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Citations sur Agent Kovacs : Equinoxe (9)

Je traverse l'embarcadère, je descends les marches qui mènent jusqu'à l'eau. Et quand j'arrive sur le ponton... Des sapins se reflètent dans une eau vert pâle. La plateforme flotte sous mes pas. J'ai l'impression d'être dans un autre monde : silencieux et paisible.
Je m'avance vers le kayakiste et je sors ma plaque.
- Agent Kovacs, CSU.
L'homme se redresse, se retourne, et tout est soudain comme au ralenti.
- Thom... Campbell.
Son regard plonge dans le mien et ce que je ressens me prend complètement au dépourvu : quelque chose d'intense, de physique. Aussi plaisant que déstabilisant.
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Il y a un blanc et je sens la tension monter à l'autre bout du fil.
– J'ai entendu une seconde voix. En arrière-plan.– Qui disait ?
– « Achève-le. »
Mes doigts se crispent sur le volant.
– Vous pouvez me faire écouter l'enregistrement ?
– Pas dans l'immédiat. Nos services techniques sont en train de l'analyser.
Je m'engage sur Commercial Drive et les pneus de la Volvo crissent dans le virage à 90 degrés.
– Vous avez noté un accent ? Un ton particulier ?
– Oui. L'homme en ligne avait un accent slave assez marqué. La voix en arrière-plan était calme. Froide… Autoritaire.
Je négocie une nouvelle intersection et je continue.
– Description du second appel ?
– Passé à 03:11 par Helena Karloff de la ligne fixe de son domicile : là aussi, voix paniquée. La femme se serait réveillée en pleine nuit pour découvrir que son mari n'était pas rentré d'un entraînement de hockey sur glace. Selon mon collègue, l'appel était assez incohérent : interlocutrice en larmes, incapable de donner beaucoup de détails.
Deux informations se juxtaposent dans mon esprit.
– Helena Karloff a contacté la police cinq minutes après que son mari compose le 911 ?
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– Si je ne m'étais pas sentie capable de le faire, j'aurais appelé le Central pour qu'ils me remplacent.
Mon ton est trop dur, à la limite de l'agressivité. – Susan, je suis désolée. Je… – Pas de problème.
Je me replie sur le fauteuil et j'essaie d'ignorer la pièce qui semble se refermer sur moi.
– Tu en as parlé aux membres de ton équipe ?
– De quoi ?
– De ce qui t'est arrivé.
– Non.
– Ils ne savent rien ?
– Nick a quelques éléments, découverts par hasard.
C'est tout.
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Je retiens mon souffle. Si je ne réponds pas maintenant, je ne le ferai jamais.
– Une balle dans la tête.
Mes mots n'ont pas l'air réels. Inadéquats, quoi que je puisse dire. Parce que rien ne pourra jamais pleinement décrire ce qui s'est passé ce soir-là. La peur. La texture du temps qui se dilate… La masse de détails et de sensations combinés, comme au ralenti.
– Tes cauchemars sont basés sur ce qui s'est passé ?
– Ça dépend…
– Quand il s'agit de versions différentes, qu'est-ce qui change ?
Je baisse la tête et je refoule une larme avec le pouce.
– Il ne meurt pas.
– Et toi ?
– Pardon ?
– Dans les cas où il ne meurt pas, tu survis aussi ?
– Non.
Je me tends encore plus en réalisant ce que je viens de dire.
– Kate… Dans tes cauchemars, vous ne survivez jamais tous les deux ?
– Non.
– Tu vois donc toujours les choses comme un choix entre ta vie et la sienne ?
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J'ai l'impression de courir un marathon. De brûler une énergie incroyable à contrôler mes réponses, à lutter contre les tremblements qui cherchent à s'emparer de mon corps. Et Susan change d'approche en le sentant.
– Kate, voilà ce que je te propose… On garde les deux prochaines séances pour parler de la fusillade de Shaughnessy, et celle-ci ne compte pas. Je te promets de ne rien marquer dans ton dossier, de ne rien enregistrer, de ne prendre aucune note… Tu peux me dire tout ce que tu veux, ça restera entre toi et moi.
Son regard plonge dans le mien et ce que j'y vois me prend de court. Un mélange de détermination et de compassion. Quelque chose qui me fait hésiter.
– Kate, tu as ma parole.
Je me revois en sueur sur le bord du lit. À imaginer toutes sortes de scénarios où il est encore en vie. À vouloir passer ma main dans ses cheveux, poser mes lèvres sur les siennes…
Et je murmure un « OK » en guise de feu vert.
– Excellent. Règles d'interaction en premier… Tu as tous les jokers que tu veux. Tu peux refuser de répondre à certaines de mes questions, mais tu dois me dire pourquoi. Et souviens-toi : il s'agit d'une conversation privée, pas d'un rapport officiel de l'agent Kovacs.
– Bien reçu.
Susan referme son carnet et je sens une vague de panique m'envahir. Plus d'esquives, plus de non-dits.
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– Tu viens d'abattre quelqu'un dans l'exercice de tes fonctions. L'homme en question a manqué de peu de t'exécuter, à bout portant. Au mieux, tu ne souffres « que » de syndrome post-traumatique. Au pire, la fusillade a réveillé de vieux démons en toi.
Elle me regarde droit dans les yeux.
– Kate, qu'est-ce qui t'est arrivé ?
Je reste silencieuse.
– On parle bien de quelque chose qui a eu lieu avant que tu ne prennes la tête du CSU ?
J'acquiesce, plus par réflexe qu'autre chose.
– Ce sont donc des cauchemars que tu fais depuis quoi… Sept ? Huit ans ?
– Huit.
– Ils te réveillent à chaque fois ?
– Quasiment.
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– C'est toujours le même cauchemar ?
– Oui.
– Tu le fais souvent ?
– Assez.
– Depuis longtemps ?
Susan attend ma réponse, mais je n'arrive rien à dire. À la place, je fixe la plaque posée sur son bureau, la fenêtre remplie de nuit, mes doigts crispés sur les accoudoirs… Tout et n'importe quoi pour éviter son regard.
– Kate ?


Elle se penche un peu plus vers moi – comme pour m'extraire physiquement de mon mutisme –, et j'ai l'impression d'étouffer dans l'atmosphère feutrée de la pièce. Les lumières sont tamisées. Les murs et les meubles forment un assortiment parfait de couleurs chaudes. Mais je suis dans un autre monde. Du froid, du noir, de l'acier.
– Kate… J'aimerais pouvoir t'aider. Tu m'as dit que tu dormais mal en ce moment. Tu as l'air épuisée. Mais si tu…
– Désolée. Je suis en train de te faire perdre ton temps. Il est tard. Tu as un fils et un mari qui t'attendent à la maison.
J'attrape ma veste et Susan pose immédiatement une main sur la mienne.
– Hors de question. Anthony dort depuis un bon moment, Dan sait que je dois rentrer tard, et tu n'es d'astreinte que dans une heure. Ce n'est pas le temps qui nous manque, ce n'est pas ça qui nous pose problème.
– Je sais. C'est moi.
Je me passe la main dans les cheveux et j'essaie de tout reprendre depuis le début. Fusillade de Shaughnessy1. Séances de thérapie recommandées par le VPD2, puis imposées par le FBI. Trois heures que j'ai choisi de passer avec quelqu'un dont je me sens proche – pas forcément le meilleur choix.
– Kate, écoute. On se connaît toutes les deux depuis des années, et je sais à quel point tu détestes parler de toi. Je sais aussi qu'il y a des choses dont tu ne peux pas parler, pour des raisons légales, parce qu'il s'agit d'enquêtes en cours. Mais ce n'est pas tout.
Elle hésite et mon malaise ne fait qu'augmenter.
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Je ne réagis pas. Je reste exactement dans la même position, à lutter contre la terreur qui a tout envahi, à regarder la scène comme si je n'en faisais déjà plus partie.
La Jeep sur le bas-côté. Le commando en formation serrée. Le froid qui fume dans la lumière des phares.
Si je baisse mon arme, j'ai une chance de le sauver. Si je la garde braquée sur… Le choix n'en est pas un.
Je serre les dents. Je me prépare à l'impact des balles qui va suivre. Et je passe à l'acte.
Je plonge mon regard dans le sien et il comprend.
– Kate ! Non !
Le bras se resserre autour de son cou. Le Glock s'enfonce encore plus contre sa tempe.
– Kate !
J'articule un « je t'aime » du bout des lèvres, suivi par un « je suis désolée » couvert de larmes, puis je décolle une main de la crosse.
– Kate. Je t'en supplie… Ne fais pas ça.
Il pleure. La dernière image que j'aurai jamais de lui, sans savoir si j'aurai réussi à sauver sa vie.
J'écarte les bras, le canon du Beretta pointé vers le ciel, et tout se mélange entre nous. Horreur. Résignation.
Amour.
– Arme sur le sol !
Le Beretta tombe à mes pieds.
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Ses yeux sont brillants de larmes. Le canon du Glock est plaqué contre sa tempe. Je ne vois plus que l'horreur de ce moment, figé dans la nuit.
– Laissez-le partir.
Ma voix tremble.
Le Beretta que je tiens à deux mains est une masse noire dans mon champ de vision. Une crosse que j'arrive à peine à serrer. Une gâchette sur laquelle je suis incapable d'appuyer.
Tête. Épaules. Des zones que je pourrais viser. Mais…
Il est là. L'homme que j'aime, retenu en otage par une silhouette cagoulée. Bras replié autour de sa gorge, un 9 mm prêt à l'exécuter.
J'ai du mal à respirer.
– Laissez-le partir. Ce n'est pas lui que vous voulez, c'est moi.
– Posez votre arme sur le sol et je l'épargne.
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