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EAN : 9782743626556
151 pages
Payot et Rivages (05/02/2014)
3.74/5   17 notes
Résumé :
Si Anton Tchekhov est l'un des auteurs de théâtre les plus joués en France, on connaît peu ses nouvelles. Il en écrivit toute sa vie durant et certaines sont la quintessence de son talent littéraire et de sa pensée. L'écriture en est toujours limpide ; en quelques pages Tchekhov nous fait le portrait d'une vie. A partir d'un événement qui peut être minuscule - un baiser furtif, quelques mots mal compris, une allumette retrouvée qui provoque une enquête policière, et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La présentation dans la collection "Rivages Poche, Petite Bibliothèque" de 5 nouvelles du grand maître russe, Anton Tchekhov (1860-1904), après une belle préface de Maël Renouard et une contribution exceptionnelle "Vu de Russie" par une autre grande dame de la littérature, Virginia Woolf de 1925, a de quoi séduire les lectrices et lecteurs les plus sceptiques.
En plus, ce petit ouvrage d'exactement 155 pages contient sa toute dernière nouvelle "La Fiancée", publiée l'année avant son décès.

Je dois dire que c'est le titre de la première nouvelle "Une plaisanterie" qui m'a intrigué, car ce n'est pas le terme que l'on associe spontanément à la vie de ce géant russe, qui, en dépit d'une santé fragile, de nombreuses cures thermales à Yalta et en Allemagne, ainsi qu'une mort prématurée, causée par la tuberculose, à seulement 44 ans, a laissé une oeuvre absolument prolifique. J'ai tenté de compter le nombre de ses nouvelles et après m'être gouré à 3 reprises, j'ai laissé tomber.

Résumer une nouvelle n'a bien sûr aucun sens. Je vais essayer de vous situer le contexte de ses nouvelles tout en me gardant bien d'en décliner la chute.

Dans "Une plaisanterie" nous voyons la jeune Nadiejda Petrovna, morte de frousse en plein hiver installée sur une luge avec son ami descendre une pente d'une profondeur insondable. Au-dessus du hurlement du vent et du vrombissement inquiétant de la luge qui développe une vitesse affolante, la demoiselle entend les mots magiques : "Je vous aime, Nadia !" Or, notre Nadienka n'est pas sûre qui a prononcé ces paroles fantastiques : son ami ou le vent ? La seule façon de savoir signifie une remontée et.... une redescente et donc vaincre sa trouille et sa terreur !

Dans la seconde nouvelle nous rencontrons un jeune homme "irascible" qui ne pense qu'à finir sa dissertation sur "Le passé et l'avenir de l'impôt sur les chiens", seulement sa belle voisine Machenka a des projets d'un genre tout différent ! Et notre Nikolaï Andreïevitch restera-t-il irascible ou, au contraire ?

3) "Le baiser". Un soir, un homme en civil assis sur un isabelle (petit cheval) invite, au nom de son maître, les officiers d'une troupe de passage pour la soirée au château. Parmi les 19 invités, il y a le capitaine en second, Riabovitch, que la nature n'a pas gâté : il est petit, légèrement voûté, il porte des lunettes et a des "favoris de lynx". Par ailleurs, il souffre de cécité psychique et est d'une timidité maladive, aussi bien qu'il n'a jamais connu de femme. Après avoir bu quelques cognacs et pendant que les autres dansent, notre homme se balade et s'égare dans la vaste demeure. Il entre dans une pièce obscure, entend des pas rapides, le froufrou d'une robe et une voix féminine qui chuchote "enfin !" avant de recevoir un baiser et d'entendre la dame qui s'écarte en poussant le petit cri de quelqu'un qui s'est manifestement trompé.

Il faut se nommer Anton Tchekhov pour décrire l'impact et les effets de ce premier baiser dans la vie de notre pauvre Riabovitch : sublime !

De la nouvelle suivante, je préfère m'abstenir de commentaire car il s'agit d'un récit policier, intitulé "L'allumette suédoise" et dans lequel il y a un assassinat et un Sherlock Holmes ou un inspecteur Lecoq (le détective d'Émile Gaboriau) pour élucider ce crime.

La dernière nouvelle "La Fiancée" est la plus sombre des 5. Écrite une bonne quinzaine d'années après les autres, à un moment où il a dû savoir que la fin était proche et qu'il souffrait abondamment. Dans cette histoire, du reste, un personnage meurt de phtisie.
Nadia est fiancée à Andreï Andréïevitch, le fils de l'archiprêtre, mais elle commence à avoir des doutes sur ses sentiments et un avenir d'oisiveté, déjà tout tracé. Elle rêve de partir à Saint-Pétersbourg et y entreprendre des études.
Quelle sera sa décision ?

Je laisse le mot de la fin à Virginia Woolf : "L'âme est malade ; l'âme est guérie, ou ne l'est pas. Voilà les points saillants de ses récits". Et l'écrivaine conclue : "Aussi, lorsque nous lisons ces petits récits sur rien du tout, l'horizon s'élargit-il : l'âme y acquiert un incroyable sentiment de liberté".
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Précieuse petite collection de nouvelles ayant pour fil conducteur une promesse: ne pas laisser le lecteur indifférent, sans pour autant lui permettre clairement d'identifier ce qu'il ressent.

Rien d'étonnant puisque tous ces récits sont basés sur un malentendu, les personnages évoluent dans une forme d'indécision. C'est avec un naturel assez remarquable que le lecteur s'approprie peu à peu l'aspect cryptique de ces récits.

Lorsque nous fermons ce livre, nous aussi sommes indécis. Eperdus à la fois de ravissement car nous avons pleinement pu nous imprégner de la psychologie des personnages grâce au récit d'un morceau de leur existence; mais aussi un peu perplexes quant aux issues des histoires.

Une impression commune se dégage de ces récits: celle que le personnage, après nous avoir livré un peu de son histoire, nous abandonne soudainement. Insaisissable, l'issue de l'histoire nous glisse entre les doigts, à l'instar de tous ces personnages que nous n'avons qu'entrevu et que nous ne reverrons jamais.

J'ai aimé ce que je crois être la part d'interprétation que Tchékhov laisse délibérément au lecteur. Je l'aime car elle permet de donner de la profondeur aux nouvelles et nous confronte à l'inconfortable: le doute.
Mais ce même doute, justement, certains des personnages s'en sont emparés pour le retourner à leur faveur... quand d'autres l'ont simplement dénié ou en ont payé le prix fort.

Je dirais que ces récits invitent à exercer notre tolérance à l'incertitude afin d'en tirer le meilleur et d'éloigner l'écueil des passions tristes.
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Ces nouvelles de Tchekhov furent une pause agréable après une lecture de plus de mille pages.
J'aime cet auteur pour la beauté de son style : il a un don pour nous emmener en quelques mots dans le coeur de sa nouvelle. Chacune d'elle est unique en son genre avec un mélange de tristesse, de rêverie, de nostalgie et de regret. La seule nouvelle différente est celle intitulée « L'allumette suédoise » car elle a un côté policier.
Lire Tchekhov, c'est comme admirer un magnifique coucher de soleil : c'est beau, mais d'une beauté indescriptible où il est impossible de décrire chaque nuance de couleur, chaque minute qui passe. Chaque nouvelle se savoure, avec ces petits détails qui font toute la différence avec une histoire banale.
Deux nouvelles m'ont touché. Dans « La plaisanterie », Nadia croit entendre son compagnon de jeu lui murmurer « Je vous aime » lors d'une descente en luge. Mais est-ce bien lui ou juste le vent qui résonne dans ses oreilles ? La nouvelle dont le titre est « le baiser » est aussi splendide : un officier un peu gauche et timide reçoit par inadvertance un baiser dans une fête. Ce court moment aura pourtant une influence sur le cours de sa vie.
Hélas, ce recueil est bien court, trop même. A peine commencée, me voici déjà arrivée au bout du livre après quelques heures de lecture. J'aurai aimé un livre plus dense, avec plus de nouvelles.
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Vidéo de Anton Tchekhov
Benoît Jacquot avait réuni Isabelle Huppert et Fabrice Luchini pour un long métrage de fiction, Pas de scandale, en 1998. le cinéaste les a retrouvés au Festival d'Avignon, en juillet 2021, mais séparément cette fois, pour les besoins de son nouveau film, Par coeurs. Un documentaire passionnant sur le travail d'une comédienne et d'un comédien tous deux hors normes, suivis la veille et le jour de la première représentation de leur spectacle respectif : La Cerisaie, de Tchekhov, monté par Tiago Rodrigues dans la vaste cour d'honneur du palais des Papes, pour elle ; un seul-en-scène autour de Nietzsche dans le cadre plus intimiste de l'Hôtel Calvet, pour lui . Avec un scoop : Isabelle Huppert, la perfection faite actrice, est capable de « bugs » comme tout le monde - à savoir, buter inexorablement sur une longue réplique de sa pièce il est vrai assez complexe à mémoriser !
Par coeurs sortira en salles le 28 décembre 2022. En attendant, découvrez sa bande-annonce en exclusivité sur Telerama.fr. le film sera par ailleurs présenté en avant-première à Paris au cinéma L'Arlequin lors d'une séance spéciale le lundi 12 décembre à 20h15. La projection sera suivie d'une rencontre avec Isabelle Huppert, Fabrice Luchini et Benoît Jacquot animée par Fabienne Pascaud, directrice de la rédaction de Télérama - les places sont en vente ici : http://dulaccinemas.com/cinema/2625/l-arlequin/article/138713/avant-premiere-par-coeurs-en-presence-de-benoit-jacquot-isabelle-huppert-et-fabrice-luchini
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Le clafoutis de Tchekhov

Je m'appelle .............?..........." je suis un jeune homme de dix-sept ans, laid, maladif et timide", je passe mes étés dans la "maison de campagne des Choumikhine", et je m'y ennuie.

Nikita
Volôdia
Fiodor
Boris
Andreï

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