« L'automobile tient une grande place dans ce livre, qu'il s'agisse de la fabriquer, de la conduire, de la garer, de la vendre, ou de l'entretenir. Sans oublier ses résidus : circulation, bruits, accidents, crimes, pollution, publicité télévisée et rosserie humaine en général »
Les entretiens composants ce livre permettent de dresser un tableau extraordinaire d'une autre face des États-Unis.
Au centre des propos, le travail sous toutes ses formes : son rejet « Ils se débrouillent pour être plus que les simples robots désirés par la compagnie… », les souffrances, l'amour du bien fait, l'individualisme très souvent et le collectif syndical quelque fois. S'expriment aussi fortement les inquiétudes face aux transformations du travail en ce début des années 70. Et toujours en toile de fonds, la Grande Dépression, les relations racialisées, la guerre du Vietnam…
Sans oublier pour certain-e-s/beaucoup, derrière les hantises, les fantasmagories d'une illusoire classe moyenne, ses rêves étriqués, dont celui de gagner un million de dollars, la non-acceptation d'un quotidien de non reconnaissance.
L'oeuvre de
Studs Terkel permet de mieux comprendre les organisations sociales des États- Unis, les écarts entre le rêve démocratique et la très relative démocratie représentative, les droits syndicaux restreints, le poids du racisme et surtout la construction de cet »individualisme » souvent non questionné qui, au nom, d'une certaine conception de la liberté, isole les individu-e-s, glorifie la famille et la religion et freine les approches plus collectives .
Sous le masque d'un grand rêve : les réalités de classe, de sexe, de races.
Encore une fois, je souligne le travail éditorial des Editions d'Amsterdam et invite à lire la totalité des livres de cet auteur :