AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mariecesttout


Lu, et relu plusieurs fois, à la suite du Journal d'Etty Hillesum, car je savais qu'il en parlait .
Si, depuis la brillante étude d'Hannah Arendt et tout ce qui a suivi comme réflexion , on en sait plus sur la banalité du mal, sur ces hommes tout à fait ordinaires et absolument pas , pour la plupart, dénués de sens moral ( cf Franz Stangl , commandant du camp de Treblinka, qui a eu l'occasion de s'expliquer, et surtout le livre de Christopher Browning au sujet du massacre de Josefow pour lequel chacun avait la possibilité de refuser sans sanctions -seule une dizaine d'hommes sur 500 qui formaient le bataillon refusa.. sans commentaire..-) qui ont massacré leurs semblables , et continuent où que ce soit,et tous les jours, on ne sait finalement pas grand-chose de ces figures qui sortent elles, finalement hélas rarement, de l'ordinaire , comme cette Etty Hillesum, ou Sophie Scholl et son frère, tous ceux qui ont été nommés les Justes en Israël et bien d'autres donc, mais aussi beaucoup d'autres personnages cités dans cette étude à titre d'exemples.

Raoul Wallenberg ou l'extraordinaire Giorgio Perlasca , homme d'affaire italien qui s'est fait passer pour un diplomate espagnol à Budapest et a permis de sauver des milliers de personnes. Des gens très ordinaires aussi, le plus souvent. Comme dans le village de Haute Loire de Chambon- sur- Lignon, où tout le village d'environ 3000 habitants s'est mobilisé derrière le pasteur André Trocmé et son épouse Magda, et ont sauvé plus de 5000 Juifs.. Mais pour lesquels « l'action altruiste jaillissait du plus profond de leur être comme une obligation à laquelle ils ne pouvaient se soustraire, porteuse sans doute de dangers considérables, mais qui n'avait rien de sacrificiel », et qui, en s'engageant de la sorte,ne renonçaient ni à leur être ni à leurs intérêts profonds : « Ils y répondaient, tout au contraire, dans une parfaite conformité et fidélité à eux-mêmes. »

En fait, la rencontre entre une situation, celle d'un être en détresse qui appelle à l'aide, et une personnalité, un caractère qui s'est construit, constitué de longue date et qui trouve là l'occasion d‘exprimer, de mettre en oeuvre l'être qu'il est avec soudain une énergie , une efficacité, une détermination qui commandent toutes ses facultés.

C'est-ce que M.T appelle la « présence à soi » qui n'exige en rien l'abandon à un autre - Dieu, la loi morale ou autrui.
Et qui s'oppose à la "déprise de soi" qui est au contraire l'un des chemins qui mène le plus sûrement à l'obéissance aveugle et à la servilité.
Dans ses démonstrations il reprendra bien sûr les expériences et travaux bien connus de Milgram et ceux de Zimbardo , l'expérience de la prison de Stanford.
En passant aussi bien sûr par Abou Ghraib..

Une part de cet ouvrage est consacrée à l'évolution des idées sur égoïsme-altruisme, De La Rochefoucauld à Levinas, c'est loin d'être simple, mais c'est passionnant, de bout en bout.


Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}