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Critique de Acerola13


Dans cet ouvrage à la plume engagée, Ece Temelkuran s'évertue à décrire le processus par lequel la Turquie est passée d'un État laïque à un État gouverné par un parti populiste conservateur se réclamant du "vrai peuple" turc. Elle souligne la difficulté à interrompre le cours de tels mouvements, et à tenter d'argumenter face à leurs propos illogiques, paradoxaux, et pourtant totalement assumés.

Dépassant les frontières de la Turquie, l'auteur met en garde les pays occidentaux que se croiraient à l'abri du populisme de droite, et reprend les exemples de l'élection de Trump et du vote du Brexit pour étayer sa "méthodologie" pour faire passer un régime de populiste à dictatorial. La recette : créer un mouvement, qui se distingue d'un parti, forcé de concilier avec la politique existante, manipuler et vider de son sens le langage, jouer sur la honte, démanteler les institutions politiques et judiciaires, ne pas lésiner sur la propagande et sur la figure du "bon citoyen", qui est d'ailleurs très souvent une "bonne citoyenne", les femmes étant des cibles plus faciles au premier abord, puis rire de l'horreur, et enfin modeler son propre pays.

On y apprend donc comment l'AKP a apporté son aide aux défavorisés en échange d'un vote assuré, la mainmise du parti sur l'économie et la fuite des hommes d'affaires refusant la complaisance à l'égard du régime vers Londres et donc la création d'une nouvelle diaspora, la persécution des journalistes et des intellectuels au cours entre autres de simulacres de procès, ou encore un très intéressant questionnement sur l'expression "mon pays", et la manière qu'ont les habitants, ou les exilés, de définir cette patrie dans laquelle ils ne parviennent plus à se reconnaître.

Cet ouvrage fourmille donc d'exemples intéressants, même si j'ai trouvé le style de l'auteur plutôt désagréable, parsemé d'anecdotes ou de citations parfois bancales pour introduire un sujet qui lui tenait à coeur. On demeure glacé le livre refermé, et très triste vis-à-vis de ce que pouvait représenter la Turquie en termes de laïcité à une époque qui semble désormais bien lointaine.
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