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EAN : 9782370711328
232 pages
Le Temps des Cerises (14/10/2017)
4.42/5   13 notes
Résumé :
« Mon petit peuplier » (1961) Un paysage grandiose dans les hautes montagnes du Tian-Chan, en Kirghizie, aux confins de la Chine, des camions qui circulent par tous les temps sur des pistes défoncées, une succession de défilés, de cols, de sommets et de précipices, les bords du grand lac Issyk-Koul, voilà le décor de la première nouvelle. Elle relate une triste histoire d'amour, entre un intrépide camionneur et une jeune paysanne. Après la Seconde Guerre mondiale, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

Je suis particulièrement contente d'avoir reçu ce livre dans le cadre de Masse critique, et j'en remercie les éditions le temps des cerises pour ce cadeau et leur célérité ainsi que Babelio.
Je découvre avec ce recueil de nouvelles l'écrivain Tchinguiz Aïtmatov qui doit être le premier auteur kirghize que je lis.
La première nouvelle s'intitule Mon petit peuplier. Il y a d'abord la découverte de ce pays de montagnes tout près de la Chine, à travers les missions de routiers qui livrent les kolkhozes isolés, par des routes difficiles presque impraticables en hiver. C'est aussi celle des traditions encore vivaces dans les années soixante en particulier concernant le mariage des jeunes filles. Car il s'agit d'une histoire d'amour, racontée en trois récits qui se complètent.
Le héros Ilias n'est pas un homme particulièrement sympathique, il est impétueux, assez irréfléchi et pourtant on compatit à ses malheurs lorsqu'il perd “son petit peuplier”.
J'ai aimé cette présentation sous forme de deux confessions à un homme qui fait le lien.
Dans la seconde, L'oeil de chameau, un jeune instruit se retrouve porteur d'eau sur “les terres vierges” une steppe d'absinthe qu'il faut labourer et semer. L'entente est difficile avec l'un des travailleurs.
La troisième donne son titre au recueil. C'est l'histoire bouleversante d'un jeune homme presque analphabète qui entreprend dans le village que son père avait quitté d'ouvrir une école. Bien qu'il soit envoyé par le gouvernement russe, il fait face au mieux à l'indifférence mais souvent à l'opposition des paysans incapables d'en comprendre l'utilité. La plus grande de ses élèves est particulièrement douée mais orpheline elle vit chez une tante qui la bat et l'humilie. Pourtant grâce à Diouïchène, son instituteur, elle partira à la ville et deviendra quelqu'un sans jamais oublier son premier maître qu' elle ne reverra pourtant pas.
C'est l'amour de la beauté de son pays de steppes et de montagnes que l'on retrouve dans chacune de ses histoires. J'ai trouvé cette plongée dans un univers qui m'est totalement inconnu très dépaysant, il s'en dégage une certaine poésie malgré la misère matérielle, et intellectuelle dans la dernière.
J'ajoute que la couverture choisie par le temps des cerises, une peinture de Kazimir Malevitch est plus engageante que celle de la précédente édition.
Je crois qu'il ne se passera pas trop de temps avant que je lise Djamilia.
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Le recueil est constitué de 3 nouvelles :
“Mon petit peuplier” raconte l'histoire d'un amour perdu et quelque part d'une descente aux enfers suite à un faux pas et au mauvais caractère d'un routier kirghize, au temps du soviétisme. J'ai aimé la description de la relation au travail dans ce monde soviétique, et quelque part l'omniprésence dans l'inconscient du héros ouvrier qui permet d'augmenter l'efficacité du travail. Je trouve qu'il manque un petit quelque chose à l'histoire pour qu'elle soit plus entraînante, même si on retrouve une certaine poésie et un dépaysement certain.
“L'oeil du chameau” est une ode à la steppe et aux contrées vierges. On suit un jeune homme qui fait partie d'une équipe de cultivateurs qui doit défricher l'Anarkhaï, une région steppique sauvage, sèche et aride pour en faire une plaine de culture, apte à accueillir des villages. Ils sont quelque part un avant-poste de la civilisation et on retrouve en plus de l'amour de l'infini et de la nature, une vision très optimiste du travail humain. J'ai beaucoup aimé la poésie de cette nouvelle, la contemplation des couleurs sur la steppe et de l'infini du ciel, la description du labeur difficile. Il manque pour moi un développement à l'histoire pour qu'il y est une fin, ou qu'on s'accroche plus aux personnages.
La dernière nouvelle, “le premier maître” est par contre beaucoup plus aboutie et il n'est pas étonnant qu'elle ait donné son nom au recueil. le récit se passe surtout en 1924, au début du soviétisme dans ces contrées et on voit bien la lutte entre traditions et “modernité” qui se cristallise ici par la création d'une école dans un village reculé (un aïl) et le début de l'accès à l'éducation pour tous (les enfants) dans le but de leur construire un avenir meilleur. Ce thème est lié à une histoire d'amour très belle et à l'amour encore de la steppe et des espaces infinis qu'elle ouvre. J'avais beaucoup été touchée à la lecture de Djamilia et j'ai retrouvé dans cette nouvelle la poésie, la force de l'écriture que j'avais alors aimé. Dommage que les autres nouvelles ne soient pas à ce niveau.
Le fil directeur entre ces trois nouvelles est pour moi la place de la tradition dans la société moderne mise en place par l'arrivée du soviétisme, l'amour de la steppe kirghize et de ses racines et la place du travail “producteur et efficace pour la société” dans les sociétés soviétiques. Les nouvelles sont assez inégales mais “le premier maître” vaut le détour et qu'on s'y attarde, par la force de sa poésie et de son message.
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Les éditions « les bons caractères » et « le Temps Des Cerises » rééditent le livre de Tchinguiz Aïtmatov « le Premier Maître » paru en 1963 (traduit en français en 1964). L'ouvrage rassemble trois nouvelles : « Mon petit peuplier », « L'oeil du chameau », et « le premier maître ». La dernière nouvelle a été portée à l'écran en 1965 par Andreï Kontchalovski (sous le titre éponyme). L'auteur, Tchinguiz Aïtmatov, est kirghiz (né en 1928, il est décédé en 2008). Tchinguiz Aïtmatov était un écrivain reconnu en URSS dans les années 1980. Il a exercé des fonctions politiques : député du Soviet suprême de l'Union soviétique, conseiller de Mikhaïl Gorbatchev, il a été ambassadeur de l'URSS puis de la Kirghizie indépendante. Ses origines, son parcours lui confèrent une expérience personnelle polyvalente et riche : il a travaillé comme paysan, agronome, journaliste, traducteur… Ce parcours se manifeste, dans le livre, par les caractères terriblement humains des personnages et la description fusionnelle du pays natal de l'auteur. La nature est omniprésente, pays de haute montagne la Kirghizie est totalement enclavée. Les saisons sont marquées par le grand froid hivernal, la sécheresse estivale, la courte saison végétative. le milieu naturel s'impose dans le livre, l'auteur y manifeste son admiration pour une nature immense, aux couleurs pures et changeantes, aux sonorités aquatiques chahutées par les vents…Les descriptions de Tchinguiz Aïtmatov sont de véritables tableaux visuels et sonores. Les nouvelles sont inscrites dans l'histoire de l'URSS. Pour survivre dans ce milieu extrême, l'homme est contraint à un travail acharné, multiplié par l'état soviétique qui impose un développement à marche forcée. Après la Seconde Guerre mondiale, l'URSS accentue la pression économique dans ses périphéries : les stations de camions se multiplient et ravitaillent les kolkhozes isolés. le combat est épuisant, dans « le premier maître », le camionneur dompte son véhicule dans les lacets sans fin d'une route qui vainc l'altitude. Par solidarité puis par défi, il s'obstine à vouloir atteindre le col avec une remorque… Dans « l'oeil de chameau » le personnage participe à la mise en valeur agricole des steppes d'Asie Centrale avec un matériel rudimentaire. L'espérance anime les acteurs. La peinture de Kasimir Malevitch, « Tête de paysan » illustre la première de couverture. « le premier maître » souligne la volonté d'éducation du régime. En 1924, arrive dans un village perdu, un jeune ouvrier communiste qui se bat pour ouvrir une école. Il se heurte aux traditions et sauve une jeune fille d'un mariage forcé… Elle reviendra, académicienne, pour inaugurer la nouvelle école. L'isolement, les contraintes du pays forgent des hommes aux caractères rudes, aux réactions brutales mais les personnages du livre sont profondément humains. La réalité, les difficultés sont surmontées avec courage et détermination. L'espoir domine : la rencontre amoureuse, la certitude que le travail portera ses fruits, la nécessaire éducation émancipatrice … renforcent l'optimisme des personnages. Une certaine naïveté, la « foi des charbonniers » animent les acteurs et marquent leur crédibilité. Au final, « le premier maître » est un livre à (re)découvrir. Inscrit dans un espace géographique original, tissé par l'Histoire, il permet d'aborder une littérature peu connue. Merci à Babélio pour son opération « masse critique », aux éditions « les bons caractères » et « le Temps Des Cerises » Ce livre répond à leurs objectifs : « faire connaître les livres qui, par-delà les différences de pays, d'expérience ou d'époque, aident à comprendre la société et les hommes, à trouver le lien humain et la solidarité qui unissent les individus et les peuples, au-delà de ce qui les sépare » pour les éditions « les bons caractères » et « ouvrir un espace d'expression, hors des sentiers battus de la pensée dominante. » pour « le Temps Des Cerises ».


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Mon petit peuplier :

Magnifique histoire de vie, la plus longue de l'ouvrage, histoire d'amour et descente aux enfers mélancolique d'un homme. Un homme qui désirait tellement posséder le monde entier qu'il ne comprît pas qu'il possédait déjà son monde à lui.
L'histoire d'un chauffeur routier emprunt de son pays et de ses désirs d'ascension sociale, d'un homme ambitieux là où le coeur des hommes est à l'opposé du désert naturel. La spontanéité et la franchise des personnes m'ont surpris, peut être suis trop occidental ou est ce la nouvelle qui est ancienne je ne sais pas, toujours est il que ces personnalités directes et si brutes ont quelque chose parfois de poétique et parfois d'exubérant ce qui n'est pas déplaisant cela ajoute du corps au récit.
J'ai été vraiment emballé par cette nouvelle. Et très ému.

L'oeil du chameau

La nouvelle qui m'a le moins plu et pourtant j'ai beaucoup apprécié ce moment. L'histoire d'un jeune étudiant qui décide e travailler dans un kolkhoze loin de chez lui et qui va littéralement en baver. Quête existentielle et expérience initiatique dans un monde abrupte, peuplé de personnes abîmés, il demeure une joie en l'avenir très proche de l'idéal communiste promis à tant de gens qui en sont morts.
On sent poindre l'ironie et un petit message envers le stackhanovisme avec la mise ne opposition d'un romantisme individuel.
C'est touchant, cela me fit penser à certaines oeuvres dites de nature wrinting américaines.

Le premier maître

Récit magnifique, encore une fois, de et auteur que je ne connaissais pas. L'histoire d'un homme qui se servit des principes du soviétisme pour faire le bien à la hauteur de ses facultés, l'histoire d'une élève devenue une grande figure intellectuelle qui se remémore son mentor, l'amour pour celui-ci qui lui apprît à apprendre, à comprendre, la nostalgie et finalement une relation qui ne sera pas toujours positive. L'atmosphère est sensiblement la même d'un récit à un autre on y retrouve une exaltation des émotions, du souvenir, et une mélancolie quant à la place de chacun.
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Kirghizistan. Steppes de l'Asie centrale. Huis-clos en plein air.

Ces trois nouvelles nous ouvrent les portes d'un autre monde. Dépaysement garanti. Choc de cultures en prime. Tradition kirghize ancestrale face à la toute jeune utopie soviétique. Mais l'essentiel est là. L'universalité des relations entre hommes et femmes.

La lecture de ce recueil de nouvelles du plus grand romancier de langue kirghize devenu un des auteurs soviétiques majeurs avant de devenir ambassadeur du Kirghizistan indépendant en appelle bien d'autres…
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il existe ainsi des sources dans les montagnes. Un jour on trouve une nouvelle route et le sentier qui menait vers elle est oublié. Les voyageurs l’empruntent de plus en plus rarement pour y aller boire, et peu à peu, la source est envahie par la menthe et la mûre sauvage. On passe près d’elle sans l’apercevoir. Et puis, incidemment, quelqu’un s’en souvient un jour de grande chaleur, quitte la route pour aller vers elle et s’y désaltérer. L’homme vient chercher l’endroit caché, écarte les fourrés et s’exclame doucement. L’eau fraîche que depuis longtemps nul n’a troublée l’émerveille par sa quiétude et sa profondeur. Il voit dans la source le reflet de sa propre image, du soleil, du ciel, des montagnes… Et cet homme pense alors que c’est péché que de ne pas connaitre un pareil endroit, qu’il faut en parler aux camarades. Il pense ainsi et puis il oublie jusqu’à une prochaine fois.
Eh bien, dans la vie il en est parfois de même. Peut-être faut il qu’il en soit ainsi.
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L’hiver se retira dans les montagnes, tandis que le printemps amenait déjà ses hordes bleues. De la plaine dégelée et gorgée d’eau montaient vers les sommets des courants d’air chaud, portant avec eux les senteurs printanières de la terre et l’odeur du lait fraîchement tiré. Les congères se tassèrent, le dégel commença dans les montagnes ; les ruisseaux égrenèrent leur musique puis, jaillissant de leur lit, ils roulèrent en flots tumultueux, bouleversant tout sur leur passage, emplissant de leur fracas les ravins délavés. Ce fut, peut-être, le premier printemps de ma jeunesse.
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Cependant le soleil trembla derrière le léger voile blanc de l’horizon. Il fut long à apparaître ; il tardait à se lever, comme s’il craignait de jeter un regard sur la profonde immensité de la terre d’Anarkhaï. Puis il s’éleva un peu et filtra un rayon. Y a-t-il quelque chose de plus beau que la steppe à l’aurore? C’était comme si un immense océan d’azur se déversait puis s’immobilisait ainsi, en vague bleu pâle, s’irradiant ici et là de nuances d’un vert et d’un jaune plus sombres.
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Le véhicule fonçait sur une route à peine visible, perdue dans une steppe verdoyante et vallonnée, et légèrement voilée dans le lointain d’une brume bleutée. Il émanait de la terre un parfum de neige fondue, et déjà l’on discernait dans l’air humide l’odeur nouvelle et âcre de l’absinthe d’Anarkhaï, d’un gris cendré, dont les jeunes pousses pointaient parmi les rhizomes, au pied des tiges sèches et brisées de l’année précédente. Le vent nous apportait les échos et les sonorités de ce printemps si pur, à travers les steppes infinies.
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La pluie avait commencé la veille au soir et continué toute la nuit; elle chuchotait des choses tristes, monotones, en gouttant sur le feutre de la yourte gonflée d’eau.
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Videos de Tchinguiz Aïtmatov (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tchinguiz Aïtmatov
"Peu de livres changent une vie. Quand ils la changent, c'est pour toujours, des portes s'ouvrent que l'on ne soupçonnait pas, on entre et on ne reviendra plus en arrière." En guise de fil rouge pour ce nouvel épisode, cette citation de Christian Bobin. Nous avons interrogé quatre personnes. À chacune, nous avons posé la même question: "Quel est le livre qui a changé votre vie ?". Se sont prêtés au jeu, l'autrice Lilia Hassaine, le bibliothécaire brestois Loïc Martin, le lecteur passionné Nicolas le Verge et le libraire de Dialogues Julien Laparade.
Un épisode imaginé en partenariat avec le réseau des médiathèques de Brest, dans le cadre de la Nuit de la Lecture 2022.
Bibliographie :
- La Pitié dangereuse, de Stefan Zweig (éd. Grasset) https://www.librairiedialogues.fr/livre/52433-la-pitie-dangereuse-roman-stefan-zweig-grasset
- La Taupe, de John le Carré (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/13541117-la-trilogie-de-karla-la-taupe-roman-john-le-carre-points
- Deux ans de vacances, de Jules Verne (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/732645-deux-ans-de-vacances-eux-ans-de-vacances-jules-verne-le-livre-de-poche
- l'été, d'Albert Camus (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/454969-l-ete-albert-camus-folio
- le Destin miraculeux d'Edgar Mint, de Brady Udall (éd. 10-18) https://www.librairiedialogues.fr/livre/1849842-le-destin-miraculeux-d-edgar-mint-brady-udall-10-18
- La Petite lumière, d'Antonio Moresco (éd. Verdier) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18885936-la-petite-lumiere-antonio-moresco-verdier
- Djamilia, de Tchinghiz Aïtmatov (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18640-djamilia-tchinghiz-aitmatov-folio
- La Bibliothéque des écrivains, de Stéphanie Khayat (éd. Flammarion) https://www.librairiedialogues.fr/livre/19792504-la-bibliotheque-des-ecrivains-le-livre-qui-a-c--stephanie-khayat-flammarion
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