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Nicolas Tellop (Autre)
EAN : 9782874497421
128 pages
Les Impressions nouvelles (16/01/2020)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Lorsque le maître du manga, Osamu Tezuka, donne naissance au personnage d'ASTRO en 1952, il s'inspire, entre autres, du célèbre roman de Collodi, Les Aventures de Pinocchio.
Mais le destin du petit robot est bien différent du pantin de bois, le merveilleux s'étant mué en science-fiction pour explorer d'autres horizons. Rejeté par son créateur (le Dr. Tenma, chef du Ministère de la Science), vendu à un cirque, il est sauvé par un vieux scientifique idéaliste q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Merci aux Impressions Nouvelles et à Babelio pour l'opération Masse Critique (ça sonne un peu ? comme une mission pour un super-héros !)

La fabrique des héros est une – toute jeune - collection de livres prenant comme objet d'étude, la culture populaire. Astro boy - Atom au Japon - petit robot inventé par le mangaka Ozamu Tezuka, est le sujet du livre signé Nicolas Tellop : le choix du sujet est original, et nullement anodin, car si Astro est un héros mondialement connu, attachant parce qu'il est un robot et un enfant, il est avant tout un enfant qui sacrifie sa vie ! le livre s'inscrit dans le courant de la pop philosophie. et interroge une époque, l'histoire du Japon défait de 1945, la science et surtout, l'enfance : « Astro, c'est le héros qui devait sortir d'une époque de crise et d'angoisse, de frustration et de douleur, pour renouer avec la vie » (p.11). Pour qui ne lit pas habituellement ce type d'ouvrage, le propos de Nicolas Tellop est pertinent, agréable à lire : 120 pages sans hermétisme, et bien argumentées.
Alors, philosophons avec Astro.

A l'origine, Astro est un personnage secondaire apparu dans une série de sf traditionnelle que publie le magazine Shonen. La série, n'ayant pas de succès, s'arrête. Mais, l'éditeur suggère à Tezuka de reprendre Astro et d'en faire un personnage principal, pas simplement un robot, mais surtout un enfant pour que les lecteurs éprouvent de l'attachement. Cette image, ambiguë, d'indistinction entre le robot et l'enfant court tout le long de la publication.

Comment humaniser un robot ? Dans le premier chapitre, Anatomie d'un robot, Nicolas Tellop revient sur les textes qui ont évoqué les hommes-machines pour interroger la nature même du robot : Descartes, des romanciers, ou le philosophe Pierre Cassou-Noguès. Astro a-t-il des sentiments humains ? Une conscience ? Si Tezuka s'est lointainement inspiré de Carlo Collodi, la comparaison avec Pinocchio s'arrête très vite : Astro n'est pas un pantin devenu garçon, c'est un robot ET un enfant en même temps. « Au milieu de ce métal et de cette énergie atomique, il existe un angle mort, une zone aveugle, dont l'imaginaire remplit la béance. […] dans cette anatomie surexposée… il manque quelque chose, un « je ne sais quoi » qui expliquerait ce qui distingue Astro des autres robots. […] Il existe une magie dans Astro qui ne peut sans doute pas porter d'autre nom que l'âme » (p.44).

Astro est un orphelin.
Le personnage perdu, abandonné, sans parents, est un archétype mythique très ancien, qu'on retrouve au XX° siècle dans la BD où beaucoup de héros sont des orphelins, avec des pères de substitution. Parce qu'ils n'ont pas de famille, ils seront/sont des superhéros, cherchant à trouver une place dans le monde : « pour tous, il s'agit de surmonter un abandon vécu comme un handicap, de triompher de cette épreuve » (p. 49). Dans le deuxième chapitre de l'essai, le dernier des garçons perdus, l'auteur convoque abondamment la figure de Peter Pan et son Pays du Jamais. L'histoire du XX°, ses nombreux traumatismes font que les orphelins ne dépassent plus leur destinée. Les enfants sont perdus, incapables de grandir. L'auteur montre que le personnage d'Astro est différent : lui ne peut pas grandir. Il est seul. L'humanité est incapable de l'aimer. Comme tout héros, Astro décrit son époque : l'après-guerre et la défaite du Japon, notamment lorsque l'empereur Hiro-Hito énonce qu'il n'est pas un être divin. Face à cet effondrement, le héros apporte de nouveaux repères.
Le personnage du robot permet bien évidemment à l'auteur d'interroger la science et l'énergie nucléaire. Atom apparaît en 1951, Godzilla trois ans plus tard : « les deux personnages participent d'un même élan cathartique. Si Godzilla soigne la mal par le mal, Astro permet de faire le deuil des illusions passées en douceur » (p.81 et 82). Mais, explique l'auteur, si le petit robot incarne le symbole du progrès et le moteur de la reconstruction, pour Tezuka, son récit n'est pas l'apologie de la science, mais un éloge d'Astro lui-même dont la mission est en fait de pacifier le Japon avec lui-même, et de permettre au pays de retrouver l'équilibre perdu avec la guerre. Celle-ci aura été pour Tezuka (né en 1928) et d'autres un traumatisme et Astro « est la revanche des enfants de la guerre, qui leur rend tout ce qui leur a été enlevé » (p.95). Il apporte au Japon une dose d'espoir et d'énergie. Les enfants se remettent à rêver. Ici, l'auteur convoque le philosophe Giorgio Agamben et son essai, Enfance et histoire, pour évoquer une génération pour qui l'expérience (le savoir humain) s'est appauvrie, anéantie. Désormais c'est la science – en remplacement de la figure impériale – qui devient le modèle, le fétiche, mais, cette expérience est située hors de l'homme.
Pour retrouver l'expérience, il faut retrouver l'enfance. « Plus que le syndrome de Peter Pan, il faut reconnaître dans cette volonté de ne pas grandir la foi absolue en une enfance qui, seule, garantit la reconquête d'une humanité, là où les adultes ne peuvent qu'échouer » (p. 109).

Ainsi ce livre doit être lu comme une réflexion sur l'enfance, une réflexion qui plus est extrêmement stimulante.
Nicolas Tellop termine quasiment son livre sur le visage de Greta Thunberg, écrivant qu'Astro Boy est certainement une des oeuvres les plus engagées de son temps : devant un monde adulte irresponsable, devant leur renoncement, les forces de l'imaginaire et de l'enfance font sécession !
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Merci à Babelio et aux éditions Les Impressions nouvelles pour cet essai fort sympathique de Nicolas Tellop consacré à l'une des créations les plus emblématiques d'Osamu Tezuka : Astro Boy.

Astro Boy : Coeur de fer est un bon exemple de vulgarisation intellectuelle parfaitement accessible doté d'un style sobre et efficace... sans être d'une froideur clinique. À travers le personnage d'Astro, cet enfant-robot, Nicolas Tellop souligne l'humanisme dont faire preuve le "Dieu du manga " en soulignant cette puissance de l'enfance qui est à même la seule de "sauver " l'humanité a contrario de la cloisonnante maturité des adultes. Nicolas Tellop insiste donc sur l'essence et l'impact d'Astro qui est profondément relié à l'enfance.

Le journaliste ajoute une petite pierre critique sur la figure du robot en interrogeant l'identité d'Astro partagé entre l'enfant, l'humain et la machine. L'auteur le compare notamment aux robots d'Asimov , à l'homme-machine de Descartes ou encore aux répliquants de Dick.
Suite à cette interrogation sur l'essence d'Astro à travers de multiples références à l'oeuvre de Tezuka, le journaliste s'interroge donc sur l'impact et le contexte de l'oeuvre, un titre fort orienté pour la jeunesse mais pas n'importe laquelle , celle d'une jeunesse d'après-guerre qui se relève du lendemain nucléaire de Nagasaki et Hiroshima. de ce fait, Nicolas Tellop souligne cette importance humaniste que revêt Astro Boy et ce qui se cache derrière cette simple façade d'un manga représentatif du manga-jeunesse.
L'essai du journaliste met donc en valeur le coeur d'Astro Boy en opposition au "coeur de pierre des adultes". Cette lecture brève incarne donc un petit essai bonus pour celles et ceux qui se sensibiliseraient à cette oeuvre majeure d'Osamu Tezuka.
Même si l'essai de Nicolas Tellop est efficace et agréable à lire ( il se dévore d'une traite), je regrette que l'auteur ne soit pas allé plus loin dans la genèse et l'historique d'Astro, son impact dans la société japonaise et le manga moderne. L'auteur pousse d'abord son analyse entre les murs du manga et à travers la figure de la robotique. Il y a quelques exemples comparées avec Peter Pan et Pinocchio. C'est intéressant mais c'est surtout dans la dernière partie que Nicoles Tellop ancre plus précisément le manga d'Osamu Tezuka avec son contexte d'alors avec notamment les bombardements et le climat d'après-guerre. J'ai trouvé cela un peu dommage que l'auteur ne parle pas davantage du phénomène que fut Astro le petit robot par la suite. de ce fait, je pense que cet essai s'adresse peut-être davantage à celles et ceux qui ont déjà un pied dans le manga sans se soucier plus avant de l'historique, de la genèse et de l'évolution de l'oeuvre.

Astro Boy coeur de fer est un essai agréable et lisible qui apporte une petite pierre analytique sur la figure d'Astro, sa volonté d'humanité et son reflet de l'enfance altruiste. L'essai est cependant un peu modeste et n'apporte pas non plus un regard véritablement novateur sur la figure du petit robot. Toujours est t'il que Nicolas Tellop fait bien de rappeler qu'une oeuvre culturelle ne se limite pas à sa catégorie de lectorat auquel elle se destine mais qu'elle est porteuse d'un message plus profond qui mérite qu'on y consacre beaucoup davantage d'attention.


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Merci à la maison d'édition, Les impressions nouvelles, et à Babelio pour cet envoi grâce à la masse critique !

Je ne suis pas une spécialiste de Tezuka, mais je connais l'univers d'Astro et le monde des mangas. Je ne précise pas ça pour m'en vanter, mais parce qu'après lecture d'"Astro, coeur de fer", je pense qu'il ne peut pas servir d'ouverture sur le monde d'Astro – il faut déjà connaître Tezuka et son oeuvre un minimum pour s'y retrouver. J'ai trouvé le style d'écriture quelque peu ampoulé, surtout au début (ça pourrait en rebuter certain.e.s à la lecture), mais ça reste très abordable et l'essai se lit rapidement. Ce qui est sûr, c'est qu'Astro est l'une des oeuvres les plus engagées de son temps, et Nicolas Tellop l'explique bien. Cet essai n'est pas avare en sources et analyses (Descartes, Collodi, Barrie. Asimov, Shelley..), ce qui le rend vraiment intéressant... bien que je ne sois pas d'accord avec tout ! La dernière partie est celle que j'ai préféré (bien que j'ai beaucoup apprécié le parallèle avec Peter Pan). J'aurai aimé que l'auteur se concentre davantage sur l'impact d'Astro (sur la société japonaise, et le monde du manga en général). J'ai apprécié la lecture dans l'ensemble.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L'orphelin Astro exerce le même pouvoir de séduction sur l'imaginaire : au lieu de rêver escorté par une meute sauvage, le lecteur se projette dans les capacités surhumaines du robot. Toute l'humanité du héros tient donc bien au fait qu'il n'en fait justement pas partie, qu'il en est exclu, isolé, et que c'est cette marginalisation même qui lui permet d'en reconquérir les valeurs perdues. Astro est notre ami imaginaire, celui qui nous protège contre une humanité qui a oublié son nom.
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Les adultes nous ont abandonnés mais l'enfance, elle, n'abandonnera jamais l'humanité.
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