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EAN : 9791037502766
156 pages
Les Arènes (10/06/2021)
4.47/5   45 notes
Résumé :
" Dans les camps, il y a ceux qui survivent et ceux qui ne survivent pas. Il y a ceux qui reviennent et ceux qui ne reviennent pas. Personne ne sait pourquoi. C'est quelque chose qui vient du ciel. Il y a des anges, forcément. Je le crois. J'ai toujours eu deux anges avec moi. Je les ai toujours. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Peut-être parce qu'il fallait que je revienne. Il fallait que je dise ce que d'autres ne diraient pas, que j'écrive ce que personne n'écrirait. Je... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Marceline Loridan-Ivens est morte à 90 ans. 
C'était génial de vivre constitue sans doute son dernier témoignage, livré au documentariste David Teboul et à l'avocate Isabelle Wekstein-Steg.
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Elle raconte son enfance, puis des éclats de sa vie, souvenirs clairs ou tronqués de l'enfer concentrationnaire, elle qui fut déportée à Auschwitz-Birkenau à 15 ans.
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C'était génial de vivre est un bouleversant combat, une injonction à "continuer".
Les mots et les phrases sont jetés là, bruts, francs.
Paroles d'une femme libre. Enfin.
Parce que ce n'est pas parce qu'on est libéré qu'on est libre. Encore faut-il se reconstruire.
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J'ai lu beaucoup de témoignages, je me suis rendue au camp de Struthof, en Alsace, seul camp de concentration ayant existé sur le territoire français.
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Je me suis documentée... je croyais tout savoir ou presque. Quelle prétention.
Chaque fois que je consulte d'autres ouvrages, j'en apprends encore.
Toujours plus horrible.
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Voilà, je ne savais que dire pour transmettre mes émotions, je suis encore à court de mots et j'en suis désolée.
Autant de souffrances, autant de courage face à autant de cruauté... et encore, cruauté est trop faible pour qualifier les atrocités commises.
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Ce livre est très court, je vous invite à le lire.
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C'était génial de vivre. C'est un si beau titre je trouve !
Vous connaissez sûrement son prénom et son nom, Marceline Loridan-Ivens. Et vous l'identifiez probablement aussi, ne serait-ce que par ses cheveux bouclés, épais et roux. Et pourtant, comme moi, peut-être ne connaissez-vous pas encore son histoire. Ce livre va vous y conduire.
David Teboul et Isabelle Weinstein-Steg ont pris le temps de la connaître, de la rencontrer et d'installer une relation de confiance. Tous les trois ont été suffisamment proches pour que Marceline Loridan-Ivens accepte de se livrer une dernière fois, au soir de sa vie, et se raconter.
Marceline Rozenberg est née en mars 1928 à Epinal. Elle est au centre de sa fratrie. Un frère et une soeur l'ont précédé, tous deux nés en Pologne d'où sont originaire ses parents. Elle est la première enfant du couple à naître en France. Il en sera de même de son petit frère et de sa petit soeur. Elle voue un amour profond à son père. Avec sa mère, les relations sont plus compliquées. Entre frères et soeurs, on s'aime mais on se chamaille. Les plus grands ont déjà quitté la maison familiale quand la guerre éclate. Les deux petits sont cachés. Seule Marceline continue à vivre avec ses parents, et avec deux soeurs qu'ils cachent. La famille vit dans la crainte d'une arrestation. Ils sont juifs, non pratiquants, et l'étau se resserre, inexorablement.
Quand ils sont arrêtés, la famille vit au Domaine de Gourdon, à Bollène dans le Vaucluse dans un château que le père a acheté quelques années plus tôt. Marceline a alors 15 ans.
Elle est envoyée, avec son père et les deux jeunes soeurs, à la prison des Baumettes à Marseille, puis à Drancy, puis à Auschwitz-Birkenau.
Dans le convoi qui les envoie en Pologne, le n°71 du 13 avril 1944, elle y fera la rencontre de Simone Veil et de Ginette Kolinka. Son père ne reviendra pas.
C'est en enfer que Marceline arrive le 16 avril 1944. Triée, déshabillée, auscultée, habillée de fripes, elles sont mises au pas rapidement. La dureté du camp ne tarde pas à leur tomber dessus. Il va falloir tâcher de survivre coûte que coûte.
Elle raconte cela, la faim, la douleur, les coups, la survie, la mort. Comme elle le dit, elle « savait tout de la mort mais rien de l'amour ». Ce qu'elle vit, ce qu'elle voit, ce qu'elle fait, tout cela la marquera à vie. « On a l'âge de son trauma » dit-elle.
Elle, son trauma, c'est Birkenau, à quinze ans. Elle n'a jamais arrêté d'avoir quinze ans. Tout le reste, dit-elle encore, « c'est du rab ».
Car il y a cela aussi dans ce livre. Il y a le rab. le retour, la vie qui recommence, la famille qu'il faut retrouver, le quotidien qu'il faut réapprivoiser.
Je suis heureuse d'avoir lu ce récit et d'avoir découvert une femme forte. On ressent dans son témoignage le ressentiment qu'elle a envers certaines personnes. On imagine la difficulté de repartir de zéro, même à seulement 17 ans, vu ce qu'elle a vécu.
Si vous lisez ce livre, lisez aussi le témoignage de Ginette Kolinka, Retour à Birkenau, car les deux jeunes femmes ont vécu l'horreur ensemble.
Mention spéciale au graphisme du livre. La première de couverture montre quatre photos en couleur de Marceline Loridan-Ivens prises peu de temps avant sa mort. La quatrième de couverture montre huit photos d'elle, en noir et blanc, prises en 1961. Arrêtez-vous sur ces photos et admirez-la avant de la lire ou de la découvrir.
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Marceline Loridan-Ivens nous a quitté en septembre 2018 à l'âge de 90 ans. Des entretiens avec David Teboul et Isabelle Wekstein-Steg les deux dernières années de sa vie ont permis l'écriture de ce très touchant témoignage.

Marceline nous raconte sa vie, celle de sa famille, elle troisième enfant née en 1928, sa plus tendre enfance, son arrestation et déportation à l'âge de 15 ans. Sa rencontre avec Simone Jacob alias Simone Veil, l'autre rescapée de Birkenau.

Elle nous parle de ses engagements après la guerre, ses combats mais surtout de sa reconstruction, de son amour de la vie.

Ce qui m'a le plus particulièrement touchée c'est la difficulté pour ceux qui sont restés de croire et d'écouter les témoignages des survivants. Il est vrai qu'il est difficile de croire l'indicible.

J'admire sa force, sa lutte pour retrouver foi en la vie, retrouver l'humanité, la compassion et la tendresse.

Un témoignage émouvant, lumineux qui est indispensable, à lire pour ne pas oublier.

Je retiens qu'il est indispensable de garder en soi quelque chose de l'enfance.

"Je n'ai jamais quitté le camp...le vrai camp ne s'en va jamais. Il est au fond de moi."

et cette phrase bouleversante "Au retour, beaucoup de survivants ont voulu des enfants. Pas moi. J'ai dominé mon corps pour ne pas en avoir. ... pour éviter que cela ne recommence."

A lire de toute urgence

♥♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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David Teboul et Isabelle Wekstein-Steg, proches de Marceline Loridan-Ivens, nous font partager des propos d'elle qu'ils ont recueillis. Ils lui donnent la parole dans ce livre.
Marceline raconte son enfance heureuse et son amour pour son père. Croyant protéger sa famille, il achète un château à Bollène (zone libre pendant la guerre). Dénoncés par des voisins, le père et la fille sont arrêtés et internés à Drancy, d'où ils prendront le train pour Auschwitz. Les autres membres de la famille ont le temps de fuir...
Marceline dit l'horreur du camp, la cruauté des kapos, la perte des êtres chers. Dès son arrivée au camp, elle ment sur son âge ; à la descente du train, elle répond « 18 ans », ce qui lui permet d'échapper à la sélection. Elle relate aussi cette scène poignante : par hasard, elle croise son père dans le camp. Elle ne peut se retenir de l'étreindre, et elle est violemment battue par un SS au point de perdre connaissance. Son père a le temps de lui glisser un oignon dans son vêtement :

"Ce légume était un luxe extraordinaire."

Ce sera la dernière fois qu'elle le verra : elle ne cessera d'espérer son retour et de clamer son manque de lui…

Ses amis Ginette Cherkasky (Ginette Kolinka) et Simone Jacob (Simone Veil), les filles de Birkenau, sont revenues elles aussi des camps de la mort.
Après Auschwitz et Bergen-Belsen dont elle est rescapée, Marceline parle du retour à la vie. Elle dit combien il est difficile, voir impossible de raconter ce qui a été, car personne, après la guerre, n'a envie d'écouter ni de croire. Les rapports avec sa mère sont durs, tout comme ceux avec Marie, sa belle-soeur, qui s'est mal comportée avec elle en déportation.
Elle dit :

"Dans ces années-là [après-guerre], on a posé un couvercle sur la marmite. Il ne fallait surtout pas parler des camps. (...) Aujourd'hui, alors que c'est devenu possible, on se retrouve face à des ordures antisémites et négationnistes. C'est le silence de l'après-guerre qui en est responsable."

Marceline ne se présente pas comme une héroïne. Elle dit elle-même que tout le monde a pu oublier ses mésactions tout en croyant avoir été irréprochable, et elle ne juge personne. Elle donne à voir les comportements humains, surprenants, bons ou odieux. Elle-même ne peut oublier la petite Grecque qu'elle a fait mourir en la poussant sur les ordres d'un SS.

Marceline, pleine de vie et de projets, du désir de vivre et d'aimer, disait qu'elle choisirait quand elle mourrait :

"Ça ne va pas durer longtemps parce que, à un moment, on est tous obligés de se barrer. C'est moi qui déciderai du moment. Ça, j'en suis persuadée. (...) Maintenant je fais du rabe. Rien ne peut m'empêcher d'être joyeuse."

La rabbine Delphine Horvilleur, qui a prononcé le kaddish sur sa tombe, s'amuse de son pied de nez à Dieu, en qui elle disait ne pas croire à cause de son absence dans les camps (elle qui pourtant jeûna à Auschwitz pour rester digne à Yom Kippour : Marceline est morte à 90 ans le soir de la plus importante des fêtes juives : celle du Grand Pardon.
Lien : https://lemanoirdeslettres.f..
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Rien de nouveau sous le soleil pour moi qui lis beaucoup de témoignages et récits de vies sur la seconde guerre mondiale, avec ce livre qui apporte le témoignage de Marceline Loridan-Ivens (réalisatrice, écrivain, scénariste et accessoirement grande amie de Simone Veil) sur la façon dont elle a vécu la déportation (à Auschwitz-Birkenau puis à Bergen-Belsen) et son "retour à la vie" cahotique.
Mais, il n'en reste pas moins un témoignage précieux car il aide au devoir de mémoire et à la transmission aux générations futures, et ce d'autant plus que ce livre lui donne la parole à quelques mois de son décès survenu en septembre 2018.
Ce que j'y ai trouvé de nouveau, c'est la façon dont Marceline évoque sans fard les exactions que les Allemands les obligeaient (et l'obligeaient) à commettre pour tenter de survivre et le sentiment de culpabilité qui perdure toute la vie à ces souvenirs... C'est aussi de reconnaître sa difficulté à revivre comme si de rien n'était et ses tentatives de suicide... C'est aussi la critique qu'elle exprime sur le silence total et malsain qui a entouré le retour des déportés... C'est la façon dont elle met en lumière son engagement militant en faveur de la politique, de la liberté de création, du féminisme, de l'amour libre... Autant de thèmes qui, souvent, ne sont pas abordés dans d'autres témoignages.
Bref, une belle figure de femme avec ses beautés et ses failles dont il m'a été particulièrement plaisant d'entendre la voix à travers ces lignes.
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critiques presse (1)
LaCroix
20 septembre 2021
Sans doute le dernier témoignage de Marceline Loridan-Ivens, brut et bouleversant.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Marceline, Le premier film dans lequel tu apparais est Chronique d’un été d’Edgar Morin et Jean Rouch. On te voit dans les rues de Paris, posant aux passants cette question : « Êtes-vous heureux ? » Cela se passe en 1960. Tu as trente-deux ans. Edgar Morin t’a expliqué que le sujet du film était le bonheur. Il fallait arrêter au hasard des passants dans la rue pour leur demander « Êtes-vous heureux ? » et voir comment ils réagissaient à cette question. Tu lui as répondu : « Tu ne penses pas qu’ils vont nous balancer des tartes ? » Morin t’a dit : « Non, pas du tout. Tu es piquante, séduisante, très jolie, ça va très bien marcher. Sois aguichante et sympathique. » Toi, tu avais envie de pleurer. Lorsque tu as dû répondre à cette question – « Êtes-vous heureuse ? » –, tu t’es trouvée prise au piège. Tu as pleuré, tu as pensé à la mort de ton père à Auschwitz. Pour toi, depuis quinze ans, tout était du rabe. Tu ne pouvais pas échapper à ce que tu avais vécu. La morte que tu étais ne pouvait plus revivre. À Drancy, sur les murs de la prison, tu avais écrit : « C’est presque un bonheur de savoir à quel point on peut être malheureux dans la vie. »
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Chez les déportés survivants, les souvenirs sont parfois incertains. Il faut les prendre comme ils viennent. Moi, je suis sûre de mes souvenirs. Je me souviens de mes mauvaises actions autant que des bonnes. Je n'oublie rien des circonstances . Je n'ai pas honte de parler de ce que je crois avoir commis de mauvais et même d'atroce. Ce qui est mal est aussi important, et même plus important que ce qui est bien? Je me dis souvent : "Tu as été bonne une fois, mais tant de fois tu as été du mauvais côté, tu as commis des saloperies". Il y avait tant d'occasions au camp de commettre des saloperies. Les travaux épouvantables que j'ai dû accomplir à la fin m'apparaissent aujourd'hui comme des saloperies, même si je n'avais pas le choix. J'ai creusé des trous pour brûler les Hongroises, je n'avais pas le choix et je l'ai fait. J'avais le sentiment de commettre le mal, car c'était une façon de participer à la mort des autres. Certaines filles ont dit non. Elles sont parties à la chambre à gaz. Moi, je n'ai pas dit non.
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A la fin des années 1940, il y avait autre chose. On se sentait toujours entourés de fils de fer barbelés. On ne les voyait pas, mais ils étaient là. Ces barbelés de l'après-guerre, c'étaient les incompréhensions, les aberrations, les mensonges. L'attitude du général de Gaulle vis-à-vis des Juifs me paraissait lamentable, lui que tant de Juifs avaient rejoint à Londres.
Dans ces années-là, on a posé un couvercle sur la marmite. Il ne fallait surtout pas parler des camps. Ca a duré dix ans, vingt ans, trente ans, quarante ans. Pendant combien d'années a-t-on été privés du droit d'en parler ! Aujourd'hui, alors que c'est devenu possible, on se retrouve face à des ordures antisémites et négationnistes. C'est le silence de l'après-guerre qui en est responsable.
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Tu as longtemps été scandalisée d’arriver à vivre après ce que tu avais vécu. Tu ne comprenais pas comment tu pouvais encore faire des gestes quotidiens, regarder des vitrines dans la rue, vivre au jour le jour.
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Tu as longtemps été scandalisée d'arriver à vivre après ce que tu avais vécu. Tu ne comprenais pas comment tu pouvait encore faire des gestes quotidiens, regarder des vitrines dans la rue, vivre au jour le jour.
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Videos de Marceline Loridan-Ivens (32) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marceline Loridan-Ivens
Rencontre avec Frédérique BerthetFrédérique Berthet a publié en 2018 aux éditions P.O.L La Voix manquante – texte qui retrace l'apparition fugitive et inoubliable de Marceline Loridan dans Chronique d'un été de Jean Rouch et Edgar Morin. Ce film de « cinéma-vérité » évoque les souvenirs poignants de la déportation de Marceline. La Voix manquante raconte les coulisses de ces images. Frédérique Berthet a reçu pour La Voix manquante le Prix du livre de cinéma 2018 décerné par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC).Rencontre animée par Alexia Vanhee
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