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EAN : 9782072822322
176 pages
Gallimard (03/10/2019)
3.84/5   3404 notes
Résumé :
« — Tesson ! Je poursuis une bête depuis six ans, dit Munier. Elle se cache sur les plateaux du Tibet. J'y retourne cet hiver, je t'emmène.
— Qui est-ce ?
— La panthère des neiges. Une ombre magique !
— Je pensais qu'elle avait disparu, dis-je.
— C'est ce qu'elle fait croire. »

Sylvain Tesson, invité par le photographe animalier Vincent Munier, parcourt le Tibet oriental. Il apprend l’art de l’affût dans l’hiver et le silen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (519) Voir plus Ajouter une critique
3,84

sur 3404 notes
Quelle aventure ! L'oeil de Vincent Munier et la plume de Sylvain Tesson ! C'est magique !
Un fabuleux témoignage sur ces immensités sauvages encore préservées mais pour combien de temps ? le tibet, haut-lieu spirituel, sanctuaire animalier en passe de devenir un important site ésotérique du vingt-et-unième siècle car il importe de garder secret un tel endroit. Tant pis, je n'irai pas mais j'ai vécu un très beau voyage sans les désagréments : froid, longues marches, attente... Les loups, les yacks, la panthère, tout n'est qu'émerveillement d'autant que Sylvain Tesson est très inspiré et il nous livres de magnifiques commentaires, avec son incroyable vocabulaire et ses audaces folles quand à la conjugaison, je suis toujours très admirative de son style et de ces citations, aphorismes, réflexions.
Mais c'est avant tout le récit d'une complémentarité entre Sylvain Tesson toujours en mouvement, le cerveau en ébulition, donnant sa vision de la planète et des hommes qui joue un peu les candides car il passe souvent à côté de toute cette faune et Vincent Munier, ce photographe animalier passionné par son art, toujours en contemplation devant la nature à la recherche du moindre indice permettant d'approcher la panthère des neiges pour ramener quelques photographies de ces espèces en danger.
Un grand merci à ces quatre personnes : n'oublions pas Marie, la compagne de Vincent Munier et Léo, son aide de camp pour ce magnifique récit qui nous apporte aussi une vision du Tibet sous domination chinoise car ces quatre personnes prennent la température de la planète à chaque voyage et nous informent des changements en bien comme en mal.
Pour une fois malgré ce que Sylvain Tesson en dit : "Elle s'était adaptée pour peupler des endroits invivables et grimper les falaises. C'était l'esprit de la montagne descendu en visite sur la Terre, une vieille occupante que la rage humaine avait fait refluer dans les périphéries." Peut-être a-t-elle baissé sa garde pour nous montrer ce que nous risquons de perdre si nous n'y prenons garde.
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« ... une bête représente la plus belle récompense de la vie ... »
A l'affût du monde animal qui se dévoile dans sa beauté et sa cruauté pour qui sait attendre et voir, Sylvain Tesson, l'explorateur impatient, suit l'exemple de ses compagnons de route. Il écoute, observe et fait silence car, il le sait, l'ultime récompense, l'animal mythique et magnifique — la panthère des neiges — est à ce prix-là.

Dans cette expérience unique et singulière Sylvain Tesson s'interroge sur le sens et l'origine de toutes vies. Ces questions existentielles et métaphysiques, auxquelles il donne des réponses personnelles et sophistiquées, sont celles d'un homme qui élargit sa compréhension du monde, accomplissant un formidable voyage, les yeux, le coeur et l'intelligence grands ouverts.

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Infatigable voyageur de l'extrême, l'auteur accompagne le photographe animalier Vincent Munier dans une expédition au Tibet, dans l'espoir d'apercevoir l'une des dernières panthères des neiges.


La narration livre de magnifiques pages sur l'un des espaces encore préservés de la planète, en grande partie en raison de son inaccessibilité et de ses âpres conditions climatiques. Par des températures oscillant entre -20 et -30°C, au coeur de montagnes à première vue désertes offrant des paysages aussi rudes que somptueux, l'équipe d'observateurs doit déployer toutes ses ressources physiques et des trésors de patience, pour guetter indéfiniment, et peut-être vainement, l'apparition de la rarissime reine du camouflage. En attendant, affût après affût, la faune sauvage locale se dévoile peu à peu, poursuivant son cycle perpétuel de vie et de mort sur un territoire en peau de chagrin, de plus en plus menacé par l'activité humaine.


Un désenchantement plein d'auto-dérision imprègne le texte, face à la certitude d'observer un monde sauvage en sursis, décimé par l'irresponsable avidité des hommes, au nom d'un progrès au final sur bien des plans contestable. Empruntant à de nombreuses références tant occidentales qu'orientales, l'auteur nous livre, sur un ton caustique, une réflexion philosophique et spirituelle qui fait si souvent mouche que j'en conserve une collection d'aphorismes record pour une seule lecture.


Ce superbe récit d'aventure, qui fait autant rêver que méditer, frappe à chaque phrase, inoculant l'envie de prendre à son tour le temps d'ouvrir les yeux. Il m'a incitée à aller découvrir avec émerveillement les clichés de Vincent Munier, dont on sait plus ce qui impressionne le plus : la beauté des sujets ou la technique et la patience qu'il aura fallu pour la capturer. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Telle la panthère des neigesSylvain Tesson marie dans ce texte la puissance et la grâce. Il rend compte d'une nature tour à tour enveloppante, foisonnante et effrayante. La faune a un rôle, un rang, une place. Elle le sait et s'adonne à « des gestes délicats adaptés à la violence des altitudes ». Cette nature brute, vertigineuse se démarque en tous points des allures bien rodées de nos vies citadines.

Les chapitres courts invitent le lecteur à suivre sans s'essouffler. Nous sommes « dans un jardin très froid, un jardin très dur », sur le plateau tibétain, à cinq mille cinq cents mètres d'altitude. « le soleil blanchit la terre, les ombres noires courent sur les roches, le paysage dispose ses strates comme dans les toiles tibétaines tendues au mur des monastères. ». « Des milliers d'yeux nous surveillent et nous ne soupçonnons rien ». Il fait froid. Froid au-delà du raisonnable. Sylvain Tesson, Vincent Munier, sa compagne Marie et Léo sont à l'affût….
« le Tibet tendait ses paumes sèches sous un ciel bleu comme la mort ».

L'auteur est rentré en France et a accordé quelques entretiens aux médias. La valse frénétique de la promotion incontournable le fait entrer dans une danse endiablée, ici, maintenant. Il atterrit. Il confie ses rêves. Il mûrit sa réflexion et la livre en pâture à quelques journalistes affamés. Plus rien ne semble lui appartenir. Il vient de monter sur le plateau le plus élevé de la planète. Il est descendu au plus profond de lui-même et le voilà confronté « à un vacarme effroyable » qu'il dénonce régulièrement. de puissants projecteurs formalisent ce spectacle, chauffent les plateaux de télévision là où les éléments naturels réchauffaient les âmes leurs promettant de jolies surprises.

La panthère, « métaphore de l'invisibilité, de l'évanescence, de la fugacité, de la délivrance » laisse sa place. Elle ne lutte pas face à « l'impératrice modernité » Elle est en voie de disparition et s'efface devant presque huit milliards d'hommes dont un grand nombre en marche cadencée vers ce qu'ils appellent le progrès. Leur progrès.

Sylvain Tesson nous dit son plaisir de voyager, de « pousser ses portes » et de s'envelopper dans la dévotion, prenant conscience du miracle du vivant. Nous sommes dans le plus beau musée nous dit-il et nous en sommes les pires conservateurs. Ce livre est en même temps un hymne à l'amour de la nature et de ses contraintes. C'est l'éloge du silence, de la patience, de l'attention décuplée, de la discrétion, de l'humilité. C'est aussi un plaidoyer pour ces bêtes si robustes, si combatives, si fortes et en même temps si fragiles parce que justement elles sont menacées et leurs jours sont comptés.

Une expédition de cette trempe même sur papier « ça vous réveille, ça fait jaillir des choses qui vous embellissent ». Moi ça m'a fait rêver. Rêver que j'étais dans le plus beau musée du monde gardé par les conservateurs les plus talentueux.

Je rends hommage au travail de Vincent Munier dont le livre: Tibet minéral animal est un formidable complément visuel à cette lecture et nous aide à illustrer nos rêves
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Je m'étais régalée avec les magnifiques photographies de la faune tibétaine prises par Vincent Munier publiées dans le superbe album Tibet minéral animal avec des poèmes de Sylvain Tesson. Aussi attendais-je avec impatience de pouvoir lire La panthère des neiges de ce dernier, Prix Renaudot 2019. Je dois avouer que je ne l'ai pas autant savouré que je l'espérais. Dans les forêts de Sibérie ou Sur les chemins noirs m'avaient davantage plu.
Nous partons donc avec Vincent Munier, talentueux photographe animalier, sa fiancée Marie, cinéaste, Léo, aide de camp philosophe de Munier et bien sûr Sylvain Tesson qui a accepté de l'accompagner au Tibet, dans l'espoir d'apercevoir la fameuse panthère des neiges. Tesson a dû promettre à Munier, s'il écrivait un livre de ne pas donner le nom exact des lieux : "Ils avaient leurs secrets. Si nous les révélions, des chasseurs viendraient les vider."
C'est sur les hauts plateaux du Tibet que nous retrouvons l'auteur avec ses amis, par une température avoisinant parfois les - 30°C, à l'affût, de la fugace panthère des neiges. Ils vont croiser des antilopes, des yacks sauvages appelés drung, que Munier vénère, des chèvres bleues, des loups... et finiront après de longues attentes dans le froid et le silence par apercevoir cette éblouissante panthère des neiges, cette once, ce magnifique félin dont le "pelage, marqueterie d'or et de bronze appartenait au jour, à la nuit, au ciel et à la terre."
C'est cette approche et cette attente immobile et silencieuse que l'écrivain-voyageur s'attache à nous faire découvrir. "Le principe du guet est d'endurer l'inconfort dans l'espoir qu'une rencontre en légitime l'acceptation."
Beaucoup de poésie dans les descriptions de ce cadre idyllique, de considérations sur la vie et de pensées philosophiques, d'aphorismes, spécialité de Tesson, rencontré lors des Correspondances de Manosque 2019, agrémentent ce récit, mais aussi beaucoup d'amertume et de désillusion sur la nature humaine.
Je retiendrai cette technique de l'affût qui peut devenir un style de vie pour découvrir n'importe où, la beauté de la vie pour peu qu''on veuille bien lâcher-prise.
La lecture de cette belle chronique d'une attente où la patience est récompensée mais sans certitude aucune a été enrichissante et plaisante mais ne m'a pas cependant captivée.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
25 novembre 2019
Avec ce récit de voyage qui a récemment remporté le prix Renaudot, l’écrivain et globe-trotteur français Sylvain Tesson nous permet d’approcher l’un des plus mystérieux habitants du Tibet.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
NonFiction
18 novembre 2019
En chapitres brefs, denses, avec une forme d’autodérision qui le dispute au désenchantement, Sylvain Tesson livre un manifeste écologiste et antimoderne. [...] Le livre conduit son lecteur de réflexions en traits d’humour, de descriptions en méditations qui donnent à réfléchir et à rêver, et à se mettre à son tour à l’affût.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (985) Voir plus Ajouter une citation
Elle levait la tête, humait l'air. Elle portait l'héraldique du paysage tibétain. Son pelage, marqueterie d'or et de bronze, appartenait au jour, à la nuit, au ciel et à la terre. Elle avait pris les crêtes, les névés, les ombres de la gorge et le cristal du ciel, l'automne des versants et la neige éternelle, les épines des pentes et les buissons d'armoise, le secret des orages et des nuées d'argent, l'or des steppes et le linceul des glaces, l'agonie des mouflons et le sang des chamois. Elle vivait sous la toison du monde. Elle était habillée de représentations. La panthère, esprit des neiges, s'était vêtue avec la Terre.
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Le loup

Des loups hurlèrent, loin, vers le couchant, par-delà le col.
_ Ils chantent préféra dire Munier, ils sont au moins huit.
Comment pouvait-il le savoir ? Je n'entendais qu'un même lamento. Munier poussa un hurlement. Au bout de dix minutes, un loup répondit. S'établit alors ce que je garde comme une des plus belles conversations tenues par deux êtres vivants certains de ne jamais fraterniser. "Pourquoi nous sommes-nous séparés ?" disait Munier. "Que me veux-tu? " disait le loup.
Munier chantait. Un loup répondait. Munier se taisait, le loup reprenait. Et soudain l'un d'eux apparut sur le col le plus haut. Munier chanta une dernière fois et le loup galopa dans le versant vers notre position. Farci de lecture médiévale - fables du Gévaudan et romans arthuriens -, je ne trouvais pas du tout agréable la vision d'un loup fonçant vers moi. Je me rassurais en regardant Munier. Il avait l'air aussi inquiet qu'une hôtesse d'Air France dans les turbulences.
_ Il va s'arrêter d'un coup devant nous, murmura-t-il juste avant que le loup ne se fige à cinquante mètres.
Il prit la tangente, et nous coiffa par un long cheminement, trottant à niveau, la tête tournée vers nous rendant les yacks fébriles.
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En 2019, l’humanité pré-cyborg ne consentait plus au réel, ne s’en satisfaisait pas, ne s’y accordait, ni ne savait s’y assortir. Ici, à Notre-Dame de l’Attente, je demandais au monde de continuer à pourvoir ce qui était déjà en place.

En ce début de siècle 21, nous autres, huit milliards d’humains, asservissions la nature avec passion. Nous lessivions les sols, acidifiions les eaux, asphyxiions les airs. Un rapport de la Société zoologique britannique établissait à 60 % la proportion d’espèces sauvages disparues en cinq décennies. Le monde reculait, la vie se retirait, les dieux se cachaient. La race humaine se portait bien. Elle bâtissait les conditions de son enfer, s’apprêtait à franchir la barre des dix milliards d’individus. Les plus optimistes se félicitaient de la possibilité d’un globe peuplé de quatorze milliards d’hommes. Si la vie se résumait à l’assouvissement des besoins biologiques en vue de la reproduction de l’espèce, la perspective était encourageante : nous pourrions copuler dans des cubes de béton connectés au Wifi en mangeant des insectes. Mais si l’on demandait à notre passage sur la Terre sa part de beauté et si la vie était une partie jouée dans un jardin magique, la disparition des bêtes s’avérait une nouvelle atroce. La pire de toutes. Elle avait été accueillie dans l’indifférence. Le cheminot défend le cheminot. L’homme se préoccupe de l’homme. L’humanisme est un syndicalisme comme un autre.

La dégradation du monde s’accompagnait d’une espérance frénétique en un avenir meilleur. Plus le réel se dégradait, plus retentissaient les imprécations messianiques. Il y avait un lien proportionnel entre la dévastation du vivant et le double mouvement d’oubli du passé et de supplique à l’avenir.

« Demain, mieux qu’aujourd'hui », slogan hideux de la modernité. Les hommes politiques promettaient des réformes (« le changement », jappaient-ils !), les croyants attendaient une vérité éternelle, les laborantins de la Silicon Valley nous annonçaient un homme augmenté. En bref, il fallait patienter, les lendemains chanteraient. C'était la même rengaine : « Puisque ce monde est bousillé, ménageons nos issues de secours ! » Hommes de science, hommes politiques et hommes de foi se pressaient au portillon des espérances. En revanche, pour conserver ce qui nous avait été remis, il n’y avait pas grand monde.

Ici un tribun de barricade appelait à la Révolution et ses troupes déferlaient avec la pioche au poing ; ici un prophète invoquait l’Au-delà et ses ouailles se prosternaient devant la promesse ; ici, un Folamour 2.0 fomentait la mutation posthumaine et ses clients s’entichaient de fétiches technologiques. Ces hommes vivaient sur des oursins. Ils ne supportaient pas leur condition, et de cette outre-vie ils attendaient les bienfaits mais ne connaissaient pas la forme. Il est plus difficile de vénérer ce dont on jouit déjà que de rêvasser à décrocher les lunes.

Les trois instances – foi révolutionnaire, espérance messianique, arraisonnement technologique – cachaient derrière le discours du salut une indifférence profonde au présent. Pire ! elles nous épargnaient de nous conduire noblement, ici et maintenant, nous économisaient de ménager ce qui tenait encore debout.

Pendant ce temps, fonte des places, plastification, mort des bêtes.

« Fabuler d’un autre monde que le nôtre n’a aucun sens. » J’avais noté cette fusée de Nietzsche en exergue d’un petit calepin de notes. J’aurais pu la graver à l’entrée de notre grotte. Une devise pour les vallons.

Nous étions nombreux, dans les grottes et dans les villes, à ne pas désirer un monde augmenté, mais un monde célébré dans son juste partage, patrie de sa seule gloire. Une montagne, un ciel affolé de lumière, des chasses de nuages et un yack sur l’arête : tout était disposé, suffisant. Ce qui ne se voyait pas était susceptible de surgir. Ce qui ne surgissait pas avait su se cacher.
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En ce début de siècle 21, nous autres, huit milliards d’humains, asservissions la nature avec passion. Nous lessivions les sols, acidifiions les eaux, asphyxiions les airs. Un rapport de la Société zoologique britannique établissait à 60 % la proportion d’espèces sauvages disparues en cinq décennies. Le monde reculait, la vie se retirait, les dieux se cachaient. La race humaine se portait bien. Elle bâtissait les conditions de son enfer, s’apprêtait à franchir la barre des dix milliards d’individus. Les plus optimistes se félicitaient de la possibilité d’un globe peuplé de quatorze milliards d’hommes. Si la vie se résumait à l’assouvissement des besoins biologiques en vue de la reproduction de l’espèce, la perspective était encourageante : nous pourrions copuler dans des cubes de béton connectés au Wifi en mangeant des insectes. Mais si l’on demandait à notre passage sur la Terre sa part de beauté et si la vie était une partie jouée dans un jardin magique, la disparition des bêtes s’avérait une nouvelle atroce. La pire de toutes. Elle avait été accueillie dans l’indifférence. Le cheminot défend le cheminot. L’homme se préoccupe de l’homme. L’humanisme est un syndicalisme comme un autre.

La dégradation du monde s’accompagnait d’une espérance frénétique en un avenir meilleur. Plus le réel se dégradait, plus retentissaient les imprécations messianiques. Il y avait un lien proportionnel entre la dévastation du vivant et le double mouvement d’oubli du passé et de supplique à l’avenir.

« Demain, mieux qu’aujourd’hui », slogan hideux de la modernité. Les hommes politiques promettaient des réformes (« le changement », jappaient-ils !), les croyants attendaient une vie éternelle, les laborantins de la Silicon Valley nous annonçaient un homme augmenté. En bref, il fallait patienter, les lendemains chanteraient. C’était la même rengaine : « Puisque ce monde est bousillé, ménageons nos issues de secours ! » Hommes de science, hommes politiques et hommes de foi se pressaient au portillon des espérances. En revanche, pour conserver ce qui nous avait été remis, il n’y avait pas grand monde.
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C'étaient des totems (les yacks) envoyés par les âges. Ils étaient lourds, puissants, silencieux, immobiles : si peu modernes ! Ils n'avaient pas évolué, ils ne s'étaient pas croisés. Les mêmes instincts les guidaient depuis des millions d'années, les mêmes gènes encodaient leurs désirs. Ils se maintenaient contre le vent, contre la pente, contre le mélange, contre toute évolution. Ils demeuraient purs, car stables. C'étaient les vaisseaux du temps arrêté. La préhistoire pleurait et chacune de ses larmes était un yack. Leurs ombres disaient :"Nous sommes de la nature, nous ne varions pas, nous sommes d'ici et toujours. Vous êtes de la culture, plastiques et instables, vous innovez sans cesse, où vous dirigez-vous ?"
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