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sur 2899 notes
Des chemins dissimulés aux regards, des chemins en marge de la civilisation urbaine brutale et envahissante, tels sont les chemins noirs empruntés par Sylvain Tesson pour ses retrouvailles avec la marche, la nature, la géologie et lui-même après l'accident qui le meurtrit.
Pendant ces mois éprouvants, l'esprit chercha, se souvint, découvrit une proximité aguichante : traverser la France de la Provence au Cotentin.
Ce récit en raconte la genèse, le déroulement et l'aboutissement.
Sylvain Tesson avec sa singularité attachante, lucide, piquante, ses belles métaphores qui n'appartiennent qu'à lui, narre les chemins croisés, les lieux, leur histoire, les rares rencontres, la place et l'évolution de la ruralité en France, la ville, le grignotage malsain des campagnes, les départs provoqués, les différentes politiques et l'avenir d'un noir bien différent de celui de ces chemins parcourus.
En filigrane continu, il y a l'homme blessé, une chair meurtrie, un visage différent (supporter les regards), le découragement parfois, la bataille contre ce corps en péril et enfin la relève.
Une reconstruction que l'on suit avec inquiétude, espoir, soulagement et joie.
Pari réussi. La marche aide l'homme à se dépasser. La marche sauve l'homme.
Il y a une force qui surgit, claquant nos faiblesses d'un revers de mots puissants, sans concessions ni avec lui-même, ni avec notre pauvre monde qui s'en va... on n'ose imaginer où.
Merci Monsieur Tesson pour ces voyages que nous faisons grâce à vous et merci pour cette leçon de vie qui fouette.
"De quoi se plaindre?"
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Sylvain Tesson est victime le 21 août 2014 d'une chute de plusieurs mètres. Atteint d'une paralysie faciale, il souffre aussi de multiples fractures. Après une longue période à l'hôpital, afin qu'il retrouve sa motricité, les médecins prévoient de nombreuses séances de kinésithérapie. Lui, n'en tenant pas compte et adepte d'aventures, décide de se remettre sur pied en randonnant. Il s'organise alors un périple en France. Il prévoit d'emprunter des chemins qui l'éloigneront le plus possible de la civilisation. Muni de sa carte IGN, il suivra les « chemins noirs ». Départ du côté de Nice pour une arrivée sur les plages de Normandie. Il va traverser les Cévennes, le Massif Central, la Touraine, le Cotentin… Ce voyage, il l'effectuera seul, accompagné de sa soeur ou d'amis avec lesquels il est allé au bout du monde… Ce sera l‘occasion d'évoquer des souvenirs, de philosopher sur l'évolution de la société, de reprendre pied physiquement et de s'accepter tel qu'il est devenu. Ces chemins noirs, désertés sont aussi une aubaine pour échapper au regard d'autrui.
Cette reconstruction m'a touchée. J'ai admiré cette volonté d'un battant ! J'ai aussi aimé parcourir la campagne, le suivre dans la nature, traverser des villages qui me rappelaient des voyages en camping-car. Je me suis échappée avec lui dans ses réminiscences, sur les toits du monde… un joli dépaysement.
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J'ai suivi Sylvain Tesson de la Provence au Cotentin, en passant tout droit par le Massif Central. Je connaissais cet auteur de nom, et pour l'avoir vu un soir d'il y a longtemps déjà, dans une émission littéraire connue. Mais je ne suis tombée sur un de ses textes qu'il y a peu. C'était un conte de Noël. J'ai aimé l'écriture, la capacité de Sylvain Tesson à rendre une atmosphère en quelques lignes.
J'ai alors décidé de lire "Sur les chemins noirs". Il y raconte comment, cabossé par son accident, il a préféré tenter de remettre en route tout seul son corps rafistolé, plutôt que d'aller dans un centre de rééducation. L'enjeu était vital : il fallait qu'il sache s'il pourrait de nouveau partir à l'aventure, donc recommencer à vivre, et à vivre heureux.
Son style n'est jamais pesant, il procède par touches, de descriptions poétiques en commentaires inspirés par les régions qu'il traverse. Sa soeur et plusieurs amis l'accompagnent assez souvent, pour un ou plusieurs jours. Il part de la Provence pour rallier le Cotentin. le début du livre baigne dans le soleil. le passage dans le Massif Central est beaucoup plus sombre, granit, pluie et villages abandonnés. Puis c'est la plaine, dans laquelle les "chemins noirs" se font plus difficiles à suivre, sans cesse coupés de voies de circulation. Mais il y a la Loire et ses bancs de sable, ses ponts où Sylvain Tesson reste à rêver longuement. Et enfin - je dis "enfin" par rapport à moi, lectrice, qui attendait l'arrivée dans le Cotentin, mon lieu de prédilection, mais aussi pour l'auteur qui, lorsqu'il y arrive, comprend qu'il a gagné son pari sur les séquelles de l'accident : il s'en est sorti, il lui semble qu'il s'y débarrassera une fois pour toutes des difficultés physiques qui auraient pu l'empêcher de redevenir l'aventurier qu'il était. Déjà, à Azay-sur-Indre, il avait senti qu'il gagnait son pari contre lui-même : "Dans une maison d'hôtes d'Azay-sur-Indre, je tombai sur une histoire du bagne de Cayenne. J'y découvris l'antienne des condamnés : "Le passé m'a trahi, le présent me tourmente, l'avenir m'épouvante. " La marche dans les bois balayait ces effrois. J'aurais pu recomposer la ritournelle : "Le passé m'oblige, le présent me guérit, je me fous de l'avenir."
Son écriture ne plaît pas à tout le monde. Elle est classique, riche, un peu baroque quelquefois, pleine de poésie. Ses descriptions, bien que toujours courtes, suffisent à camper un paysage, à le faire vibrer devant nos yeux.
J'ai déjà en vue la lecture de Berezina. On ne quitte pas comme cela une écriture qui nous emporte.
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J'aime bien Sylvain Tesson. Je l'ai croisé une première fois sur les bords du lac Baïkal en compagnie de son stock de vodka et je le retrouve ici “on the road again” sur les petits chemins oubliés qui traversent la France. Entre temps, il lui est arrivé des trucs. Des trucs pas cool en plus. Il a perdu sa maman. Et il est tombé d'un toit. Il aurait pu y rester mais non, au lieu de ça il se relève et peut se mettre à hurler sans complexe les paroles du tube interplanétaire de Gloria Gaynor ♬♪ I will surviiiiive ♫. Yeah ! Sylvain Tesson est quelqu'un qui rebondit, c'est le moins qu'on puisse dire, et pour se remettre de ses blessures il décide de traverser le pays à pied (ce qui vaut selon lui toutes les séances possibles sur les tapis roulants des centres de rééducation, why not ?). En amont, il se prépare un itinéraire qui trace une grande diagonale du sud-est au nord-ouest de la France en essayant de rester sur le plus possible sur ce qu'il appelle les chemins noirs, ces petits chemins qui sont figurés par de simples traits noirs sur les cartes IGN, vous voyez ? Mais si, rappelez-vous, autoroutes, rouge, départementales, rouge ou orange, routes goudronnées plus étroites, blanc, en pointillé les routes difficilement carrossable et enfin, en noir, les chemins. Il se base également sur un rapport gouvernemental sur l'hyper-ruralité pour choisir son axe de cheminement. Parce que oui, on sait bien que dans ce pays il y a avant tout Paris et sa région, puis les bordures (nos différentes côtes) et entre les deux, rien, un grand vide plus ou moins peuplé, plus ou moins rural, plus ou moins domestiqué. Le but du jeu est donc de choisir les zones les plus paumées pour essayer de croiser le moins de monde possible et surtout essayer de trouver une nature la moins défigurée possible.
Voilà, c'est ça le pitch. Nous marchons sur les pas de Tesson à travers ce “petit pays “ et ce “grand jardin” qu'est la France. Petit pays car il ne reste pas grand chose à découvrir par ici, pas grand chose de grand et de sauvage, et grand jardin justement parce qu'une grande partie du territoire a été aménagée et remodelée par l'homme pour les (soi-disant) besoins de l'agriculture, de l'urbanisation et de la circulation. On marche, on observe et on se fait des réflexions sur l'évolution du monde paysan, la politique agricole commune, ce qu'on appelle progrès, la révolution numérique, la désertification des campagnes ou le mouvement inverse actuel la “boboisation” de certaines campagnes.
Se reconstruire par la marche, quelle excellente idée en tout cas ! Chaque pas, malgré la douleur, permet la réparation du corps mais aussi la reconstruction de l'âme. Le cheminement se répercute à l'intérieur et en avançant sur les sentiers on avance en parallèle dans la quête de soi. J'ai terminé ce livre le 31 décembre, je vois ça comme un signe, ça tombe à pic pour les bonnes résolutions de la nouvelle année vous ne trouvez pas ? Eh bien moi je décide cette année d'aller marcher quelque temps quelque part. Reste à trouver quand et où et comment mais je dois le faire et si au bilan de l'année on se rend compte que je me suis débinée il faudra me huer haut et fort et me couvrir de plumes et de goudron. Et toc !
Lien : http://tracesdelire.blogspot..
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J'ai eu un coup de coeur pour ce livre. Je suis cet auteur depuis plusieurs années et la quête qu'il conte dans ce livre, ou plutôt devrais-je dire la reconquête, de son corps, de son âme, de son envie d'avancer, a fait écho avec ce que je traverse actuellement. Sylvain Tesson pose des questions fondamentales sur notre société actuelle tout au long de son périple qui lui fait traverser les territoires qualifiés "d'hyper-ruraux" par des auteurs du rapport sur la ruralité en France, et sur ce que l'aménagement du territoire et la façon dont nous avons de vivre dit de notre époque. J'ai beaucoup aimé ce livre tenu à la façon d'un carnet de bord, détaillant à la fois les paysages et les pensées (philosophiques ou non) qui ont traversé l'auteur. La marche comme remède aux maladies de notre siècle, comme baume sur nos maux.

Un livre inspirant.
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La diagonale du fou
En 2014, Sylvain Tesson, en état d'ébriété, tombe d'un toit et s'en sort miraculeusement au prix de multiples fractures. Rafistolé par les soins de « la médecine de fine pointe, la sollicitude des infirmières, l'amour de (mes) proches, la lecture de Villon-le-punk », il décide d'effectuer une rééducation toute personnelle : marcher, loin des routes, sur les chemins noirs, les chemins cachés, ceux de l'ombre ("Là, quelque chose, un chemin noir, menait quelque part. Il pouvait conduire vers une ruine, une écurie, une clairière. Ce serait un bon début. Une fissure dans le présent."). C'est ainsi que le 24 août, il s'engage dans une diagonale qui le mènera de Tende –Alpes Maritimes- au Cap de la Hague – Manche-.
A la fois carnet de voyage et récit introspectif, ce livre est un petit bijou. Je n'ai fait la connaissance (littéraire) de Sylvain Tesson que récemment (La panthère des neiges) mais j'avoue que je suis tombée sous le charme de cet écrivain voyageur, géographe aventurier, amoureux des grands espaces (notamment ceux de Sibérie : mais je n'ai pas encore lu ces livres s'y rapportant !) et des sentiers non battus. Je m'aperçois que j'ai pris moult notes dans ce livre : Sylvain Tesson n'est pas avare d'aphorismes bien sentis et d'observations (quelques fois un peu outrées, mais souvent très justes) sur notre société.
J'ai beaucoup aimé cheminer avec lui sur ces sentiers hors du temps, une carte IGN au 25000ème à la main, rencontrer des impasses, des culs de sacs, rebrousser chemin, écouter la nature, regarder les oiseaux, les insectes, s'égratigner les mains en cueillant des mures, respirer le vent qui bruisse et s'abreuver à l'eau de pluie. Un petit regret : très peu des rencontres qu'il n'a pas dû manquer de faire. Quelques unes sont retranscrites, mais le côté humain de cette diagonale m'a un peu manquée.
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Après une chute de plusieurs mètres qui aurait pu s'avérer fatale, Sylvain Tesson a préféré se jeter à corps perdu - c'est le cas de le dire - dans une randonnée au coeur de la France hyper-rurale plutôt que de passer de longues heures sur un tapis roulant. Habitué des grands espaces, il redécouvre une France oubliée, réaménagée par des années de politique agricole désastreuse et de mondialisation.

A la fois récit de voyage et réflexion sociologique, Sur les Chemins Noirs vaut avant tout pour la plume inimitable de l'auteur, que je découvre ici. Je n'ai jamais autant du laisser un livre de côté pour consulter le dictionnaire. Puech, combe, agreste, borie,... il me semble désormais être devenue une experte de la topographie et du relief.Mais c'est plus que ça, évidemment, c'est aussi un style, une magie des mots qui transforme le moindre bosquet, le moindre passereau en envolée poétique. Chaque phrase est un bijou délicatement ouvragé qui tinte à l'oreille et éblouit le regard. Une magnifique découverte.
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Lu au début du déconfinement.
Une marche au grand air, à plus de 100 km de chez moi .... par procuration....
Ca fait quand même du bien de respirer à pleins poumons et d'imaginer ces sentiers noirs .
Ballade agréable, comme souvent avec Tesson, très loin d'une marche forcée !
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Magnifique pour l'écriture et la poésie qui en découle.
Sylvain Tesson est un écrivain qui nous emmène sur des chemins noirs qui le sont véritablement au fur et à mesure des pages. Et ce pour quoi il manque une demie étoile.
Autant la description des paysages est magnifique, autant la morosité vous tient après le premier tiers.
Comment lui en vouloir puisque la vie lui a offert ce physique qu'il faut accepter et se détourner du regard surpris des autres.
C'est magnifiquement écrit et si je n'ai sorti que deux citations, d'autres babéliots (es) en auront repéré plein d'autres car il y a des pépites.
Joli voyage en tout cas !
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Du col de Tende jusqu'au sémaphore de la Hague Sylvain Tesson va traverser la France à pied sur les chemins noirs !
J'ai pu le suivre jusqu'à Ussel en passant par l'Artense car ce sont des chemins que j'ai personnellement empruntés au cours de mes randonnées ! L'auteur épris de boisson a eu un grave accident et s'est cassé la "gueule " en tombant d'un toit ou il faisait le pitre ! Après l'hospitalisation, les soins, la transfusion il sort défiguré avec une paralysie faciale, sourd et très diminué physiquement ! Il va rejeter le recours préconisé en vue d' une longue ré-éducation pour se lancer un défi énorme : à savoir traverser la France avec peu de matériel et sans intendance, parcourir les chemins cachés, les sous-bois, les pistes à ornières, les villages abandonnés !
Une ré-éducation pour celui qui avait passé 20 ans à courir le monde entre Oulan-Bator et Valparaiso et besoin de se prouver qu'il était encore ce globe-trotteur infatigable et pouvoir encore écrire une page de ses aventures !
Il est parti avec ses cartes de l'IGN découvrir la France profonde et sa ruralité !
Et, si les paysages qu'il décrit sont magnifiques, il n'en perd pas l'habitude de faire des commentaires sur l'état déplorable de son pays dévasté par l'hyper-ruralité, par l'impact de la modernisation sur les terres, les hommes et sur les mentalités !
Tout y passe : la décentralisation, l'abandon des petites exploitations, le rêve pavillonnaire, l'urbanisation, la mécanisation, le haut débit, la rentabilité..bref tout ce qui a modifié "sa" France en 40 ans !
Au prix d'efforts, de volonté: il a repris " du poil de la bête " mais sa thérapie a été autant physique que mentale car c'est avec son talent, sa culture, son humour grinçant qu'il a pu mener à bien son inventaire français ! Il a rencontré quelques ruraux qui faisaient encore de la résistance et, en bon " parisien ": il a fait un constat mais il n'a pas approfondi leur détresse ! Un roman autocentré avec l'arrière pensée d'en faire un best-seller !
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Sur les chemins noirs (Sylvain Tesson)

Dans quelles circonstances Sylvain Tesson est-il tombé du toit ?

Il y était monté pour faire des réparations.
Il y était monté pour se rendre intéressant.

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