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Citations sur S'abandonner à vivre (213)

(Définition du) Businessman arriviste enrichi par la chute de l'URSS :
Parasite qui doit sa prospérité au dépeçage de l'Union soviétique, individu flasque, blanc et gros, cachant son manque d'éducation et sa crasse culturelle sous des vêtements lamentablement assortis, un amas de gadgets prétentieux et la satisfaction de soi-même, possède davantage de sens du kitsh que du beau, souvent moscovite, considère la nature comme un parc d'attraction et les bêtes sauvages comme des cibles pour le tir à la carabine.
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Il est rare en voyage de vivre des jours conformes aux idées que l'on s'étaient forgées avant les grands départs. D'habitude, voyager c'est faire voir du pays à sa déception.
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.
Le soleil déchira les nuages , illumina quelques instants le bulbe de l'église de Notre-Dame- de- Kazan [...]

[...] Tatiana imagina les babouchkas à l'œuvre devant l'iconostase .
Elles devaient être en train de se prosterner devant l'icône , de s'écraser le visage contre les stigmates , et d'appeler de toutes leurs forces le monstrueux néant de la vie éternelle pour se consoler d'avoir traîné si patiemment le fardeau d'une existence en larmes sur la terre sibérienne .

P.69
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Epigraphe, nouvelle "Les fées"

Un enchantement, une fée vêtue
D'un mouvement -- doux comme le sommeil ;
Ellipse de toutes les joies
Somme de toutes les larmes

Dylan Thomas, poèmes de jeunesse
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Je n'ai jamais aimé faire l'amour dans la nature. Les étreintes de plein air me dégoûtent...Le foin pique la peau, l'herbe marque le gras des cuisses, le soleil brûle le dos, les buissons hypocrites camouflent les voyeurs, et même la tente n'est d'aucun secours avec son nylon qui colle à la peau. je me souviens d'un jour à Oxford : elle était anglaise et le gazon grattait, nous étions sous un saule, près d'un embarcadère. Je m'aperçus soudain qu'une famille de colverts nous matait et j'en fus plus gêné que si c'était ma mère.
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Les Russes n'ont aucun respect pour leur propre existence mais un sens pathologique de la conservation des objets.

L'ermite
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Dans ma famille, le voyage de noces était une tradition à laquelle il aurait été inconcevable de déroger. Nous considérions que la réussite de l’entreprise présageait la plus ou moins bonne fortune du mariage.

Mon arrière-grand-père avait passé deux jours à Cambrai avec mon arrière-grand-mère chez une cousine mercière. Il avait acheté à sa femme un service de nappes en dentelle, était monté au beffroi, avait éprouvé un vertige affreux et était revenu s’enfouir dans un village de betteravier picard qu’il n’avait quitté que pour mourir dans la Somme, coupé en deux par un shrapnel.

Mon grand-père, en pleine Seconde Guerre mondiale, était parti à bicyclette avec ma grand-mère pour relier Gênes à Marseille. Ils racontaient avoir désespéré un soir de trouver trace humaine entre Nice et Juan-les-Pins, ce que nous avions le plus grand mal à croire quand, soixante ans plus tard, nous roulions sur la côte massacrée par le surpeuplement et l’exhibition des corps.

Mon père avait fait visiter le Cambodge à ma mère. Quand elle avait perdu sa dent de porcelaine dans sa soupe aux fleurs de lotus, elle n’avait plus voulu ouvrir la bouche avant de regagner Siem Reap et de trouver un dentiste. Leur union avait été ainsi inaugurée par un long silence qu’ils s’étaient ensuite chargés de combler.

Ma sœur était partie avec mon beau-frère dans la Galice espagnole « plonger dans l’univers des fées et des légendes celto-ibériques », comme elle l’avait claironné. Ils étaient revenus deux jours plus tard, affreusement abattus, pestant contre l’enlaidissement de la côte par les pavillons et les baraques à frites. Mon beau-frère avait dit : « On est allés chercher le roi Arthur et l’enchanteur Merlin, on s’est retrouvés chez Leroy Merlin », et ce mot nous avait alertés sur une propension au calembour dont nous eûmes ensuite à souffrir sans discontinuité.
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Les Chinois s'enrichissaient, l'économie s'emballait, le pays prospérait et la demande en courant électrique explosait. La nation sous tension réclamait des kilowatts. La lumière s'était allumée au plafonnier de la nouvelle Chine. À Pékin, on voulait son Assouan. Les autorités savaient que le peuple ne s'agiterait pas tant qu'il aurait de quoi s'éclairer, cuisiner le riz et se chauffer. Les dieux n'avaient pas prévu que le ruban nourricier de la plaine servirait un jour à faire tourner les turbines d'un barrage pour apaiser la voracité d'une nation obèse.

Le barrage
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Je n'ai pas de téléphone portable car je trouve dune insondable goujaterie d'appeler quelqu'un sans lui en demander au préalable l'autorisation par voie de courrier. Je refuse de répondre au « drelin » du premier venu. Les gens sont si empressés de briser nos silences...J'aime Degas,lançant « c'est donc cela le téléphone ? On vous sonne et vous accourez comme un domestique. » Les sonneries sectionnent le flux du temps, massacrent la pâte de la durée, hachent les journées, comme le couteau du cuisinier japonais le concombre.
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Souvent, j'arrivais par les fenêtres dans les dîners. J'aimais toquer au carreau, surprendre les invités, effrayer les maîtresses de maison. Quelques visages blêmissaient et, après un moment de flottement, on finissait par m'ouvrir. J'avais failli tuer de peur un vieux libraire américain du Quartier latin en surgissant devant sa fenêtre du troisième étage, le jour de son anniversaire. Une nuit d'été, j'avais oublié l'étage où m'attendait une Anglaise dans un immeuble des Batignolles et j'avais grimpé en humant les effluves échappés des fenêtres jusqu'au moment où, au quatrième étage, j'avais reconnu son parfum. Une autre fois, au petit matin, dans une cour d'immeuble, un homme m'avait forcé à redescendre cinq étages en me mettant en joue avec ce qui aurait aussi bien pu être un fusil qu'un parapluie. Dans le doute, j'avais obtempéré. Une nuit, la gouttière s'était décrochée, j'avais lentement basculé en arrière, dans le vide, et réussi à me rattraper de la main droite au garde-fou d'une fenêtre tout en retenant de la gauche la colonne arrachée. Un autre jour, j'avais escaladé pieds nus une façade, m'étais entaillé l'orteil et avais laissé sur le mur une traînée de sang qui avait dû alimenter les conjectures des propriétaires, le lendemain. Et un matin, je m'étais réveillé au balcon du cinquième étage d'un immeuble de la rue de Bellechasse, sans aucun souvenir du nombre exact de vodkas avalées en bas, la veille.
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