AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,96

sur 420 notes
Dans ma pal j'avais deux romans de Steve Tesich, le célèbre " Karoo" et " Price".
Quoi de plus naturel de commencer par le premier roman de l'auteur.
Daniel Price à 18ans il vit à East Chicago une petite ville comme tant d'autre ave ses amis Billy Freund alias Freud et Larry Misiora.
Daniel est un adolescent sans problème, un peu rêveur, le monde des adultes n'est pas sa préoccupation principale. Son père malade est insupportable, sa mère et lui supportent ses griefs avec patience.
Daniel s'en moque, Daniel est amoureux. C'est son premier amour, elle s'appelle Rachel, elle est belle.....
" Price" est un peu mon livre " madeleine de Proust ", tout dans ce roman me ramenait 40 ans en arrière.
La découverte de l'amour c'est comme découvrir un monde nouveau, on part en terre inconnue, on défriche ses sentiments, on s'invente une vie, on idéalise les "elles du désir", et puis il y a la chute, on se relève et on repart.
" Price " de Steve Tesich est un beau roman d'apprentissage, à toutes celles et ceux qui ont envie de retrouver ces images passées.
" Aujourd'hui, j'ai quitté l'endroit où j'ai grandi, convaincu que le destin n'est qu'un mirage. Pour autant que je sache, il n'y a que la vie, et je me réjouis à l'idée de la vivre".
Commenter  J’apprécie          586
Etats-Unis, années 60. Daniel Price a dix-sept ans, son diplôme bientôt en poche et pas vraiment de projets pour la suite… Originaire d'East Chicago, une petite ville industrielle de l'Indiana, sans charmes ni attraits, Daniel se refuse à suivre les traces de son père et à travailler dans la raffinerie de pétrole, qui semble représenter le seul débouché offert par la ville. C'est un adolescent plutôt banal, sans histoires, dont la principale occupation consiste à passer du temps avec ses deux acolytes : Larry et Billy, avec qui il pratique la lutte. Une activité qui lui permet de fuir l'ambiance pesante qui règne chez lui, entre un père aigri et cynique, rendu méchant par des années de rancoeur accumulée et une mère fatiguée, en lutte permanente avec son mari. Mais la vie de Daniel va être profondément bouleversée le jour où il rencontre Rachel, une jeune fille d'une grande beauté, au caractère insaisissable. Dès lors, le jeune adolescent n'a plus qu'une obsession : la conquérir !


« Price » est le premier roman de Steve Tesich, parut en 1982, soit seize ans avant « Karoo ». La force de ce texte consiste à paraître banal, voire anodin de par son sujet, pour se révéler finalement brillant et percutant par sa parfaite maîtrise et la justesse de son propos. En prenant pour point de départ l'éveil à l'amour d'un adolescent, Steve Tesich décrit parfaitement la naissance des premiers émois, l'exaltation des sentiments, l'irrationalité du comportement qui oscille entre passion aveugle, interprétation permanente et souffrance démesurée. Il y a un peu de chacun de nous chez Daniel Price et c'est pourquoi on se prend vite d'affection pour ce jeune garçon maladroit et tourmenté.


Par ailleurs, l'auteur explore avec finesse la relation conflictuelle entre le père et le fils. Des liens qui hésitent entre l'amour et la haine, le rejet et la culpabilité et dont Daniel va peu à peu se détourner pour éviter d'être consumer par ce père malade... Avec ce roman initiatique, Steve Tesich nous offre un moment de lecture plein de fraîcheur, de fougue et de folie et nous replonge avec talent dans les affres du premier amour.
Commenter  J’apprécie          524
« Comment prendre conscience de la vraie nature des gens que l'on aime ? Comment les comprendre ? »
C'est ce qu'expérimente difficilement Daniel Price, 18 ans, l'été de sa terminale, 1961.
C'est difficile, pour lui comme pour nous, de « faire le tour » des gens qu'on aime, ou qu'on croit aimer, ou qu'on n'aime pas, ou qu'on croit ne pas aimer...Parce que tout est nuance.
Et pour un jeune adulte pas encore dégrossi tel que l'est Daniel, c'est vraiment ardu.
Il se jette à coeur perdu dans son premier amour, mais je le plains. Oh oui ! Que cela doit être pénible de se frotter à la jeune Rachel, qui ne sait pas elle-même ce qu'elle veut vraiment et qui est portée vers le côté évanescent et obscur des choses : « Pourquoi vivre un malentendu quand on peut vivre une tragédie ? »
Pénible aussi de s'occuper de son père mourant d'un cancer et à la perpétuelle poursuite de l'amour de sa femme, attendant d'elle un certain sourire...
Même les relations avec ses 2 amis de toujours deviennent inadaptées, bancales.
Pauvre Daniel !

Pauvre Daniel ?
N'oublions pas qu'à cet âge, tout est initiatique. La progression passe par la souffrance et l'acceptation de toutes sortes de choses. Car la vie, elle, continue à tourner, et ne s'occupe pas des états d'âme des uns et des autres. Comprendre cela, accepter l'échec, et vivre quand même.

J'ai abordé avec plaisir l'exploration de l'état intérieur de Daniel. Mais j'ai souvent eu envie de le secouer, oui, de lui dire de laisser tomber cette petite peste de Rachel, de ne pas se laisser envahir par le désespoir persistant de son père, de « faire quelque chose » de ses dernières grandes vacances. le ton sans aucune once d'humour m'a plombé le moral plus d'une fois. Les lamentations, les tergiversations de toutes sortes et des différents personnages m'ont minée.
Et c'est avec plaisir que j'ai lu la fin du roman, pour toutes sortes de raisons que je ne dévoilerai pas.

Je quitte donc l'univers du début des sixties, je quitte cette petite ville dominée par l'entreprise pétrolière, je quitte l'Indiana.
le coeur léger, soulagé, je suis contente de n'avoir pas lu ce roman pendant mes grandes vacances à moi. Celles-ci, je les attends avec impatience pour m'adonner à d'autres lectures.
« Pour autant que je sache, il n'y a que la vie, et je me réjouis à l'idée de la vivre. »
Commenter  J’apprécie          505

Daniel Price va en l'espace d'un été devenir un homme. Tout commence par une légère déception après sa défaite lors d'un combat de boxe, seulement deuxième alors que lui et son entraineur visaient la médaille d'or. Mais Price oubliera vite sa déconvenue ! Son diplôme en poche, il compte bien profiter des joies de son dernier été de liberté en compagnie de ses copains Larry et Billy.
Tout ne se passera pas exactement dans l'insouciance espérée. Daniel n'avait pas prévu de tomber amoureux cet été-là. C'est pourtant bien ce qui lui arrive après sa rencontre avec la belle Rachel, une jeune fille au caractère insaisissable. le jeune homme mettra tout en oeuvre pour la séduire, tandis que chez lui son père vit ses derniers instants, rongé par un cancer.
C'est avec beaucoup d'habilité que les thèmes de la maladie, le rapport au père, la perte, le mensonge et la dissimulation sont abordés, au début de manière très vague, puis en s'installant comme l'inévitable dans la vie d'un adulte.
Price est un roman profondément attachant, qui se dévoile peu à peu. Il n'y a pas beaucoup d'action dans ce livre, il y a plus, il y a la vie, la mort, l'amour, l'amitié, les déceptions, tout ce qui fait qu'un individu devient ce qu'il est.
Karoo, le précédent ouvrage de Steve Tesich m'avait ébloui par l'intrigue mais Price m'a ému par la force des sentiments déployés.
Une très belle lecture.



Commenter  J’apprécie          502
Daniel Price est amoureux de Rachel, cette fille l'habite au point qu'il oublie la défaite de son dernier combat de lutte, ses inséparables copains et son récent diplôme. Même la grave maladie diagnostiquée chez son père passe au second plan, pire, il y voit cyniquement la possibilité d'amener Rachel à la maison pendant son hospitalisation.

Car cet été 1961, passé chez lui à East Chicago, ville industrielle polluée par les raffineries, sera celui de sa rencontre avec la belle et insaisissable Rachel, pas celui de la maladie de son père. Il en a décidé ainsi, il ne veut plus se laisser envahir par les tensions entre ses parents, et surtout par ce père aigri et triste dont il sait la fin proche.

Comme dans Karoo, la relation père-fils est au centre de ce livre inspiré de l'expérience de l'auteur. Steve Tesich explore, sans effets inutiles et avec un talent remarquable pour l'analyse psychologique, l'ambiguïté des sentiments d'un jeune homme vis-à-vis de son père malade à un moment charnière de la vie, celui où les préoccupations personnelles prennent le pas sur celles des parents, la fin de l'adolescence.

Price, premier roman de Steve Tesich, a toutes les qualités narratives que l'on retrouve dans l'excellent Karoo et la simplicité d'un grand roman.
Commenter  J’apprécie          490
Il ne se passe rien d'autre tout au long des 500 pages de "Price" qu'un été, au cours duquel Daniel Boone Price, fraichement diplômé de l'école d'une petite ville industrielle de l'Indiana et bien en peine de savoir ce qu'il va pouvoir ou vouloir faire de sa vie, fait l'expérience d'un premier amour déroutant, pendant que son père agonise.

Mais ce sont 500 pages lumineuses, d'une écriture formidablement juste, qui concentrent, entre renoncements et espoirs, entre questionnements sans fin et construction de certitudes, tous les atermoiements de l'adolescence sur le point de basculer dans l'âge adulte.

Bien que totalement différent dans le ton comme dans le thème, ce premier roman de Steve Tesich est d'une lecture tout aussi addictive que celle de "Karoo".

Quel dommage que cet auteur trop tôt disparu n'ait écrit que ces deux romans... mais ses pièces de théâtre restent pour moi à découvrir.

Un dernier mot pour le livre lui-même et hommage à l'éditeur Monsieur Toussaint Louverture et au soin porté à l'objet : couverture à la fois rustique et classe, papier d'une infinie douceur; un bonheur de tourner les pages d'une caresse!
Commenter  J’apprécie          463
"Les gens font toutes sortes de trucs bizarres quand ils s'aiment. Mais ce qu'ils évitent avec soin, c'est de tout se dire."

Magnifique. Quel régal pendant toute cette lecture ! Je regrette d'avoir maintenant lu les deux seuls romans de Steve Tesich car il écrit avec brio et à chaque fois me touche énormément. Je vis avec ses personnages qui restent gravés dans ma mémoire. Ah Karoo, quel souvenir ! C'est toujours émouvant, enivrant. Il a une puissance d'écriture qui me plonge dans les scènes, je suis là à les regarder, les écouter et je me dis que c'est si vrai ce qu'il décrit.

Un été à East Chicago, la zone des compagnies pétrolières. Une rencontre avec des gamins -Daniel, Misiora et Freud- presque adultes qui vont devoir trouver leur voie après le lycée. Un trio lié et pourtant composé d'individus si différents. Ils ont peur de devoir prendre bientôt leur envol. Issus de familles ouvrières, qu'ont-ils comme perspectives ? L'usine ? Celle qui noircit la peau après une journée de sueur et vous contamine à petit feu, comme si elle voulait bien signifier que c'est elle qui dirige avec son feu allumé à longueur de temps, sa flamme qui nourrit cette population et les rend vieux avant l'âge.

La famille multiculturelle de Daniel se désagrège, le père se sent mal, jaloux et malade "même le cancer m'a trahi" dira-t-il alors qu'il rêve de voir un sourire particulier sur les lèvres de son épouse. Pour ne pas être seul dans cette morosité, il se venge sur sa femme et son fils en accumulant les remarques acerbes pour contrer son mal-être.

"Misérable fils. le mien. Oui. Voilà ce que tu hérites de moi. Inutile de lutter. Toi et moi, on n'est pas le genre d'homme à faire sourire les femmes, d'une façon particulière. Non. Voués au malheur, tous les deux. Oui. En sept lettres, quatre horizontal. Malheur."

Daniel ne sait trop comment agir. Et puis survint la fille, la femme -Rachel- si belle. Il va se débattre pour essayer de ne pas culpabiliser d'aimer à la folie Rachel alors que son père décline rapidement. Mais Rachel est insaisissable. La tragédie couve dans cette petite ville. le train partira, qui sera dedans ? Ce train dont les roues scandent Ra... chel, Ra... chel. "Chaque tour de roue produisait une syllabe, chaque syllabe une image différente. Puis les syllabes fusionnaient pour former un nom, mais les images de Rachel ne s'assemblaient jamais pour former une personne." Arrivant d'une autre ville, elle s'installe avec David pour quelques temps dans cette bourgade.

"Le problème avec l'amour, (...) c'est que c'est à la fois un poison et un antidote - et qu'on ne sait jamais vraiment lequel des deux on avale."

Elle était libre, refusant les contraintes, n'appelant jamais son père autrement que David. Libre et triste. Elle accepte Daniel, il entre dans sa vie mais n'arrive pas à la comprendre. Il l'aime, son coeur brûle, s'enflamme mais Rachel oscille. Il devra apprendre et comprendre en un été à entrevoir la vie d'un adulte.

Si vous aussi, tout comme Daniel, choisissez un livre à partir de la dernière phrase écrite, je vous la livre "Et je m'en allai par le monde." Je vous souhaite un merveilleux voyage avec Price.
Commenter  J’apprécie          401
Quel étrange roman !... La lecture de Price est captivante, je dirais même ensorcelante, malgré le sentiment de malaise qui s'en dégage… Ou peut-être est-ce en raison de ce sentiment de malaise...

East Chicago est une petite ville industrielle à une heure du centre de Chicago. Des aciéries et des raffineries font vivre une population modeste et laborieuse. Daniel Price, dix-huit ans, termine ses études secondaires. Il ne sait pas encore que faire de sa vie. Pas d'inquiétude. En 1961, année où Steve Tesich situe les événements de son roman, l'activité économique est en plein développement. Les jeunes ne sont pas angoissés par la recherche de leur premier emploi. L'époque ne les exempte toutefois pas de tous tracas ; la libération sexuelle est encore à venir. Ce qui agite les pensées des garçons comme Daniel, ce sont les filles. Et la possibilité ou pas de coucher avec...

Une fille, justement, Daniel en rencontre une. Elle s'appelle Rachel. Belle, sûre de son charme, elle va tournebouler la tête de Daniel. Leurs dialogues sont pétillants, délicieux, surprenants. Lui s'accroche, parfois drôle, souvent pathétique. Elle papillonne, taquine, imprévisible. Séduite, certes ; mais dans quelle mesure ? le hasard peut-il prendre la forme d'un destin ? Daniel veut s'en persuader.

Rachel est une jeune fille étrange. Elle habite avec son père, explique-t-elle, David, un homme entre deux âges, photographe ; un personnage étrange lui aussi…

J'ai dit étrange ? Comme c'est étrange !

Daniel vit chez ses parents. Il entretient une relation compliquée avec son père, un homme médiocre, meurtri, que des frustrations ont rendu agressif, méchant. Père et fils s'aiment-ils, se haïssent-ils ? Et pourquoi cette tension pesante entre père et mère ? Une atmosphère confinée dont Daniel voudrait s'échapper… Mais voilà qu'on découvre à son père un cancer inexorable. Il réclame présence, assistance, compassion ; jusqu'à la fin. Tous ces moments à rêver à Rachel, à la désirer, loin d'elle ! Conscience filiale et conquête féminine ne font pas bon ménage.

Daniel en vient à s'embrouiller dans ses rapports avec Rachel. Narrateur du récit et de ses péripéties, il en perçoit les zones d'ombre et les malentendus, mais il ne les comprend pas. Il les interprète à sa façon, imaginant des explications sous forme de scénarios à son avantage ; il adopte alors des attitudes maladroites, qui tombent à plat et ne font qu'accentuer le malaise. Un malaise qui nous envahit à notre tour, nous lecteurs. Car peu à peu, nous subodorons la réalité cruelle des choses, laquelle continue à échapper au jeune homme, naïf et novice.

Plus la vérité prend forme, plus Daniel se réfugie dans l'écriture mentale de ses scénarios, très détaillés et néanmoins erratiques. Il les rabâche dans des soliloques tourmentés et obsessionnels, excluant toute possibilité de lucidité.

Un procédé littéraire que l'auteur a aussi utilisé dans son autre roman, Karoo, un chef d'oeuvre, où l'on voit le héros se lancer dans une logorrhée enfiévrée et interminable pour tenter de conjurer la révélation d'une catastrophe annoncée. Prématurément disparu, Steve Tesich maîtrisait avec talent la gradation dramatique de ses fictions. Dans Price, il s'était inspiré de son adolescence dans cette même ville d'East Chicago.

Le parcours de Daniel trouve un écho dans la mémoire intime d'hommes de ma génération. Pour paraphraser Swann, n'avons nous jamais eu l'impression d'avoir gâché nos dix-huit ans pour des filles qui, finalement, n'étaient pas notre genre ? Des rencontres d'été. Des amourettes enfouies dans le tréfonds de lointains souvenirs.

Attention ! Certaines aventures peuvent détruire un adolescent. « L'amour peut être un poison. Et ça peut être aussi un antidote », dit-on à Daniel. Ce qui importe, c'est de toujours faire la différence entre les deux. Quand ce n'est pas le cas, cela peut conduire un jeune garçon au pire : désespoir, suicide, meurtre. A l'inverse, cela peut le construire et l'aider à entrer de plain-pied dans sa vie d'adulte.

Dix-huit ans, c'est l'âge du questionnement, de la rébellion, du choix d'un chemin. Au lycée, Daniel avait deux amis proches. L'un reproduira un médiocre modèle familial, allant jusqu'à porter les vêtements de son père décédé. L'autre partira en vrille... gravement, très gravement… Et Daniel ? Peut-être choisira-t-il de tout mettre par écrit et de s'en aller par le monde.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          360
Décidément, j'aime Steeve Tesich...même si je fais sa découverte à rebrousse-poil!

Price est moins abouti que Karoo: scénario plus linéaire, héros moins surprenant, ton moins caustique...et pourtant Price fait mouche, lui aussi!

Daniel Price est à la croisée des chemins: entre adolescence (finissante) et adulescence( redoutée), entre papa (malade, méchant, écorché vif et américain) et maman (entière, fougueuse, brutale, et serbe), entre amitiés indéfectibles de lycée (Misiora, rebelle, hargneux, provoc' et "Freud" , doux, fort, tendre) et premier amour total et dévastateur ( aah, cette Rachel, cette inoubliable Rachel, être de fuite, de contradictions et de mystères à faire pâlir toutes les Odette, toutes les Albertine et se damner tous les Narrateur, tous les Swann de la littérature!), entre le lycée rassurant mais usé comme un vieux banc d'école et l'avenir en forme de point d'interrogation ( ouvrier, comme s'y résigne Papa? voyou comme le rêve Maman? écrivain et poète comme le dicte la passion?).

Daniel Price ou le règne de l'entre-deux...

Le récit se charge de donner quelques réponses, jamais sûres, toujours nuancées à ces dilemmes successifs.

On est suspendu à ses péripéties, captif de son univers, centré dans la périphérie ouvrière de Chicago, avec quelques incursions dans la belle avenue bordée d'arbres de Rachel.

Éducation sentimentale, bien sûr, et surtout, mais aussi initiation à la vie , à la cruauté du jeu social , aux mirages du rêve américain - Daniel Price est le fils d'un ouvrer américain et d'une femme de ménage serbe : c'est aussi un roman social.

C'est sûrement aussi un roman fortement autobiographique: la série de pères réels ou figurés - vivants, morts ou en voie d'auto-destruction - tous assez mortifères et castrateurs, fait mieux comprendre, a posteriori, le personnage calamiteux et émouvant de Karoo...

L'ombre du père plane sur tous les personnages de ce grand premier roman."Tuer le père " semble être pour eux tous la première marche vers la liberté et la solitude assumée et souvent douloureuse de l'âge adulte.

Un beau livre -l'objet -livre lui-même est beau chez Monsieur Toussaint Louverture!- et un roman attachant , sincère et profond.
Commenter  J’apprécie          296
Il y a des livres comme ça qui laissent des traces, des romans dont on ne ressort pas indemnes. C'est ma quête chaque fois que je commence un nouveau roman. L'envie d'être transportée, chamboulée.
Je connaissais Steve Tesich pour avoir lu et grandement apprécié « Karoo ». Sa plume fouillant les profondeurs de l'être humain, son regard peut-être un peu sombre me plaisaient. J'ai commencé « Price » en espérant que ce serait de la même veine. Je n'ai pas été déçue. Plus encore que ça d'ailleurs.
Daniel Price, 17 ans, vit dans une petite bourgade de l'Indiana aux Etats-Unis. La fin des cours approche. Ce sera bientôt le diplôme, et avec ses deux meilleurs amis, ils se questionnent sur leur avenir, fait d'espoir et d'envie tout en étant conscients de leurs perspectives minces dans cette petite ville industrielle où les pères triment dans les raffineries. A 17 ans, ils n'ont pas encore vécu d'histoires avec une fille. Même s'ils en sont parfois moqueurs, ils en rêvent bien sûr, comme tout gamin de leur âge.
Ses deux amis sont un peu les deux pans extrêmes de la personnalité de Daniel. Il y a William Freund (dit Freud), le naïf, celui qui a toujours besoin d'être près de ses deux potes pour se rassurer, qui voue un respect sans borne pour son père décédé. Et Larry Misoria (dit « le teigneux ») (j'ai eu un petit faible pour lui), le mec cynique mais profond et émouvant, avec une grande acuité de la vie.
Un soir, Price en traînant dans une rue voisine, va remarquer une jeune fille dont il va immédiatement tomber amoureux. Un homme près d'elle, qui doit être son père, l'appelle Rachel. Rachel… C'est le coup de foudre pour Daniel.
Mais les représentations de ceux qui nous entourent sont faites parfois de nos mirages, de nos envies, de nos espoirs et de nos peurs. On interprète leurs mots, leurs comportements au gré de nos humeurs, positives ou sombres, au gré de nos espoirs ou désespoirs.
Daniel va faire en sorte de rencontrer cette jeune fille et, peu à peu, de tisser un lien amoureux. Mais Rachel est énigmatique, attachante et fuyante, vibrante de gaieté et triste la seconde d'après.
Le père de Daniel est malade. Daniel fuit ce père que la maladie qui s'aggrave rend plus acerbe et réaliste. Daniel fuit cette vision de la mort. Et parce que son coeur n'est plus que tourné vers Rachel, il en délaisse même ses amis et sa mère, cachant sa relation amoureuse.
Tour à tour, Daniel se sent incroyablement amoureux puis, la seconde d'après, incroyablement désespéré, laissé pour compte lorsque Rachel, à l'inverse, peut se montrer insaisissable, lorsqu'elle lui glisse entre ses doigts. Rachel devient son obsession, comme on s'accroche à ce qu'on a de plus beau dans la vie pour ne pas sombrer, comme si elle n'était plus que son unique raison d'exister et d'espérer…
Daniel Price va en quelques semaines à peine devenir adulte et connaître l'amour mais aussi l'approche de la mort, la souffrance, les rêves et les désenchantements. Un été d'apprentissage à la fois beau et terrible. le choix de son nom n'est pas un hasard… Price, le prix, le prix à payer. Quel prix sommes-nous prêts à payer pour réaliser nos rêves, pour vivre un tant soit peu selon nos aspirations ?
Daniel Price est un être empreint de beauté et d'imperfections. Ses travers (qui ne sont pas tous faciles à accepter) le rend profondément humain. Ce roman « Price », c'est l'apprentissage de la vie. C'est un condensé de sentiments qu'on connaît tous un jour ou l'autre. Des battements du coeur et des spleens. de bonheur et de chagrin. de l'amitié, d'éclat de rire, des difficultés de relations humaines, des blessures, des non-dits, des trahisons. Mais aussi du temps qui passe, des étapes, des changements d'époque. Price, c'est un peu de nous, de cette vie faite de rêves et de désillusions.
Et malgré tout, quand même, on continue tous les jours, avec cet infime espoir en nous qui nous fait tenir.
Je suis ressortie de cette lecture profondément triste, peut-être parce que ça ressemble terriblement à la vie, à sa complexité. L'écriture de Steve Tesich semble si simple pour réussir comme ça à nous embarquer en un rien de temps dans cette histoire mais, elle est aussi indéniablement profonde et sensible par la description de tous ces êtres, si plein de réalisme.
Alors, pour tout cela, « Price » a été, pour moi, un de ses livres dont on ne ressort pas tout à fait comme avant.
Commenter  J’apprécie          286



Autres livres de Steve Tesich (3) Voir plus

Lecteurs (891) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1820 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..