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EAN : 9782874894978
209 pages
Weyrich (30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
S’en revenant de guerre, un homme découvre son nom gravé sur le monument aux morts de son village. Un choc existentiel qui le pousse éperdument à la recherche de lui-même… Dans ses carnets intimes, le fantasque héros nous précipite alors dans une quête insolite où se disputent sagesse et folie, rire et tragique, vrai et faux, un dépouillement jusqu’à l’os, avec pour question lancinante : que reste-t-il quand nous avons retiré de nos vies tout le superflu ?
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un roman sur la condition humaine et les personnages que nous jouons.

Un roman tout à fait original, qui ne ressemble à aucun de ceux que j'ai lus.
Voici une dizaine de carnets laissés par un homme à son psy, … D'abord sérieux, l'homme finit par se lâcher, et se dépouiller jusqu'à l'os. Ses écrits truffés d'humour, de sens caché donnent à rire, à se questionner sur les personnages qu'on montre aux autres et qu'on joue tout au long de sa vie… Certaines des expériences qu'il relate sont tout à fait inoubliables !
J'ai aimé l'écriture ciselée, où aucun mot n'est laissé au hasard, …Vous pouvez en lire de petits morceaux à haute voix, vous serez surpris par le sens que vous y découvrirez… Car vous aurez pris le temps d'écouter et savourer avec lenteur la pensée de cet homme qui cache une grande sagesse derrière sa « folie » douce-amère.

Certains mots sont inventés pour exprimer au plus près ce qui habite l'homme… et lui tirer tout son jus ;-)
Lecture décoiffante, … à plusieurs niveaux. Car derrière l'humour, se cache bien souvent l'essentiel.
Un Ovni littéraire, un moment d'hallucination clairvoyante, où l'auteur a du mettre sa peau sur la table pour écrire ce roman un peu fou sur notre condition humaine… Génial!
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Les derniers jours du Moi en sont confis. C'est une apothéose du je pour le non-nommé Personne. Celui-ci écrit son anamnèse, reconstituant sur le conseil de son psychiatre, l'histoire pathologique de sa maladie : « Mal dans ma peau ? C'est peu dire ! Surtout mal dans ma peau de mâle. Imbu de ma personne, j'avais la gueule de bois », la gueule de moi.

L'ego est hommenivore, Docteur.

L'acide lucidité du narrateur tient à exprimer dans les « Motsmaux » de ses « Amoiements » la légèreté et l'humour de sa situation. C'est qu'elle est grave, qu'il est en danger. Pour se débarrasser de soi, il doit se mettre à nu. Littérairement et littéralement. Dans ce processus intérieur lent, c'est pris de priapisme en place publique que Personne est embarqué en maison de santé ; auteur et créateur d'« Un JE de hasard. Un JE de dupe. Un drôle de JE de rôle. »

Comme dans une cible, je passais d'anneau en anneau,
toujours plus étroit, croyant à chaque pas atteindre mon centre

L'aventure devient un essai philosophique non identifié. Luc Templier rappelle l'universalité du moi et raconte, à partir du chemin d'un fou qui peut être un génie, la voie possible d'une douloureuse libération de soi, d'une nécessaire implosion du moi pour une jouissive explosion de joie. Car Personne découvre le bonheur dans son malheur d'être un homme. Pour s'en sortir, il a un grand projet, son Grand Oeuvre, vers lequel il conduit le lecteur.

J'ai la certitude, Docteur, que le bonheur d'une vie

se joue sur quelques secondes sensibles, tendues comme l'éternité
Personne s'imagine à « l'heure de la grande vacance du Moi. le bout du mensonge. La fin du feint. » Égocentrystérique, il se demande « Jusqu'où faut-il descendre ? Dans quels bourbiers scintille le feu sacré de l'homme ? » Réduit à mendiant néant, se saisissant de la vacuité du vide, « sans toit ni Moi », il découvre tel Diogène de Sinope, le dégoût et le mépris de ses semblables, s'exaltant :

Si vous accueillez cela, si vous l'accueillez vraiment, quelle convalescence !

Unique et ineffable, ce que vit Personne ressemble à ce que le néoplatonicien Plotin (205-270) dit de l'expérience mystique : le moi se perd, il n'est plus rien, ni esprit ni corps, il y a rupture. Pourtant c'est à la fois une expansion et une impression d'intensification du moi. le moi sort de ses limites et se dilate dans l'infini. Il se perd dans quelque chose qui le dépasse totalement.

J'étais immergé en permanence dans cette sorte de béatitude sans nom, subtil équilibre de yin et de yang, sans trop de mâle, sans forme, sans début ni fin, sans espoir, parce que sans regret, que j'appellerai « Éveil », faute de mieux.

Cependant, cet état ne peut être qu'inattendu parce que pur ; non désiré. Mais alors, quel est donc ce grand projet, le Grand Oeuvre en Personne ?
Lien : https://le-carnet-et-les-ins..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les grandes conversions, même lumineuses, commencent toutes par un joyeux bain de boue.
*
Il y a d’ailleurs tellement de personnages en nous tous, tant de passagers clandestins, qu’il serait plus judicieux de dire « Nous » pour parler de soi, plutôt que « Je », tellement ça grouille à l’intérieur.
*
Retenez, Docteur, que je ne suis le disciple d’aucune secte, mais que je suis un adepte de l’humour, une société secrète qui se joue du sérieux.
*
Ne trouvez-vous pas qu’on nous vend une vie de contrefaçon ? D’occasion si vous préférez ? La vraie, toujours neuve, est hors de prix.
*
D’un coup, je fus balayé ; passé, présent, avenir… et tout vestige d’espoir inutile avaient disparu. Un peu comme si j’étais descendu de moi-même, comme on descend de l’autobus en marche.
*
Il ne s’agissait plus, voyez-vous, de rendre plus agréable la prison du Moi dans laquelle je m’étais jusqu’alors enfermé, mais de m’en évader.
*
Sans compter, Docteur, la quantité de personnages qui se côtoyaient en moi. Consternant ! On passe son temps à s’inoculer des corps étrangers, des germes qui se développent, enflent comme des maladies et finissent par devenir des traits de personnalité qui ne tardent pas à s’exprimer à tort et à travers. Une véritable épidémie de pensionnaires.
*
Avouez, Docteur, que si je ne parlais que raisonnablement et à bon escient, je dirais beaucoup moins de vérités.
— Comment vous sentez-vous ?
— Nous allons bien.
— Nous ? Quand vous dites Nous, c’est vous et moi ? Ou c’est vous tout seul ?
— Comme vous voulez, Docteur, mais c’est plutôt moi tout seul. Vous savez bien qu’on est plusieurs. Ça grouille à l’intérieur. Comme dans une maison d’hôtes. Des personnages qui vont et viennent, vivent et meurent. Vous n’avez pas remarqué ? Le personnage qu’on était hier n’est plus. C’est même la raison pour laquelle au lieu de se dire bonjour le matin, on devrait se présenter nos condoléances.
*
Regardez autour de vous, Toubib, il y a surdosage de testostérone, ça déborde partout. C’est la noyade assurée. Franchement, parfois, je suis si peu fier que je me les couperais bien pour faire un don d’organes au chat.
*
C’est si difficile de changer. Il faut tailler l’ego en pièce et c’est pas du gâteau. Je dis souvent qu’il faut être prêt à se noyer dans le lit de sa propre rivière… Ou se donner soi-même un bon coup de pied au cul… Ou si vous préférez, être le couteau qui taille son propre manche…
*
… Comme les anciens, je glisse entre mes lignes des graines pour les sots.
*
Il y a longtemps que j’ai compris que la peur de vivre est la principale source des lâchetés et, par voie de conséquence, l’origine des inévitables violences compensatoires qui s’ensuivent…
*
Vous savez sans doute mieux que moi, mon cher Docteur, que ces choses que l’on rejette sur les rivages de nos vies, par peur ou confort, risquent de nous revenir un jour ou l’autre en pleine poire, lors d’une crue, avec une brutalité directement proportionnée à la force avec laquelle on a voulu les refouler.
*
Si chacun cherche à remplir sa mission sur cette terre, du mieux qu’il peut, la mienne semblait être de creuser les abîmes de l’insignifiance et de cirer les pompes de l’inutile. Voyage au bout de l’ennui.
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Ne faudrait-il pas, d'ailleurs, arrêter de dire "L'Homme" pour parler indifféremment de l'homme et de la femme; ne trouvez-vous pas que les femmes méritent mieux que cela?
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La haine est contagieuse, facilement transmissible et reproductible, à cause des peurs au ventre.
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L'énergumène n'avait pas inventé la machine à cambrer les bananes.
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