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Critique de ivredelivres


Avez-vous vu le film On achève bien les chevaux non ? Alors peut-être avez vous lu Les Raisins de la colère parce qu'alors vous avez eu un bref aperçu de la Grande Dépression, le nom donné à cette période qui aux Etats-Unis (et ailleurs) celle au cours de laquelle des petits fermiers furent ruinés, des ouvriers se retrouvèrent au chômage, des directeurs de banque se jetèrent par la fenêtre pour échapper à la faillite.....
C'est cela dont il est question dans ce livre mais ici pas de statistiques pas de thèse de sociologue, ce que l'auteur a souhaité c'est comprendre l'expérience des gens ordinaires, écouter les témoins, les survivants ou leurs enfants.

L'auteur Studs Terkel a interviewé, fait parlé, écouté, des dizaines d'américains à travers tous les états sur la période la plus noire de son pays après la guerre de Sécession. IL a regroupé ces témoignages en quelques chapitres évocateurs comme : Faire du fric, le voyage à la dure, le fermier c'est l'homme, Expulsions et humiliations par exemple.
C'est la parole libre de ces gens ordinaires qui rend toute la complexité du phénomène et dessine une vaste fresque où se lisent les retentissements de cette crise sur les individus, la société de l'époque et des années qui ont suivi.
ous n'ont pas été affecté de la même façon par la crise, certains même en ont tiré profit, mais pour la plupart les cicatrices sont encore visibles au moment où Terkel les rencontre.
Dans ce kaléidoscope certaines images sont plus fortes, plus marquantes que les autres. Comme lors de toutes les périodes troubles le pire côtoie le meilleur, les gestes de solidarité voisinent avec la répression brutale des marches contre la faim, la fraternité contre les coups des milices privées.
Studs Terkel donne la parole à tous en un vaste panorama de l'Amérique de l'époque.

Fermiers jetés sur les routes "Je me souviens que plusieurs familles avaient dû partir dans des fourgons, pour la Californie, je crois" Travailleurs sociaux comme John Beecher qui au lieu de continuer sa thèse sur la misère au temps de Dickens a décidé de savoir ce qui se passait réellement et qui devient travailleur social puis administrateur du New Deal.
Chômeur comme Slim Collier Mineurs qui se voie brutalement privé d'emploi « Les mines ont fermé, les gens n'avaient plus rien pour vivre. Les enfants à l'école, s'évanouissaient de faim. Bien avant l'effondrement de la Bourse. »
Pour certain la crise a été brutale, pour d'autre elle couvait

Ceux qui cherchent à survivre un jour de plus, trouver de quoi nourrir ses enfants même si c'est à coup de tartines de moutarde, Ceux qui se lancent dans des marathons de la danse pour gagner quelques sous, Ceux qui souffrent depuis toujours , mais pour qui la crise va servir de révélateur
Tout le monde est touché des étudiants sont empêchés d'étudier " J'ai fait l'erreur de dire au contremaître que je m'étais inscrit aux cours du soir (...) Il a dit M Ford ne paie pas les gens pour qu'ils aillent à la fac, vous êtes viré. »
Les gens se retrouve à la rue " J'ai vu non pas des centaines mais des milliers d'hommes emmitouflés dans leurs pardessus, couchés à même le trottoir."
Pour trouver du travail tout est bon, les hommes voyagent cachés dans des wagons, il faut mettre sa fierté dans la poche et prendre la soupe de l'Armée du Salut, échapper aux milices ferroviaires, tenir la grève un jour de plus
La solidarité joue parfois mais pas toujours car la faim, la misère font accepter l'inacceptable

Quelques uns tireront partie de cette crise, des malins, des chanceux Dans certains secteurs la crise était même une bénédiction, la dépression dans les milieux du cinéma "On appelle ça l'Age d'or".
Des personnalités se font jour , certaines contestées et parfois contestables : Huey Long par exemple dont le fils chante les mérites mais qui fut un politicien très peu scrupuleux. Roosevelt est porté aux nues par certains et promis à l'enfer pour d'autres.
On voudrait tout citer. Ces entretiens faits par Studs Terkel sont bouleversants, à la fois crus et pudiques et d'une grande sincérité. Un travail passionnant et extraordinaire par son ampleur. Un cahier de photographies de Dorothea Lange vient compléter les textes.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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