« Epoux séparé quoique inséparable…. »
Jamais amour ne fut plus absolu que celui du Marquis de Montespan pour sa femme Françoise. Quelques petites années de bonheur conjugal et tout s'effondre le jour où
Louis XIV fait de la marquise sa favorite.
Là où les courtisans ne voient que privilèges, Montespan s'indigne, se révolte ; dans les rues de Paris et dans tout le royaume, chacun peut apercevoir son carrosse noir surmonté, tels les symboles de son cocufiage, de gigantesques ramures de cerf , signifiant à tous que le roi est un voleur d'épouses. A qui veut entendre il expose son désespoir, sa colère, son honneur bafoué.
Louis XIV, bienveillant pour qui sait se taire, se fend tout d'abord en privilèges, faveurs, largesses mais rien n'y fait, Montespan veut récupérer sa femme.
Les mises en garde, la ruine ou l'exil n'auront pas plus raison de ce fougueux gascon qui n'aura de cesse de s'opposer au monarque.
Pendant 24 ans, le plus célèbre cocu de France affronte publiquement le Roi-Soleil.
Ah quel livre! Un style alerte, une langue on ne peut plus expressive, une lucidité impitoyable, une drôlerie féroce, c'est avec ce paquetage plein de richesses linguistiques que le truculent
Jean Teulé nous fait pénétrer dans le Grand-Siècle.
Après « Je,
François Villon » ou «
le magasin des suicides » qui mieux que
Teulé pouvait brosser avec autant de verve et de vie le portrait de cet oublié de l'histoire, doux naïf éperdu d'amour aussi vulnérable que déterminé, et nous immerger avec tant de gaieté paillarde dans l'époque turbulente du Roi-Soleil.
On rit, on s'apitoie, on grimace, on s'offusque, on est enchanté ! La palette est complète.
Moeurs dissolues, hygiène déplorable, absolutisme ou privilèges…cette peinture colorée du temps des Précieuses est un petit bijou d'audace et de saveur.