On a tous entendu plus ou moins parler de la légende d'Héloïse et Abélard, considérés comme des amoureux fous au même titre que Tristan et Yseult, Roméo et Juliette… Tout cela est vague dans la mémoire et voilà que Jean Teulé est venu rafraîchir tout ça, à sa manière. Son langage est cru. Il ne prend pas de gants, nommant les choses par leur nom, parlant d'une époque où la religion chrétienne domine tout, où les plus instruits sont forcément des religieux.
Héloïse, ouille ! le titre paraît curieux, sorte de pied de nez fait à l'histoire mais il se révèle, au final, très juste, tant cette orpheline confiée à son oncle, le chanoine Fulbert, connaîtra de mésaventures, après une trop courte période de pur bonheur charnel.
Justement, cet oncle veut confier sa nièce, d'à peine 18 ans, fraîche émoulue du couvent d'Argenteuil, à l'enseignant le plus célèbre de l'époque, « l'orateur le plus écouté et le plus populaire » : Pierre Abélard. Celui-ci est aussitôt séduit par « la jeune blonde à la voix douce… Il bande. »
Érotique au possible, Jean Teulé ne nous épargne aucun détail, parle de cunnilingus, de fellation : « il polissonne la bagasse, bélute la donzelle. » On nage en pleine luxure. le mot amour étant féminin à l'époque, ils se donnent du « ma amour » mais surtout, appliquent la maxime latine : « Omnia tu mihi facis tibi facio », tout ce que tu me fais, je te le fais… et ça n'est pas triste !
Bien sûr, de telles aventures se ressentent sur les cours du professeur, totalement absorbé par « sa amour », passant son temps à « hurtebiller » Héloïse qui n'est pas en reste non plus. Hélas, Fulbert découvre la chambre de sa nièce : « Ça sent là-dedans le foutre de vieux bouc en rut, la vulve de petite truie en chaleur, la sueur et d'autres odeurs. »
Sa vengeance sera terrible et les deux fols amants accumuleront les épreuves : « Adieu plaisir, adieu ma jeunesse, » clame Héloïse qui a dû aller accoucher de leur fils, Astrolabe, dans la famille d'Abélard, près de Nantes, puis épouser « sa amour ». La suite est jalonnée de couvents, de monastères, de l'horrible castration du héros qui doit aussi affronter ses pairs de l'Église voulant le réduire au silence.
Avant d'être réunis au Père-Lachaise, Héloïse et Abélard ont pu s'écrire, échanger des missives. « Je suis la plus malheureuse des malheureuses, la plus infortunée des infortunées, » avoue Héloïse qui « commence à en avoir ras la moule de son devenu cul béni de mari ! »
Avec Héloïse, ouille !, Jean Teulé s'en est donné à coeur joie, bien loin de l'amour courtois et tellement proche de Rabelais…
Lien :
http://notre-jardin-des-livr..