AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de enjie77


Un devin m'a dit en 1976 à Hong Kong :

« Attention ! En 1993, tu cours le risque de mourir. Cette année là, ne prends pas l'avion. Jamais ». Puis en guise de consolation, il ajouta : « Si tu survis à un incident d'avion, tu vivras heureux jusqu'à l'âge de quatre-vingt-quatre ans ». « A ce moment là, je vivais en Asie depuis plus de 20 ans ; d'abord à Singapour, puis à Hong Kong, Pékin, Tokyo enfin à Bangkok ; je pensais alors que la meilleure façon d'affronter cette prophétie était la manière asiatique : ne pas s'y opposer mais s'y plier ».


Tiziano Terzani est journaliste et comme tout correspondant, il passe sa vie dans les avions, toujours pressé par l'immédiateté de l'information. de surcroît, c'est un journaliste de renom influent, du der Spiegel. Qu'à cela ne tienne, plus par défi que par conviction, celui-ci va alors trouver un accord avec son employeur.

Pendant toute une année qui va devenir pour lui la plus exceptionnelle de toute sa vie, Tiziano Terzani va parcourir l'Asie que ce soit par mer ou par terre. Il ne reculera devant aucun mode de transport. Il redécouvrira ainsi ses semblables asiatiques, toutes ces personnes que l'avion ne fait que survoler avec cette impression d'abolir les distances.

Mais surtout, il y a des passages extrêmement jubilatoires comme se le représenter brinquebalant dans une charrette ou en s'imaginant avec lui en train de descendre le Mékong. Cela procure une véritable sensation de dépaysement.

Cette prophétie aura été pour lui comme pour nous, lecteurs, l'occasion de prendre le temps de poser un regard sur l'Asie. Cette Asie si lointaine, si mystérieuse qui fascine par sa différence. Ce voyage impromptu qui peut s'apparenter à un voyage initiatique, lui permet de véritablement s'imprégner de l'âme de ce continent qui en cherchant à ressembler à l'Occident, perd peu à peu son identité et où, la disparition sournoise des traditions délitent les liens doucement.

Que c'est triste cette uniformisation, cette mondialisation. Auparavant, les voyages apportaient un véritable déracinement. Aujourd'hui, le voyageur trouve, dans toutes villes, les mêmes enseignes. Où sont passés les magasins authentiques qui étaient le reflet du mode de vie de nos hôtes ?

C'est passionnant, c'est vivant, c'est érudit, c'est très agréable à lire. le lecteur est projeté dans un temple entouré de moines à la robe safran dès le début de l'aventure, enfin, en visitant le Tibet, j'y étais!

Tiziano cherche surtout l'humain, beaucoup de rencontres dans ce livre, beaucoup d'échanges au cours de ces rencontres. Chaque pays visité, au travers de ses habitants, livre une part de lui-même, de ses traditions, de ses croyances, de ses atrocités aussi car l'histoire du pays n'est jamais oubliée, de ses réalités sociales et politiques.

Curieusement, Tiziano qui jusqu'à présent, ignorait tout ce qui concernait de près ou de loin les sciences occultes, se met à compléter son périple par une visite chez un devin, un mage, un sorcier dans chaque contrée visitée. Qu'est ce qui peu bien pousser cet homme pressé, à consulter un devin, serait ce en réalité une quête spirituelle, une recherche ?

Alors si vous aimez l'aventure, découvrir d'autres cultures, d'autres traditions, d'autres relations au mysticisme, aux croyances, ce livre est fait pour vous.


Je termine mon commentaire en pensant à tous mes amies et amis très proches, originaires du Cambodge qui ont fui lors de l'arrivée des khmers rouges dans Phnom Penh où Tiziano était présent :


« J'avais plutôt été impressionné par les temples où l'oeuvre de l'homme semblait côtoyer le divin. Il y a des endroits au monde où l'on se sent fier d'appartenir à l'espèce humaine. Angkor est un de ces endroits. Derrière la beauté sophistiquée et conceptuelle d'Angkor, il y a quelque chose de profondément simple, archétypal, naturel qui va droit au coeur. En chaque pierre se trouve une valeur intrinsèque et l'on emporte le souvenir de cette grandeur ».

Commenter  J’apprécie          509



Ont apprécié cette critique (45)voir plus




{* *}