignage ou une enquête sociologique des conditions de vie des bagnards dans un bagne de la Russie des tsars.
Ce livre n'est pas facile à lire, Anton Tchékhov nous noie dans des chiffres et des descriptions détaillées : du climat, des températures, il entre dans chaque isba et décrit scrupuleusement tout ce qu'il voit. le travail accompli est prodigieux, la lecture de tous ces chiffres et énumérations est parfois un peu indigeste, mais, je garde cependant une impression très positive. J'ai retrouvé l'écriture de Tchékhov, tout en finesse avec toujours une délicieuse pointe d'humour, même si le lieu et le sujet ne s'y prêtent pas ! Les paysages sont admirablement rendus, de même l'ambiance lugubre de ce lieu maudit : tous les animaux sont enchainés, comme les forçats, les cloches tintent lugubrement dans le brouillard, la sirène hurle et fait « monter l'angoisse dans le coeur des hommes ». Un peu plus loin : « La vaste mer étincelante de soleil bruit sourdement à nos pieds, la rive lointaine nous appelle et l'on se sent gagné par la tristesse et l'angoisse, comme si l'on ne devait jamais plus en sortir, de ce Sakhaline ».
La solitude et l'ennui règnent sur les colonies… mais aussi la maladie, la tyrannie et l'horreur. Tchékhov écrit : « Sakhaline est le lieu des souffrances les plus insupportables que puisse endurer un homme, aussi bien libre que condamné, nous avons laissé croupir dans des prisons des millions d'hommes, et cela pour rien, de manière irraisonnée, barbare " Il écrira aussi, Sakhaline, "Tout autour la mer, au milieu l'enfer."
Tchékhov dans son enquête est un homme à l'écoute et profondément humaniste.
Je suis contente d'avoir enfin ouvert et lu ces écrits. Ce livre a trop longtemps trainé sur les rayons de ma bibliothèque.



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