Viktor a perdu sa femme suite à une agression violente, il se retrouve seul avec son fils Igor.
La perte de sa femme va bien au-delà du chagrin, il devient obsédé par le besoin de protéger Igor et de parer à tous les dangers éventuels.
Escalade progressive mais assurée vers l'enfer. Viktor est aspiré dans une spirale d'angoisse, de peur, l'amenant à trouver et mettre en place des mesures de sécurité pour protéger son fils.
Ce n'est pas tant l'excès de prudence qui interpelle, interroge mais bien plus l'engrenage dans lequel Viktor se trouve, qui fait peur.
Son hyper vigilance est irrationnelle bien sûr mais lorsque la machine de l'angoisse est en route, comment l'arrêter ? On frôle la folie, et on perçoit bien la démesure de ses craintes et ses excès.
Tous ses sens sont aiguisés et deviennent des alertes. L'angoisse, pour ne pas dire les terreurs de Viktor nous envahissent, on ressent cette montée d'interrogations, les scénarii s'échafaudent et on est pris dans ce vertige des "et si..."
C'est un coup de coeur, pas reposant, pas apaisant mais tellement prenant.
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Après le meurtre de sa femme, un homme, Viktor, se retrouve seul avec son fils de dix ans. Peu à peu, il va diminuer puis refuser tous les liens avec l'extérieur. On le voit évoluer vers un comportement paranoïaque et entraîner également son fils dans la folie. Ils ne sortirons plus de l'appartement que Viktor va sécuriser à outrance, barreaux aux fenêtres, portes blindées à l'entrée mais aussi séparant les différentes pièces. Peur de la société, peur d'une intrusion, d'une agression, comme en a été victime sa femme. le lecteur glisse avec lui dans ce monde de suspicion qui se présente comme déshumanisé. La couverture représente très bien l'ambiance du livre, du moins tel qu'il se présente dans le mental de Viktor. Car contrairement à ce que pense Viktor, la vie continue très bien à l'extérieur. C'est pour Viktor que tout s'est arrêté.
C'est une écriture ciselée, froide, coupante comme le cran d'arrêt que Viktor à offert à son fils pour ses dix ans. C'est une très bonne découverte que cet auteur et ce roman belge traduit du néerlandais.
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Pour une fois, un roman dont la 4ème de couverture est un parfait résumé de l'histoire, sans annonce racoleuse et mensongère !
Et de fait, ce court roman suinte tout le long une ambiance "étouffante" et dérangeante, de voir "en live" qqun s'enfoncer inexorablement dans la folie ...
J'ai vraiment apprécié !
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Avec "Enneigement", l’écrivain flamand Peter Terrin écrit un thriller de la peur qu’on se crée.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Qui pouvait lui certifier qu'Helena reposait bien là ? Il l'avait vue trois jours auparavant au funérarium, le visage reconstruit, les mains jointes en dévotion, mais pas aujourd'hui, pas dans ce cercueil. N'existait-il pas un trafic de cadavres que l'on dérobait pour des raisons les plus diverses ? Viktor s'adressa à l'homme qui jusque là avait assuré le bon déroulement du service.
- vous êtes sûr que ma femme est bien dans ce cercueil ?
L'homme mit un temps avant de saisir la question ; il se contenta de rester bouche béé.
Helena est couchée, la tête sur la bordure du trottoir. Sa chevelure châtain foncé est enroulée en un élégant chignon, une nébuleuse de bouclettes ultrafines ceignent en une auréole l'ordonnance stricte de sa coiffure. De lourdes bottines ont réduit son visage en bouillie et sa nuque est brisée. L'air de la nuit emprisonne dans son inertie une odeur de caoutchouc brûlé.
A droite, le curé avait les yeux fermés et marmonnait pour lui-même. Des deux mains il tenait une bible devant son pubis. Il avait de gros doigts aux phalanges polluées dont l'une, de façon obscène, se détachait sur la tranche dorée. Viktor comprit qu'inévitablement cette image lui resterait jusqu'à sa mort. Il lui semblait que l'existence grouillant ainsi de souvenirs imprimés par les circonstances.
Avec Herman Koch, Peter Terrin et Joost de Vries.
Impostures, mensonges, dissimulations, usurpations d?identité ou de mérites? Certains personnages des romans d?Herman Koch (Cher Monsieur M., Belfond), Joost de Vries (L?Héritier, Plon) et Peter Terrin (Monte-Carlo, Actes Sud) ont des secrets bien gardés ; d?autres sont, ou se croient, victimes de machinations perverses. Entre paranoïa, hypocrisie sociale et mondaine et délire de persécution, ces fictions interrogent la sincérité de notre rapport à l?autre, à l?ère de la transparence.
Animé par Margot Dijkgraaf.
Dimanche 27 mai - Centre Rabelais - 33e Comédie du Livre
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