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Critique de fanfanouche24


Un journal émouvant, tonique, virulent d'un "miraculé", aventurier, qui après un accident, une chute, se retrouve immobilisé de force.
Un temps de rééducation et de réflexion à la fois, où notre voyageur-alpiniste revoit sa vie, remet en cause son parcours, le "pourquoi de son agitation constante"

Son inactivité obligée et douloureuse ne sera atténuée et vivable que par la présence des livres...
Tour à tour, un ton poétique, grinçant, polémique [ pour parler, entre autres, de l'actualité, de l'Islamisme, de nos propagandes mensongères, de
notre progrès illusoire, etc. ]

Un journal intime, avec ses joies, ses émerveillements, ses colères, et ses indignations, etc.

Restent son amour de la vie comme ceux de la nature, des arbres, de la montagne, du silence.La dite civilisation et le monde des hommes,décidément n'obtiennent pas son agrément.
Un ton souvent très grinçant et très sombre sur ses contemporains...

L'auteur va jusqu'à imaginer notre société et notre monde , en 2050....et pas sous les hospices les plus heureux... Sylvain Tesson s'insurge
de toutes ses forces contre Internet, et ces simulacres des réseaux sociaux.

L'auteur parle toujours avec autant de passion de son amour des sommets. Sinon, il ne rate pas une occasion de pourfendre la bêtise humaine et nos préjugés. Ce qui continue de le confirmer dans une misanthropie intense.

Ne faisant jamais rien comme personne, pour sa rééducation, Sylvain Tesson refusa les séances de kiné classiques; il décida de grimper quotidiennement les 450 marches de Notre-Dame...
Un magnifique passage sur les gargouilles de la sublime cathédrale !

Cet ouvrage est également accompagné d'un exercice que l'écrivain semble apprécier largement: la rédaction d'aphorismes !

Et toujours la curiosité avide et impatiente et l'omniprésence des livres, des découvertes esthétiques et culturelles...

"Février 2015

(...) Les bouquinistes de Paris : leurs boîtes vertes rivées aux quais de pierre.
Eux, les libraires de plein vent, gardent les livres dans leur enclos, pendant des heures, fumant des blondes, face au fleuve.
Apollinaire disait que la Seine était le seul cours d'eau à couler entre deux rangées de livres. On rejoint les étals comme on monterait
au grenier" (p. 65)

Journal rempli de poésie, de belles envolées quant à ce qui enchante notre écrivain-voyageur...mais aussi de fort contrastes quant il parle de ses contemporains, de ses rages contre les fléaux de notre époque:

, nos addictions envers les réseaux sociaux, qui nous empêchent de REGARDER le monde etce qui nous entoure, avec un vrai regard..
Et de façon récurrente, la colère envers les fanatiques qui sèment la terreur et la mort à travers le monde...

Il est aussi question de son accident, de son visage très abîmé, de sa rééducation sur les sommets de Notre-Dame... de façon très pudique et réservée . J'ai une affection particulière sur les magnifiques
descriptions touchant cette merveille architecturale...et ses gargouilles !

"Les gargouilles avaient été dessinées par Viollet-Le-Duc. Elles surveillaient
les Parisiens depuis un siècle et demi. Elles assistaient au retour des ivrognes en pleine nuit, aux baisers clandestins des amants de l'aube, aux cavalcades des voyous et des flics. Elles étaient la mémoire de la ville.
Elles ne quittaient jamais leurs loges, et je les comprenais. Lorsqu'on a élu domicile dans les hauteurs, on se passe bien vite de l'envie de traîner
dans la vallée. (p. 117-118)"

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