♪ Rame, rame. Rameurs, ramez… ♫
Livre offert dans le cadre de Masse critique, je découvre avec impatience l'objet blanc et noir aux éditions Rivages dont je ne suis malheureusement pas actionnaire (1) malgré ma large collection de romans noirs de cet éditeur.
Et bien ! Voilà un roman qui a toutes les apparences d'un polar tout à fait classique. Si je me réfère bien aux cinq sens, «
le chasseur solitaire » possède tous les pré-requis qui concourent au genre.
Commençons, vous voulez bien, par la VUE d'un cadavre d'une jeune femme blanche en tenue de golf, que Stan Granger a sorti de l'eau au cours d'une journée de pêche. Il s'avère que la victime est Clarissa
Sayers, au TOUCHER morte depuis trois jours au moins et ayant dérivée pendant des kilomètres sur le fleuve Missouri non loin de Kansas City. Vous êtes d'accord avec moi, qui dit cadavre dit polar !
Des OUÏ-dire rapportent même que la jeune femme entretenait une liaison avec un jeune noir Booker Short, qui plus est, a disparu depuis le meurtre de Clarissa. L'enquête confiée au lieutenant Keegan se résume alors à la recherche du suspect n°1 à bord d'une StinGray, la voiture de Clarissa la nuit du meurtre. Une relation amoureuse et une voiture volée, deuxième indice accablant pour un polar !
Le suspect Booker avait connu Clarissa et son père, le juge Thornton
Sayers, dans une propriété dont les membres d'une certaine aristocratie se retrouvaient pour des parties de chasse. Et petit à petit, Booker a eu le mauvais GOUT de s'acoquiner avec la belle jeune fille. Une histoire d'amour qui finit mal, un mobile idéal pour un polar !
Circonstance aggravante, il faut signaler que Booker Short est un fugitif en conditionnelle qui a pris cinq ans de prison pour usage de chèques en blanc ; oui, l'argent n'a pas d'ODEUR. Et pourtant, Booker a réussi à obtenir ce boulot d'homme à tout faire dans cette propriété grâce à Mercury Chapman, un riche homme d'affaire blanc. Prison et chèques volés, cela ne fait plus de doute, «
le chasseur solitaire » est un polar. Et c'est mon dernier mot, Whitney !
Que nenni, Whitney Terrel, auteur américain de ce premier roman datant de 2001 et traduit en français en 2010, a décidé de prendre la tangente au bout d'une centaine de pages et de transgresser le genre.
Sous une plume qui tutoie parfois le grandiose, Terrel nous livre un roman sombre et sociologique. Sur fond de racisme omniprésent, il explore alors le passé trouble de Booker Short, ses rapports avec son grand-père Issac Bentham ayant combattu en France en 40 et reconstitue le puzzle de cette vie brisée.
Le gros point noir de ce livre, c'est qu'il faut se le « farcir » ce roman et même « ramer » comme le dit si bien Souchon. J'ai eu toute la peine du monde à rester concentrer pour venir à bout de ce roman de plus de cinq cent pages. Plus que l'épaisseur du livre, c'est la complexité de l'écriture, des personnages et du récit qui m'a obligé à livrer bataille pour franchir les différentes étapes de ce roman fleuve mi- sourire mi- pleurs…
Conclusion, un auteur talentueux qui mérite plus qu'un détour mais qui devrait simplifier son récit pour le rendre plus accessible et plus captivant de bout en bout.
Les amateurs d'action à deux cent à l'heure et d'intrigue au suspense insoutenable, passez votre chemin ! Les adeptes des longs romans travaillés et à tiroirs, jouant sur le passé, distillant une histoire d'amour impossible, vous serez comblés et en redemanderez.
Pour les indécis, si vous vous sentez d'attaque, essayez de voir si vous pouvez le toucher pour pas cher, en goûter au moins cent pages, et si vous n'aimez vraiment pas, vous n'en entendrez plus jamais parler.
Un conseil, c'est le moment d'utiliser de votre sixième sens !
Ps : Petite anecdote amusante dans le livre pour les femmes coquettes !
Le lieutenant Keegan est une femme flic qui a affirmé au cours de l'enquête que Clarissa avait elle-même enfilé sa tenue de golf car elle portait un soutien-gorge assorti au reste de sa tenue, ce qu'un homme est incapable de réaliser !
Très intéressant, cette déduction pour une Sherlock Holmes au féminin ?