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EAN : 9782866456016
573 pages
Le Félin (02/06/2005)
3.5/5   7 notes
Résumé :

"Pendant six siècles la maison d'Osman imposa sa loi à des dizaines de peuples et de nations. A son apogée, au XVIe siècle, l'Empire ottoman s'étendait sur trois continents. Puis il amorça son déclin. Les sultans ne pouvaient moderniser l'empire en préservant les règles théologiques sur lesquelles il reposait.

L'empire ottoman subit les pressions divergentes des puissances européennes. La Russie convoitait ses territoires. L'Angleterre tenait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce n'est certes, pas le livre qu'on glissera dans le sac de voyage pour un week-end à Istanbul, 500 grandes pages, imprimées en petits caractères, format et poids rédhibitoires! Ce n'est pas non  plus le "pavé de l'été"à lire sur le bord de la piscine ou à la mer!

C'est du lourd et du sérieux, c'est l'oeuvre d'un historien qui, de plus se présente comme un historien des génocides

Ainsi prévenu, le lecteur se lance dans un ouvrage sérieux, documenté qui recherche les sources du déclin de l 'Empire Ottoman loin dans l'histoire, au début-même de la conquête des Ottomans, au temps de Byzance. Cette histoire va donc se dérouler pendant 600 ans sur un très vaste territoire. On oublie souvent que la Porte régnait de la Perse aux portes de Vienne, du Caucase au Yémen. Histoire au long cours, sur un Proche Orient qui s'étale sur trois continents. Pour comprendre la chute, il importe donc de connaître l'Empire Ottoman à son apogée.

Quand a-t-il commencé à décliner ? A la bataille de Lépante (1571) ou après le second siège de Vienne (1683) avec la paix de Karlowitz (1699) où le démembrement de l'empire commença quand la Porte a cédé la Pologne, la Hongrie et la Transylvanie?

L'analyse de la société ottomane, de son armée, ses janissaires, le califat nous conduit jusqu'à la page 80, avant que le déclin ne soit réellement commencé avec l'intervention des occidentaux et les Capitulations ainsi que les prétentions russes et le début du règne de Catherine de Russie (1762).

Pendant plus d'un siècle et demie, Serbes, Roumains, Grecs, Bulgares et Macédoniens, enfin Albanais vont chercher à s'émanciper et à construire une identité nationale. Par ailleurs les Grandes Puissances vont jouer le "Jeu diplomatique" qu'on a aussi nommé "Question d'Orient"

"Dans la question d'Orient, cet affrontement des forces qui déchirent l'Europe peut être représenté sous forme d'un Jeu qui tiendrait des échecs et du jeu de go, avec des pièces maîtresses et des pions et où chaque partenaire conduirait une stratégie d'encerclement. Des reines blanches  - de trois à six selon le moment - attaquent ou protègent le roi noir ceinturé de pions. les unes veulent détruire le roi noir, les autres le maintenir dans la partie. le roi perd ses pions un à un, et les reines tentent de s'en emparer, chacune à son bénéfice, pour se fortifier ou affaiblir ses rivales"

Les puissances sont les reines : l'Angleterre veut garder la Route des Indes, la Russie veut un accès par les Détroits à la Méditerranée, elle utilise son "Projet Grec" en se posant comme protectrice de l'Orthodoxie, l'Autriche-Hongrie veut s'élargir à ses marges, la France se pose comme protectrice des Chrétiens d'Orient, l'Italie et l'Allemagne arrivées plus tard dans le Jeu cherchent des colonies.

L'auteur raconte de manière vivante, claire et très documentée cette histoire qui se déroule le plus souvent dans les Balkans mais aussi dans les îles et en Egypte.

C'est cet aspect du livre qui m'a le plus passionnée. Lorsqu'on envisage les guerres d'indépendance de la Grèce à partir de Constantinople, on peut rendre compte de toutes les forces en présence aussi bien le Patriarcat et les Grecs puissants de Constantinople que les andartes, sorte de brigands, les armateurs, les populations dispersées autour de la mer Noire jusqu'en Crimée, les armateurs et surtout les manigances russes. La Grande Idée se comprend bien mieux comme héritière du Projet Grec russe.

Les Révoltes Serbes, les comitadjis macédoniens ou bulgares trouvent ici leur rôle dans ce Grand Jeu. Les guerres fratricides qui se sont déroulées dans la deuxième moitié du XXème siècle dans les Balkans  en sont les héritières.

L'auteur explique avec luxe de détails les traités de San Stefano (18778) et le Congrès de Berlin(1878) que j'avais découverts à Prizren (Kosovo) avec la Ligue de Prizren qui est à l'origine de l'indépendance albanaise.

On comprend aussi la formation du Liban. On comprend également pourquoi Chypre fut britannique, Rhodes et le Dodécanèse italien....

Après une analyse très détaillée (et plutôt fastidieuse) de la Première Guerre mondiale les événements se déplacent des Balkans vers le sud, à la suite des intérêts britanniques et français et des accords Sykes-Picot, tout le devenir du Moyen Orient s'y dessine. 

Les accords de paix clôturant la Grande Guerre portent en germe l'histoire à venir : Traités de Versailles, de Sèvres, de Lausanne. Les négociations sont racontées par le menu, là aussi j'ai un peu décroché.

La fin du livre se déroule dans le territoire rétréci de l'Asie Mineure, éléments fondateurs les Jeunes Turcs, le  Comité Union et Progrès, le qualificatif "Ottoman" est remplacé par "Turc", le nationalisme turc prend le pas sur l'islam, il y eut même un courant touranien avec une orientation vers l'Asie Centrale ou le Caucase. Deux événements fondateurs : le génocide Arménien  et la prise de pouvoir par Mustafa Kemal, émergence d'un populisme laïque et nationaliste. L'historien refuse l'hagiographie et analyse le parcours de Kémal. 

Chaque chapitre est remarquablement bien construit. La lecture étant ardue, il m'a fallu me limiter à un chapitre à la fois. Passionnant mais parfois indigeste, j'ai reposé le livre, pris le smartphone pour avoir la version simplifiée de Wikipédia, pour des cartes, des dates. Il m'a parfois semblé que ce livre était destiné à des lecteurs plus avertis que moi.

Un seul reproche : les cartes sont peu accessibles, trop rares et réparties au milieu du texte, un cahier sur un papier glacé au milieu, au début ou à la fin aurait facilité le repérage. de même, la toponymie laisse parfois le lecteur désorienté : pourquoi avoir utilisé Scutari au lieu de Shkoder en Albanie, toujours en Albanie Durrazzo pour Dürres, Valona pour Vlora? Angora pour Ankara...C'est un détail, mais encore c'est le smartphone qui m'a dépannée. 

Je vais ranger ce gros livre bien en évidence parmi mes livres de voyage parce qu'il raconte aussi bien l'histoire de la Grèce, de la Roumanie, de la Bulgarie, de la Bosnie, de l'Egypte que de la Turquie moderne! C'est un indispensable pour comprendre les enjeux des luttes actuelles et aussi pour comprendre pourquoi le génocide arménien est encore nié dans la Turquie moderne. 















Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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" Tout empire périra " : une formule de Jean-Baptiste Duroselle qui s'applique à de nombreux empires qui ont pourtant brillé par le passé, notamment dans l'Antiquité. L'Empire ottoman ne déroge pas à la règle. Pour narrer ce déclin l'auteur repart à l'époque de son apogée puisque c'est généralement après celle-ci que les déclins s'amorcent. Dans le cas de l'empire ottoman ça a commencé aux XVIe-XVIIe siècles.
C'est un livre très documenté parfois difficile pour un lecteur non averti comme c'est mon cas. Malgré tout il y a parfois alternance entre narration et analyse, pour rendre accessible l'histoire souvent compliquée de l'Orient.
L'Empire ottoman a été miné par les différents nationalismes ainsi que ses propres difficultés. Son long déclin s'acheva avec la Première Guerre mondiale qui lui asséna le coup de grâce. Pour fonder leur identité, les nouveaux Etats ont souvent reconstruit leur histoire sur le rejet du passé impérial. Yves Ternon cherche à dépasser cette tendance, l'appartenance au monde ottoman étant aujourd'hui l'héritage commun de plus de vingt pays. Les rapports ambigus entre l'identité ottomane et l'identité turque apparaissent également en filigrane dans le récit des premières années du XXe siècle. Les derniers chapitres portent sur la Turquie de Mustafa Kemal.
C'est l'histoire d'un grand empire réduit à n'être plus qu'une grande nation. 
Même si le génocide arménien fait partie de cette histoire je ne suis pas sûre que la place qui lui est accordée soit proportionnée.

En résumé si vous souhaitez connaître en profondeur l'Empire ottoman ce livre est hautement recommandé même si un peu difficile pour novices.

Je remercie Babelio et les éditions le Félin de m'avoir offert ce livre via l'opération Masse Critique
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Je remercie l'opération Masse critique et les éditions « le Félin » de m'avoir envoyé un livre hautement documenté, détaillé, et pas franchement accessible aux novices. Il est nécessaire a minima d'avoir des connaissances sur cette région du monde qui dépasse les frontières de l'actuelle Turquie. Sinon, il faut prévoir du temps en continu pour lire et s'approprier la masse d'informations contenues dans cet immense pavé. Quand on est parent d'un petit bébé, en plein confinement et en télétravail, c'est mission impossible… je n'ai pas pu poursuivre ma lecture… ce sera pour une autre fois, dans d'autres conditions !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Les spécialistes des génocides sont de drôles de gens,  des oiseaux  bariolés dans la volière universitaire...

L'historien du génocide est un policier qui enquête, un juge qui instruit un procès. Peu importe la vérité, il découvrira la vérité pourvu qu'il la trouve...."
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La nation est une formation sociale et politique renfermant les concitoyens liés les uns aux autres par la communauté de langue, de culture et d'idéal. Renan, cité p. 477.
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Vidéo de Yves Ternon
Avec Hamit BOZARSLAN, Vincent DUCLERT, Raymond KEVORKIAN, Gaïdz MINASSIAN, Yves TERNON L'introduction du génocide des Tutsi au Rwanda en classe de terminale amène aujourd'hui les professeurs, en France, à enseigner trois génocides – des Arméniens de l'Empire ottoman, des Juifs d'Europe, des Tutsi. L'une des caractéristiques des génocides est la poursuite des intentions destructrices sous la forme du négationnisme. La recherche et la maîtrise de ces savoirs constituent un moyen de lutte contre la négation de la vérité historique, en particulier pour les professeurs. La table ronde se propose donc de réfléchir à l'articulation entre recherche, enseignement et génocide.
Captation vidéo: Les Clionautes
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