AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Marta de Tena (Traducteur)
EAN : 9782369563105
328 pages
Editions Intervalles (18/02/2022)
4.25/5   8 notes
Résumé :
En août 1991, Tiziano Terzani navigue sur le fl euve Amour en Sibérie lorsqu'il apprend la nouvelle du coup d'État qui vient de renverser Gorbatchev à Moscou. Il se lance aussitôt dans un long périple qui le mène pendant plus de deux mois à travers la Sibérie, l'Asie centrale et le Caucase jusqu'à Moscou, la capitale de ce qui est en train de devenir la nouvelle Russie. Conçu à l'origine comme une exploration des confi ns orientaux de l'empire soviétique, ce voyage ... >Voir plus
Que lire après Bonne nuit, Monsieur LénineVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En août 1991, Tiziano Terzani est encore reporter en activité, aucun de ses ouvrages de réflexions humanistes et introspectives n'a encore vu le jour, et il se trouve en Sibérie, à bord du vaisseau « Propagandist », accompagnant une expédition sino-soviétique le long du fleuve Amour dont le cours, en grande partie, constitue la frontière encore assez tendue entre les deux géants d'Asie. Ce sont les hauts-parleurs du bateaux qui l'informent, ainsi que les autres passagers et les membres de l'équipage, tous aussi stupéfaits les uns que les autres, du putsch anti-Gorbatchev auquel suivra bientôt l'impensable : l'effondrement de l'Union soviétique et de son PC. Sa première réaction, naturellement, est de tenter de rejoindre Moscou au plus vite, à l'instar de la multitude des journalistes étrangers y accourant du monde entier. Mais très vite il se ravise : il terminera sa croisière puis parcourra seul toute cette immense périphérie de l'empire soviétique qu'était l'Asie centrale, les républiques caucasiennes, jusqu'au mausolée de Lénine sur la Place Rouge, se faisant le témoin en direct de cet événement historique incomparable, cependant depuis une perspective inattendue, autrement plus riche. Par la même occasion, il rencontre de multiples peuples différents, des panoramas et des villes légendaires, des lieux méconnus et abandonnés aux marges de l'Histoire, des vestiges d'un passé en voie de redécouverte et réinterprétation, aperçoit les signes avant-coureurs d'un post-soviétisme où tout est encore possible : une contre-révolution brejnévienne, l'hyper-nationalisme avec guerres conséquentes et annexes (celle entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan a déjà éclaté...), des reconstitutions territoriales d'héritage pan-turquiste ou encore, hypothèse alors aussi plausible qu'effrayante, la constitution d'une série d'états islamistes centrasiatiques, influencés par ce qu'était déjà rapidement en train de devenir l'Afghanistan.
Dans la rédaction de son récit de voyage, Terzani a beaucoup de chance et surtout énormément d'habileté journalistique : la chance de se trouver au coeur de l'avancée de l'Histoire, l'habileté de savoir choisir instantanément, et pratiquement sans guide ni connaissance des langues locales, ses destinations, ses interlocuteurs, et surtout les situations, au sens le plus profond du terme, qui sont les plus à même de lui faire comprendre ce qui est en train de se produire. Un néophyte aurait recherché en priorité des responsables politiques de premier plan à interviewer, et les aurait sans doute abordés avec déférence voire servilité : Terzani montre qu'il en apprend davantage en passant une soirée de beuverie dans une fête de circoncision qu'en écoutant les propos officiels éculés. Que les dissidents, les barbus en toque, les barbus anars, les gens du commun qui vous invitent à partager un repas ou un plateau de raisin chez eux sont souvent les plus intéressants. Les journalistes pressés se ruent en Géorgie où une escarmouche est montée comme blanc d'oeuf, Terzani est déjà passé par là et il s'en va voir des fouilles archéologiques, visiter les marchés et y boire du thé, faire son jogging à l'aube, payer sa tournée à un petit mafieux libanais transplanté en Azerbaïdjan ou se faire rouler dans la farine par une grosse Russe enrhumée au Turkménistan. Et jamais il ne néglige les musées : toujours très intéressants, les musées soviétiques... Ni les récits des voyageurs des siècles passés. de plus, il prend de très belles photos en noir et blanc, avec ses fameuses Leica autour du cou : portraits, paysages, monuments, une prédilection marquée pour les statues de Lénine déjà abattues ou sur le point de l'être...
Dans la fébrilité de ces journées mémorables, au fil d'autant de découvertes proprement fabuleuses et de rencontres si disparates, il n'est pas surprenant que les plus de quatre cents pages bien serrées aient été remplies d'analyses et de prévisions. Quelques décennies plus tard, il semblerait que la réalité soit encore beaucoup plus banale que les scénarios redoutés ; les mêmes chefs, liés à des alliances traditionnels, ont très vite changé d'appartenance politique : de communistes à nationalistes ; leur parti avait d'ailleurs changé de nom déjà sous les yeux de Terzani, mais sans changer de conception de l'exercice du pouvoir...
Commenter  J’apprécie          50
Le nom de Tiziano Terzani ne vous dit peut-être rien. Il s'agit pourtant d'un grand reporter italien, qui semble avoir vécu plusieurs vies en une seule.

En août 1991, le voilà embarqué pour une croisière sur le Fleuve Amour. L'occasion de découvrir ce fleuve légendaire en compagnie de compatriotes russes et chinois.

Seulement, l'Histoire se mêle à leur histoire lorsqu'un putsch éclate à Moscou donnant, ainsi, une nouvelle perspective au voyage. 

Terzani souhaite se rendre à Moscou pour observer les événements depuis la capitale, l'oeil du cyclone. 

Mais les événements vont se jouer de lui. le putsch est un échec qui sonne le glas du bloc communiste.

Le journaliste décide d'analyser cet événement majeur mais, cette fois-ci, depuis la périphérie, lors d'un périple qui va le conduire au sein des républiques socialistes d'Asie centrale. Avec une question centrale : comment le communisme pouvait-il mourir ? 

Car oui, si le bloc de l'ouest avait tendance à ne voir en l'URSS qu'un bloc monolithique, les républiques socialistes vont reprendre dans la foulée leur indépendance.

Le journaliste va vite réaliser que souvent, elles vont se trouver confronter aux mêmes difficultés : des communistes au pouvoir qui vont juste changer d'appellation, la montée du fanatisme religieux et des forces démocratiques exsangues. 

Le journaliste livre le témoignage, parsemé d'anecdotes, d'un système communiste gris et sombre ayant échoué dans son projet. D'une corruption et d'une manipulation généralisées. D'une spécialisation des productions conduisant à l'interdépendance et l'appauvrissement des états satellites. 

Un tel témoignage, avec toute la subjectivité d'un homme, offre un point de vue intéressant sur les événements racontés dans les livres d'histoire. Une vision plutôt critique du monde socialiste, que j'ai eu plaisir à parcourir avec un ordinateur à mes côtés pour voir si les prévisions de l'auteur se sont révélées justes ou non. 

Un livre qui se savoure et donne envie de voyager !
Lien : https://allylit.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          100
Tiziano Terzani (1938-2004) était un journaliste italien qui a travaillé pour der Spiegel. J'ai lu trois de ces livres, quatre en comptant celui-ci : Lettres contre la guerre et Un devin m'a dit, plus Un autre tour de manège non recensé. A chaque fois, ce fut un coup de coeur. Tiziano Terzani a le don et le talent de nous instruire sans nous lasser, c'est un pédagogue et un raconteur hors pair.

Cette fois-ci c'est son voyage sur le fleuve Amour, frontière entre la Russie et la Chine et donc source d'une tension terrible depuis longtemps, l'URSS ayant annexé des territoires -une habitude sans doute- qui appartenaient à la Chine. Des deux cotés du fleuve, des postes d'observation et des consignes pour ne pas le franchir. le contexte du voyage est particulier en plein Putsch de Moscou mené par des durs du parti communiste russe refusant l'ouverture de Gorbatchev. Ce qui a fait le pays depuis 1917 vacille, mais loin de Moscou la tension n'est pas si palpable que cela. Il faut que l'information parvienne aux habitants de ces coins reculés et qu'elle les concerne directement dans leur quotidien, ce qui n'est pas flagrant.

Cela fait bizarre de lire ce livre paru en 1993 en Italie en ce moment de tension internationale extrême, de guerre, entre l'Ukraine et la Russie. Ce conflit qui nous voit complètement impuissants face à l'autocrate Poutine et ses délires d'expansion. Sans doute ce livre de Terzani permet de mieux comprendre la situation actuelle : voilà trente ans que la pays est passé du communisme au capitalisme et de l'URSS à la Russie, mais il a toujours cette volonté de puissance et d'unité -c'est un pays qui a toujours eu besoin d'un homme fort, d'un dur, très incarné depuis quelques années. C'est un pays rude, notamment dans les régions que l'auteur visite, la Sibérie peut être hostile. "La Sibérie a été le pays du Goulag. Chaque ville a sa propre collection d'histoires à frissonner d'horreur. Les chemins de fer, les ports, les routes de la région ont été construits par le travail forcé de centaines de milliers de prisonniers. Et bien que les noms officiels des lieux soient, comme partout, "Lénine", "Karl Marx", "Communisme", les gens disent "Rue des Os" ou "Allée des crânes", à cause du nombre de forçats morts pendant leur construction. C'est en Sibérie que Staline a tenté de réaliser son rêve de développement socialiste. C'est ici, afin de réveiller cette "Terre endormie", afin d'extraire les immenses richesses de cette région recouverte la moitié de l'année par une couche de glace, que Staline a envoyé des centaines de milliers de ses victimes." (p.71/72)

C'est un pays à l'histoire dense que Tiziano Terzani raconte au fur et à mesure de son avancée sur le fleuve et de ses rencontres des différents peuples assimilés de force. Pourvu qu'ils n'en soit pas de même avec les Ukrainiens. Les Russes des lointaines contrées sont souvent moins bien informés ce qui, de nos jours est peut-être moins vrai, encore faudrait-il que le pouvoir en place n'enferme pas les opposants, ne règne pas sur les médias voire ferme ceux qu'ils ne peut contrôler. Instructif et éclairant.
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          20
La fin du communisme en Asie centrale racontée avec beaucoup de talent par un grand reporter cultivé, curieux et perspicace dont on partage avec beaucoup d'intérêt l'analyse visionnaire. Sa façon de nous faire sentir les pays qu'il visite vaut tous les livres d'histoire.
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (1)
NonFiction
09 septembre 2022
Un passionnant récit de voyage de 1991, enfin traduit en français, offrant le regard rapproché d'un reporter italien à propos de la chute de l'URSS...
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le temps est radieux, les collines sont vertes, l'eau du fleuve devient presque bleue. A l'horizon, enfin, la tant attendue Nikolaïevsk... Mais quel dommage ! Autrefois, les villes, aussi petites fussent-elles, s'annonçaient aux voyageurs venus de loin par les silhouettes de leurs clochers, les coupoles de leurs églises, les toits de leurs palais ou de leurs maisons. Maintenant, au contraire, même cette lointaine Nikolaïevsk s'annonce par deux grandes cheminées socialistes crachant de la fumée. L'église était là avant - je l'ai vue sur de vieilles photographies - mais elle aussi, comme tant d'autres belles choses du passé, a dû brûler dans le feu de la révolution bolchevique.
Commenter  J’apprécie          30
« Ho passato la giornata a cercare di ricostruire che cosa è successo qui, a Habarovsk, nei tre giorni del putsch, in modo da vedere, in piccolo, quel che probabilmente è avvenuto, in grande, nel resto dell'Unione Sovietica, a parte Mosca.
Alla notizia del colpo di Stato, il partito della città ha reagito immediatamente chiamandolo un "avvenimento stroardinario", e il segretario del partito ha definito i membri del Comitato d'Emergenza che avevavo preso il potere a Mosca :"grandi uomini in grado di riportare ordine nel paese". Il Parlamento locale ha preso una posizione più neutrale, raccomandando ai giornali di pubblicare senza commento le notizie ufficiali provenienti da Mosca, in modo da evitare manifestazioni di protesta e con ciò l'intervento dei militari. I militari, per parte loro, erano divisi. I comandanti di alcune unità […] avevano già mobilitato i loro uomini per intervenire a favore dei golpisti, e c'è voluto l'intervento diretto del comandante di tutto l'Estremo Oriente Sovietico, il generale Novožilov, per tenere gli uomini nelle caserme.
Un'inchiesta è attualmente in corso per stabilire chi stava con chi, ma i risultati sono incerti perché, come dicono qui, la situazione era "metà e metà". » (p. 83)
Commenter  J’apprécie          10
« Durante la notte di veglia, una delle canzoni più frequenti che si sentivano sulla piazza era opera di un poeta pakistano. "Svegliati, popolo", intonava il mullah e la folla ripeteva :"Popolo, svegliati, svegliati". Era strano sentire queste parole dinanzi al Lenin condannato a morte da un popolo che lui aveva voluto svegliare e che ora accusava lui di averlo addormentato. Povero Lenin, giustiziato da una religione che lui aveva voluto eliminare come oppio dei popoli e che ora tornava con tanta forza alla ribalta della storia dell'Asia Centrale !
"Secondo il calendario musulmano, oggi è l'anniversario della nascita di Maometto", m'ha detto il cadì venuto anche lui a vegliare ai piedi del monumento [la statue de Lénine abattue dans la nuit à Douchanbé]."Non le pare una strana coincidenza ?" ha aggiunto col suo sguardo strabico e un gran sorriso. » (pp. 275-276)
Commenter  J’apprécie          10
« Come è possibile che tutti i sogni e le sofferenze cominciati nel 1917 coi "dieci giorni che scossero il mondo" siano finiti così in tre giorni d'agosto che non hanno scosso granché ? Possibile che la "Grande Rivoluzione d'Ottobre" sia morta così, nel suo letto, a settantaquattro anni, semplicemente di vecchiaia ? Finita senza catarsi ? Senza resa dei conti ? Sgonfiata come un pallone ? Mi pare impossibile che la fine di quella lunga storia di illusioni e di assassinii, di speranze e di orrori sia tutta qui, in questo spegnersi come di un fuoco. Forse che il peggio ha ancora da venire ? » (p. 410)
Commenter  J’apprécie          10
« Molti sovietici assistono preoccupati a tutto quello che cambia sotto i loro occhi. Le novità li lasciano perplessi. Il vecchio sistema comunista, con tutti i suoi difetti e orrori, era una cosa conosciuta, al limite familiare. A quel sistema s'erano adattati e sapevano muovercisi dentro. Il nuovo non è affatto chiaro come sarà. I primi problemi che produce sono già evidenti a tutti : disoccupazione, aumento dei prezzi, inflazione, fine di quelle garanzie su cui gli elementi più deboli della società, come i vecchi o le vedove, potevano contare. » (p. 120)
Commenter  J’apprécie          10

Video de Tiziano Terzani (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tiziano Terzani
Interview de Tiziano Terzani (en italien)
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (16) Voir plus




{* *}