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Critique de Khalya


Même si ce roman est classé dans fantasy, surement parce que c'est une réécriture de conte, il est ancré strictement dans le monde réel.
La belle-mère de Cendrillon, Agnès, va nous raconter comment elle en est arrivée à ce point-là : Belle-mère la plus détestée au monde.
Fille de serf, rien ne la destinait à approcher la noblesse autrement que pour la servir. Mais c'était sans compter sa capacité hors du commun à survivre.
Toute sa vie, Agnès a été dépossédée de ce qu'elle avait pu obtenir, de ses espoirs également. Et force est de constater que c'est bien souvent à cause de l'abbesse Elfida, marraine de Cendrillon, qu'Agnès est malmenée.
J'ai vraiment eu du mal à supporter l'abbesse. Sous ses dehors sages, éthérés, doux ou encore bienveillant, elle se révèle sèche, arrogante, avide de pouvoir et dépourvue de toute charité chrétienne. Elle entend bien que chacun reste à sa place, que les domestiques ne cherchent surtout pas à avoir une vie meilleure et se sert de sa position pour contraindre tous ceux qu'elle peut atteindre à se plier à ses ordres.
Agnès, elle, n'est pas du genre à se laisser faire. Elle a osé court-circuiter son supérieur pour être envoyée comme domestique à l'abbaye, et là, a profité de quelques leçons de la mère de l'abbesse Elfida, qui ne ressemble guère à sa fille. de ses leçons elle a tiré le maximum de bénéfices puis a su tirer son épingle du jeu quand elle se retrouve dans une situation embarrassante.
Elle apprend à lire quasiment toute seule et connait une évolution qui est impensable à l'époque : d'assistante lingère à servante, puis tavernière et enfin nourrice, ce qui va finalement la conduire à assumer les fonctions d'intendantes puis d'épouse.
Cendrillon est la fille de Emont, un fils cadet à qui l'abbesse a confié la gestion du manoir d'Aviceford et de ses terres, et de lady alba, la propre soeur de l'abbesse, réputée folle.
La fillette, prénommée Elfida comme sa marraine, est plus couramment appelée Ella.
Agnès, en tant que nourrice, a une certaine autorité sur la fillette, autorité qu'elle va quasiment perdre en épousant Emont après la mort d'Alba.
Depuis aussi longtemps qu'elle le connait, Emont est un alcoolique qui dédaigne les affaires et la gestion du manoir, qu'il laisse à des intendants plus ou moins compétents et fiables. Agnès va finir par prendre peu à peu les rênes du manoir, ce qui va « autoriser » Emont à se désintéresser encore plus de ses obligations qu'il sait à présent entre de bonnes mains.
Ella est une fillette difficile, capricieuse, bien trop gâtée par son père qui lui passe absolument tout et souffrant probablement de la même pathologie que sa mère que je soupçonne d'avoir été maniaco-dépressive.
Au fil de l'histoire, on peut voir que ce qui est reproché à la belle-mère de Cendrillon (l'avoir reléguée au grenier, l'avoir obligée à effectuer les tâches ménagères, lui avoir fait porter des haillons, lui avoir interdit d'aller au bal…) n'est pas complétement faux, mais a été amplifié jusqu'à devenir un comportement cruel alors qu'il ne s'agissait que de sanctions bien méritée qui n'ont pas eu la dureté ou la durée qu'on leur prête, ou encore tout simplement de bon sens.

Les relations entre Ella et Agnès sont parfois conflictuelles, mais cela ne dépasse pas ce qu'il est habituel de voir entre une mère et sa fille en pleine crise d'adolescence.
Au travers de la réécriture du conte, l'auteur nous dépeint une réalité historique révoltante où, quand on n'était pas « bien né », on n'avait aucune chance de sortir de sa condition car les portes étaient tout simplement fermées.

Le destin d'Agnès fait figure d'exception et a sûrement contribué aux rumeurs, comme si celles-ci était une façon de la remettre à sa juste place : au pied de l'échelle.
L'histoire est finalement celles de simples humains : pas de belle-mère diaboliques, pas de jeune fille à la perfection absolue.
Juste une mère et sa fille qui ont eu du mal à se comprendre.
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