Il y a dans la magie…
Extrait 1
Il y a dans la magie
l’immixtion perpétuelle
de dieu
non comme un esprit
ou comme un être
mais comme un état
plus carié
du cœur
Car qu’est-ce que c’est que le cœur ?
Une carie
une carie perforante de chair
dont l’attendrissement
a fait cet organisme
de sang mou
et battant
ce séisme perpétuel
cette syncope de la vie.
Qu’est-ce qu’un battement de cœur ?
Une vie qui s’arrête brutalement de fluer,
d’abonder là,
et qui repart.
Poussée par quoi ?
On ne sait pas.
Une nécessité déjà noire,
une avarie menaçante du cerveau,
qui relève l’étron de chair rouge
et le pousse à donner
ce qu’il a
à dire
ce qu’il veut et
ce qu’il a. –
//Antonin Artaud (1896 – 1948)
Il y a dans la magie…
Extrait 3
L’homme a connu l’immortalité.
La seule, la vraie !
L’immortalité corporelle.
La durée sempiternelle du corps,
du même homme
dans le même corps
à travers le temps
sans arrêt,
et l’espace
éternellement
inondé. –
il savait qu’il ne mourrait pas,
qu’il n’irait jamais au cercueil
qu’il ne connaîtrait pas
les affres
de l’ensevelissement de la bière,
lesquels ont été de toutes pièces
inventés
par les lémures,
qui en font d’obscènes repas,
qui en composent toute leur nourriture,
et sans ces affres ils ne vivraient pas. –
L’homme avait été créé immortel,
et ce n’est pas de l’histoire sainte,
c’est l’histoire de la vérité,
il n’avait pas d’astral où aller.
ne lui introduisez-pas
la dialectique cérébrale de la pensée
//Antonin Artaud (1896 – 1948)
Il y a dans la magie…
Extrait 2
dieu est donc cette carie,
cet étron rouge,
cette avarie. ‒
car dieu est une maladie.
Ce n’est pas le créateur,
c’est le gouffre
entre le créé et l’incréé.
Gouffre qui ne sera jamais rempli
ni remplacé,
mais qui se vrille
dans chaque pensée révulsée de l’homme,
dans chaque impérative angoisse,
mal disposée et mal placée,
pour lui imposer une angoisse de plus :
celle de l’Être insatisfait,
qui ne sait pas de quoi il est fait,
alors que l’homme lui, le sait,
pourvu qu’il soit en bonne santé.
Mais il n’est plus en bonne santé.
Il n’est jamais en bonne santé.
Et c’est la présence,
l’apparition de dieu,
de ses sbires ou de ses vices,
qui lui ont enlevé cette santé,
en jetant dans le monde
un certain nombre d’idées
qui jusque-là n’avaient pas existé
et qui composent toute la magie
dont il va être question ici :
mort,
astral,
au-delà,
hypnose,
rêve,
médiumnité,
magnétisme,
transmission de pensée,
survie
néant
esprit
pensée
dialectique
personnalité. –
//Antonin Artaud (1896 – 1948)
26 février 2013
Art press est né quand Beaubourg n'était encore qu'un grand trou, attendant qu'on y dresse le Centre Georges-Pompidou. L'art minimal s'imposait à New York, là où venait d'ouvrir The Kitchen, foyer de toute une génération nouvelle de danseurs et de performers. Aujourd'hui, le magazine montre le palais de Tokyo rénové et disposant désormais de 22 000 m2 pour exposer l'art contemporain et interviewe l'artiste chinois Ai Weiwei, assigné à résidence par les autorités de son pays. Pour une liberté d'expression inconditionnelle, contre tous les sectarismes et les archaïsmes, d'Andy Warhol à Jeff Wall, de Jacques Lacan à Jean-Paul II, de Tel Quel à Michel Houellebecq, de Pierre Boulez à Christian Marclay, ce sont 40 ans de vie artistique et littéraire que retrace cet album. Une large sélection de couvertures et d'articles met en lumière quatre décennies d'existence d'un magazine indépendant, considéré comme le meilleur en France dans son domaine, et qui ne manque jamais d'être partie prenante des débats esthétiques et des combats idéologiques de son époque.
Sous la direction de Catherine Millet. Préfaces de Nicolas Bourriaud, Olivier Kaeppelin, Maurice Olender, Alfred Pacquement.
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