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Critique de Slava


A la fin de la seconde guerre mondiale, François un jeune garçon vit heureux dans sa famille d'accueil où il s'épanouit. Mais un jour sa grand-mère une dame acariâtre se décide à le récupérer et de l'amener dans son village natal paumé. Alors sa vie bascule dans un cauchemar où il est quasiment maltraité, houspillé et humilié aussi bien par la vieille folle que par les villageois. Pourquoi une telle haine alors ? Parce que François a la malchance d'être né maudit : il est le fruit d'une union entre une française et un allemand de passage durant la guerre. le simple fait qu'il soit issu de l'ennemi ne lui est pas pardonné et il subit les pires coups... mais François résiste autant qu'il peut et va très vite tenter d'accomplir une quête pour trouver son identité : retrouver son père et sa mère...
Voilà un récit extraordinaire mais difficile que nous livre Arthur Ténor un auteur prolifique de la jeunesse et qui s'inspire de véritables personnes. En effet durant l'Occupation entre 100 000 et 200 000 enfants naissent de liaisons franco-allemandes et à la Libération on leur a fait payer eux et leur mère souvent tondue et rejetée par leurs familles et la populace d'être des engeances de l'ennemi jadis occupateur. Leurs histoires a été occulté durant des décennies avant qu'on parle enfin d'eux à la fin du XXeme siècle, révélatrice d'une effroyable logique de bouc-émissaire et de méchanceté collective pour le crime d'être "mal-né". D'ailleurs l'auteur se base surtout sur le témoignage d'un de ces enfants, Daniel Rouxel dont l'interview poignante est situé à la fin du livre.
On est ahuri durant la lecture par le calvaire vécu par ce pauvre gamin qui ne mérite rien de mal, juste qu'il a le malheur d'être le fils de l'ennemi. Battu, insulté, on lui dénie le droit d'être un bambin ordinaire et d'un être humain tout simplement. Il est l'expiatoire de toutes les frustrations et rancoeurs d'une population opprimée qui ne trouve rien de mieux que de s'acharner sur un angelot. On est glacé devant la multitude de malfaisance que le village déploit sur François et il est tout logique qu'un moment donné, François songe se venger.
Vient cependant une curieuse seconde partie où ayant mûri, il part en quête de ses origines, une recherche délicate dans un sens où les rapports franco-allemands ne sont pas encore pacifié malgré le traité de l'Elysée en 1963, et que les deux géniteurs se cachent pour éviter la honte. Une odyssée qui lui fera croiser le ressentiment et le regret, mais aussi l'égoïsme et l'ingratitude des uns. Heureusement François les avanies et les obstacles finira par garder son humanité et sa bonté intérieure, s'efforçant de ne jamais sombrer dans le mal.
Tout cela nous est raconté par la plume simple mais efficace d'Arthur Ténor qui ne fait pas concession sur la dureté du sort de François. Les rapports humains dans leur malheur mais aussi dans leur bonheur, car François rencontre aussi de bonne personnes, nous sont explorées dans toute leur largeur et humanisme. Né maudit est un éprouvant chemin de croix mais aussi recherche de son identité et de son humanité, et aussi devoir de mémoire pour se souvenir qu'aussi bien dans le passé que dans le présent, les enfants ayant eu la malchance de naitre de l'ennemi (qu'ils soient fruits d'amours consentis où de viol) subissent d'horribles traitements et qu'ils ne méritent pas d'être discriminé pour leur différence. On ne devrait jamais traiter quelqu'un de mauvais parce qu'il est différent et surtout s'il est d'une union réprouvé par la bonne morale.
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