La famille Tuvache tient depuis des générations un magasin qui propose à ses « fidèles clients » tous les moyens possibles pour mettre fin à leurs jours.
Le magasin est sinistre, bien entendu et tous les membres de la famille participe allègrement à inventer des moyens tordus pour arriver à leurs fins (ici, ce serait plutôt à leur Fin). Tous ? Vous avez dit tous ? Et bien nom, il y en a un qui résiste et s'obstine à trouver la vie belle. il s'appelle Alan (comme
Alan Turing) et il est né sans être désiré, par accident de préservatifs, car ses parents voulait tester « le préservatif poreux » de chez « M'en fous la Mort ».
C'était déjà donc mal parti. Il passe son temps à chantonner, à dessiner de jolies choses et veut absolument convaincre les autres que la joie de vivre existe bien.
Les autres, ce sont ses parents, Mishima le père qui regarde uniquement les infos sinistres à la télévision, (le poste est réglé pour sélectionner tout seul). Ensuite on a la mère : Lucrèce, le grand frère Vincent, anorexique qui souffre de maux de tête l'obligeant à garder des bandages constamment, qui cauchemarde à qui mieux, mieux et dessine des horreurs.
Il met au point un parc d'attraction sur le thème du suicide.
Et enfin, nous avons la soeur d'Alan Marylin, adolescente mal dans sa peau, aussi pulpeuse que Vincent est squelettique, a du mal à trouver sa place, son esprit étant moins inventif et torturé que celui de son grand frère…
Tous les quatre n'ont qu'un seul but, créer des moyens de suicider efficaces et variés. Les clients sont satisfaits, ils ne reviennent pas se plaindre vu que le résultat est là. Tout irait donc pour le mieux si Alan ne venait pas semer le trouble…
Ce que j'en pense :
C'est donc un livre dont le but est de nous faire rire, tant les personnages frisent la caricature, tant les moyens proposés pour se suicider sont cocasses : le « Seppuku », hara-kiri avec un sabre assez court, en portant un kimono XXL avec un coeur dessiné à l'endroit où il faut viser, proposé à un sportif, les poisons (moyen féminin par excellence, selon madame Tuvache que explique ses recettes à base de strychnine, ou de noix vomique, la balle de 22 long rifle, plus masculin…
Il y a des choses drôles : le gâteau d'anniversaire en forme de cercueil, Marylin qui danse lovée dans le foulard que lui a offert Alan, cela ne vous rappelle rien ?
Durant ma lecture, je ne voyais dans ce livre que la mort. On a le droit d'en rire c'est sûr, de la tourner en dérision, mais il ne faut oublier que la mort hante les personnes dépressives, elle fait partie de leur quotidien, elle est leur compagne de chaque seconde. Parfois j'avais l'impression que c'était elle, le personnage principal et que la joie de vivre d'Alan lui rappelait qu'elle n'était peut-être pas aussi toute puissante qu'elle ne le pensait, tentant de reléguer Alan dans le rôle de l'antidépresseur.
C'est le premier roman de
Jean Teulé que je lis, et contrairement à de nombreux lecteurs, semble-t-il, il ne pas tellement plu. Peut-on rire de tout, et notamment à propos du suicide qui reste un sujet tabou dans notre société anxiogène où règnent la crise, le chômage et la violence et qui étale des piles d'ouvrages sur la quête du bonheur, vers lesquels se précipitent nombres de lecteurs.
«
le magasin des suicides » peut-il être considéré comme un livre thérapeutique ? Je n'en suis pas sûre. Il amusera les gens bien dans leur tête certes, mais comment réagiront les personnes dépressives qui vont l'ouvrir ?
J'ai essayé de le prendre à différents degrés, de chercher un éventuel message et en tournant la dernière page, j'en ai trouvé un, c'est pour cela que je ne mets pas une note catastrophique. En effet, il ne s'agit pas simplement d'un catalogue de produits « suicidants », et de situations qui se veulent drôles, mais font rire jaune. Il y a quand même un fil conducteur, on n'est pas dans la moquerie pure et dure.
Note : 6/10
Lu dans le cadre du Challenge ABC.
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