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Le blanc et le noir

Les vocations peuvent parfois naître dans des lieux des plus insolites.
Pour Beth Harmon, huit ans, c'est dans la cave de l'orphelinat dans lequel elle a été placée suite au décès de sa mère qu'elle découvre le jeu qui façonnera son destin.
Un vieux factotum ventripotent y passe une partie de son temps à jouer aux échecs sous la lumière blafarde d'une ampoule qui affiche sa nudité au bout d'un long fil noir.
Beth est subjuguée. Elle éprouve au fil du temps une véritable addiction pour ce jeu au même titre que les petites pillules vertes "apaisantes" données chaque soir par l'orphelinat et bien plus tard l'alcool par l'entremise de sa mère adoptive.
Beth est surtout dotée d'un talent hors norme, un génie qui lui permet d'enchaîner les victoires et se confronter très rapidement aux meilleurs joueurs du monde.

Je tiens à préciser que mon imagination n'a pas été perturbée par la série Netflix que je n'ai pas regardée et surtout que je n'y connais absolument rien aux échecs.
Je ne me suis donc pas formalisé sur les éventuelles carences techniques du récit. Bien au contraire, toutes ces stratégies mises en oeuvre, tous ces pions déployés sur l'échiquier m'ont complètement emballé.
Walter Tevis possède un talent indéniable pour relater toutes ces parties où l'introspection et la dualité occupent une place de premier ordre. Une opposition quasi-permanente entre rationalité, intuition, addictions, lumière et obscurité.
Et au bout du compte, le principal adversaire que Beth doit affronter à chaque instant...elle-même.

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En 1983, l'auteur Walter Tevis sort le Jeu de la dame, il aura fallu attendre 2020, date de la série télévisée qui en a découlé, pour que je rencontre ce titre... ( Comme beaucoup de lecteurs me direz vous.) Et la première observation , c'est que la série est ultra fidèle, à part, je crois, une scène avec Jalène.
Mais sinon, tout y est. le plafond qui devient un plateau d'échecs, les couleurs de vêtements, de la décoration ... c'est hallucinant, j'ai vu ce roman autant que je le lisais... Et ça été un vrai bonheur.

Comment ne pas s'attacher à cet enfant perdant sa mère à huit ans, et qui rejoint un orphelinat avec ses méthodes d'éducation, d'un autre âge. C'est qu'on est en 1957, et tout ce que veut l'institution , c'est avoir la paix, aussi donne-t-on à ces pauvres gamins des petites pilules du bonheur , histoire de les rendre plus obéissants, plus calmes. Beth deviendra accro et mettra des années avant de décrocher. Mais, ce passage dans cet établissement lui apportera la révélation d'un don, celui des échecs. C'est que cette fillette est supérieurement intelligente. Et la petite Beth montera , montera, dans les tournois, jusqu'à rejoindre les meilleurs , les chaaaaampions du monde.

Et l'on suivra Beth de ses huit ans à ses vingt et un ans, âge de la majorité aux USA, mais elle, ça fait bien longtemps qu'elle a décidé sa vie. de sa découverte des échecs , à la découverte de la sexualité, en passant par la mode ou ses addictions, Beth pose un regard sur le monde , un regard solitaire, un regard d'une personne qui se fait toute seule.
Elle est touchante cette gamine, avec son opiniâtreté, son caractère particulier et sa volonté de jouer. Pas beaucoup de chance au niveau parental...
Et le lecteur se prend à suivre ses coups, la dame qui avance en 5 ou en 8 ( à moins que ce soit le 6!) Je ne connais rien aux échecs, mais j'ai tout compris.
J'ai compris qu'elle gagnait ( presque) tout le temps et SURTOUT, je me suis passionnée pour un truc qui dans la vraie vie me passe au dessus de la tête, ce qui est prodigieux de la part de cet auteur, qui n'en était pas à son coup d'essai avec ce bouquin, tout ce qu'il a écrit est devenu films... C'est dommage qu'il soit mort en 1984, qu'il n'ait pas vu cette adaptation.
Si vous aimez le livre, vous aimerez la série, et réciproquement , et ce qui est sûr, c'est que vous serez intrigué par Beth et son esprit fulgurant.
Un coup de coeur !
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Avec les échecs, je vous assure que ce n'est pas de l'échiquier mais j'ai la tête qui tournoi.
A 10 ans championne du Kentucky, à 18 ans championne des Etats-Unis.
Elisabeth, c'est un prodige, je vous le dis.
A ce jeu, ce sont les blancs qui commencent toujours ce qui leur donnent un léger avantage sur les noirs. D'un côté ça tombe bien, il n'y en a pas dans les challenges ni de femmes non plus d'ailleurs, la seule c'est Beth et voilà son parcours :
Orpheline à 8 ans elle est placée dans une institution ou elle découvre sa passion.
Pas la peine d'avoir Netflix, les parties d'échecs, elle les joue dans sa tête et les images de ses succès, elles sont dans la mienne grâce au texte précis et vitaminé, la dame au B6 et l'histoire en C prenant.
Pour faire tomber les tensions et conserver l'attention, Beth ne consomme pas la bière qu'en levure, quand de ses addictions vous ferez l'addition, vous comprendrez que pour maintenir le niveau, il lui faut de l'aide.
Depuis son enfance, bien qu'adoptée par une mère fantoche et un père absent, elle est seule, son unique soutient dès l'orphelinat sont les petites pilules vertes qui lui sont distillées pour effacer la pression et permettre l'ascension de ce petit génie au féminin qui dame le pion aux garçons au masculin. Personne ne lui prend la main.
Excepté peut-être ses amis Jolene et Benny qui l'épauleront un temps dans ses questionnements, c'est presque encore qu'une enfant. Walter Tevis creuse à bon escient la psychologie des intervenants de son roman ce qui permet d'approcher le ressenti de Beth et donner du gout et du relief à ses épreuves, à ses courtes joies et à ses longs tourments.
Ne pas savoir jouer aux échecs n'est pas une lacune, vous vivrez les parties sans lassitude aucune. Avec elle, vous serez même fier de gagner si peu que vous endossiez le costume.
Vous allez apprécier son côté buté, obstiné, sans concession, acharné, passionné, vous vous collerez ces manies comme des décalcomanies et vous brandirez ses obsessions comme des fanions.
Mauvaise perdante, Borgov le champion du monde est son unique écueil.
Va-t-elle débusquer les ruses des russes et mettre le brin au Kremlin ?
L'aiderez-vous à dénouer son ventre ? Pour ma part, j'ai vite fait un transfert et vécu son enfer quand elle s'envole dans le pays de Gogol.
Connaitra-t-elle la consécration ?
Elisabeth est tellement brillante que tous peuvent finir mats et un peu bêtes.

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Elizabeth Harmon a huit ans lorsqu'on lui annonce que sa mère vient de mourir dans un accident de voiture. Elle est placée dans le foyer Methuen, un orphelinat. C'est par hasard, en descendant dans une des caves de l'établissement qu'elle sera confrontée pour la première fois à un jeu d'échec. Elle fait la connaissance du factotum, M. Shaibel, qui va lui apprendre les règles de ce jeu. Ce sera une révélation. Les nuits d'insomnie vont désormais être remplie de parties imaginaires, de combinaisons de coups de maitre, de roque et de mat. Beth est une surdouée, elle a la clairvoyance des plus grands joueurs. S'en suit une ascension fulgurante. Mais il y a un ver dans le fruit : son addiction pour l'alcool et les calmants, petites pilules vertes qu'on leur distribuait à l'orphelinat.
« le jeu de la dame » est une histoire qui attrape le lecteur de la première à la dernière page sans le lâcher. On est saisi par cette réussite invraisemblable et programmée. Walter Tevis a parfaitement su rendre son récit compréhensible même pour qui n'a jamais joué aux échecs et ce, mal grès la technicité de certains passages détaillants les parties.
Ce qui surprend chez Beth c'est son étonnante maturité et son courage inconscient face aux revers que la vie lui impose. Elle semble totalement indifférente à la société qui l'entoure, dénuée de toute empathie avec son prochain, complétement immergée dans son jeu. Elle fait partie de ces héroïnes aux pouvoirs surnaturels qui fascinent. La froideur de certaines de ses attitudes n'est qu'une façade qui la protège de toute agression. Elle semble invulnérable. Elle s'impose naturellement au milieu d'un monde majoritairement masculin et machiste, où les rares femmes qui y évoluent sont à peine remarquées, poliment placées dans un coin de la salle. Walter Tevis nous l'a rendue humaine grâce à ses défauts. Elle doute, elle boit, elle se drogue, mais elle garde toujours le contrôle. Elle gère. Les échecs sont sa priorité, sa vie, son moyen d'exister, d'être reconnue. Beth est orpheline, ce qui aurait pu la détruire. Mais grâce à son tempérament, c'est ce qui va être sa force et lui faire acquérir rapidement son autonomie. Les soixante-quatre cases, moitié blanches, moitié noires, théâtre d'une guerre d'égos surdimensionnés aux génies inquantifiables seront l'Olympe de Beth où elle finira par imposer son jeu et sa condition de femme.
« le jeu de la dame » est un intense et délicieux moment de lecture, un roman qu'il faut absolument découvrir.
Traduction claire et efficace de Jacques Mailhos.
Editions Gallmeister, Totem, 433 pages.
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Le très prolifique Walter Tevis bénéficie de l'attention des éditions Gallmeister qui nous permettent découvrir ses romans de S.F. (« L'oiseau moqueur », « L'homme tombé du ciel ») ainsi que ses romans de facture plus classique consacrés à l'univers du billard (« L'arnaqueur ») ou des échecs.

C'est sur ce jeu que porte « Le jeu de la Dame » paru en 1983, et récemment adapté en mini-série par Netflix. Lire un roman et voir le film qui a en été tiré sont deux expériences esthétiques très différentes, et le film se montre rarement à la hauteur de l'ouvrage qui lui a servi de scénario.

J'ai longtemps pensé que la littérature était par nature supérieure au cinéma, dans la mesure où elle offrait à l'imaginaire du lecteur une liberté dont l'imaginaire du spectateur est privé. L'autre avantage de la littérature est plus prosaïque : elle prend le temps de s'attarder sur les ressentis, les émotions de ses protagonistes, elle permet de développer plusieurs arcs narratifs. Ce temps de l'introspection, de la multiplication des angles de vue est le plus souvent refusé au cinéma, qui doit composer avec un format relativement court.

Disons-le tout net : lire « Le Jeu de la Dame » après avoir vu la mini-série tirée du roman est une expérience déconcertante. Déconcertante, parce qu'en lisant l'ouvrage de Walter Tevis, je n'ai cessé de voir défiler sous mes yeux, les épisodes produits par Netflix. Déconcertante, parce qu'il m'a été impossible d'imaginer Beth Harmon, l'héroïne du roman, autrement que sous l'apparence de l'actrice Anya Taylor-Joy. Déconcertante, parce que je n'ai pas eu l'impression de lire un livre, mais de voir défiler une succession d'images dont la fidélité au roman est absolue. Déconcertante, parce que j'ai eu le sentiment que le visionnage préalable de la série m'a privé de l'expérience de lecture que j'escomptais. Déconcertante, parce que les images produites par Netflix n'ont cessé de saturer mon esprit, annihilant cette part d'imaginaire et de poésie qui fait tout le charme de la lecture.

Cette expérience m'a confirmé que la temporalité d'une série, est, contrairement à celle du cinéma, proche de celle de la littérature. En multipliant les épisodes, en s'affranchissant de tout contrainte de durée, elle peut, à l'instar de la littérature, prendre son temps, le temps de partager les joies, les peurs, les troubles de ses protagonistes. le temps d'établir une forme d'intimité entre le spectateur et les personnages. Elle peut également multiplier à loisir les arcs narratifs, les allers-retours dans le temps. Bref, une série offre à son spectateur une expérience beaucoup plus proche de l'expérience littéraire que le cinéma.

La supériorité de la littérature sur tout format filmé tient à la liberté laissée à l'imaginaire du lecteur, au temps d'introspection et à une forme de poésie qui lui sont propres. Regarder « Le Jeu de la Dame » avant de lire le roman m'a privé de cette liberté, en m'imposant l'imaginaire du réalisateur, la manière dont il avait lu le livre. Autrement dit, je n'ai pas lu un livre, j'ai vu défiler en continu les images trop bien léchées d'une série américaine. Une expérience frustrante au goût doux-amer, l'impression d'avoir raté quelque chose, d'être passé à côté de l'expérience littéraire que m'aurait procuré la seule lecture du « Jeu de la Dame ».

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Ceci étant posé, revenons sur le roman très réussi de Walter Tevis. Il nous narre l'itinéraire d'une enfant surdouée, Beth Harmon qui découvre les échecs dans l'orphelinat sévère où elle a été placée suite au décès de sa mère. Dès huit ans, la toute jeune fille montre une aptitude prodigieuse pour le noble jeu qu'elle pratique avec le vieux gardien bourru de l'orphelinat.

Adoptée quelques années plus tard par une femme alcoolique, Beth connaît une trajectoire échiquéenne fulgurante et devient avant sa majorité la meilleure joueuse des États-Unis, surpassant avec une aisance déconcertante les hommes qui dominent habituellement ce jeu cérébral et épuisant.

Si son amour pour les échecs est d'une sincérité absolue, Beth souffre depuis son enfance d'une addiction aux calmants qui lui étaient administrés à l'orphelinat, ainsi que d'un penchant inquiétant pour la dive bouteille que lui a transmis sa mère adoptive. Si son talent semble ne pas connaître de limites, elle va devoir affronter ses démons intérieurs, si elle veut pouvoir rivaliser avec le champion du monde russe, l'invincible Borgov.

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Il faut tout d'abord saluer le travail de pédagogie de l'auteur sur un jeu difficile à aborder d'un point de vue littéraire. Walter Tevis réussit la prouesse de nous emporter dans le tourbillon des parties de Beth sans décevoir l'aficionado, ni perdre en chemin le non-initié.

Écrit en 1983, « Le jeu de la Dame » frappe par un féminisme visionnaire qui résonne davantage en 2020, l'année de sortie de la mini-série adaptée du roman. Après des débuts hésitants, Beth Harmon déambule avec une aisance déconcertante dans un univers très masculin, qui l'accueille d'ailleurs avec une bienveillance parfois surprenante. La hongroise Judith Polgár, la seule femme à avoir brièvement intégré le top 10 mondial, le temps de l'été 2005, aurait d'ailleurs critiqué la mise en scène de cette bienveillance, qui ne semblait pas correspondre avec l'accueil moins « chaleureux » qu'elle reçut lors de son ascension dans la cour des « grands ».

Le talent inné et le jeu offensif de l'héroïne font évidement songer au regretté Bobby Fischer, qui fut lui-aussi un enfant prodige, avant de devenir champion du monde. le champion du monde fictif du roman, le dénommé Borgov, évoque plutôt Anatoly Karpov et l'école soviétique, qui fut, pendant la guerre froide, un outil de propagande censé asseoir la domination du communisme sur le capitalisme.

« Borgov était solide, imperturbable et très rusé, mais il n'y avait pas de magie dans son jeu. »

Le feu et la glace. le génie offensif à l'état chimiquement pur et le produit d'un système de détection et de formation particulièrement méticuleux. Les failles liées aux addictions aux médicaments et à l'alcool face à la solidité inébranlable d'un homme qui ne boit pas, ne fume pas. L'impétuosité de la jeunesse face à l'expérience d'un joueur de 38 ans. La soliste géniale face au Système. Au fond, « Le jeu de la Dame » nous rejoue « le match du siècle » qui opposa Bobby Fischer à Boris Spassky en 1972 à Reykjavik.

L'un des points saillants du roman est la faculté rare dont est dotée Beth Harmon : elle parvient à visualiser une partie sans la regarder. Une aptitude développée très jeune lorsqu'elle rejouait seule dans son lit d'orphelinat les parties célèbres des grands maîtres du Jeu. L'aptitude dont disposent les joueurs capables de jouer à l'aveugle, c'est-à-dire sans regarder l'échiquier. Une aptitude qui peut, paraît-il, rendre fou tant elle mobilise d'énergie cérébrale.

« Elle évacua tout cela de son esprit pour se concentrer exclusivement sur son échiquier mental et le blocage complexe qu'il affichait. Peu importait, au fond, qui jouait les noirs, et peu importait que l'échiquier matériel se trouvât à Moscou, à New-York ou au sous-sol d'un orphelinat ; cette représentation eidétique était son véritable territoire. »

Cette phrase dit tout finalement. Elle dit surtout ce que seule la littérature parvient à exprimer si simplement. Cette évocation de la « représentation eidétique » du jeu m'a, le temps d'un instant, plongé dans cette forme d'évasion poétique propre à la Littérature. Elle m'a également rappelé mon goût parfois immodéré pour les échecs, un jeu magnifique qui est aussi une métaphore de la vie.

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Avant de vous parler de ma lecture, je vais faire une petite mise au point.
- Je n'ai pas vu la moindre image de la série tirée de ce roman
- Je n'ai jamais joué aux échecs de ma vie et je n'ai jamais eu l'intention d'y jouer, étant nul dans tout ce qui comprend des calculs, des mathématiques ou une quelconque stratégie.
- ce n'est pas moi qui ai choisi cette lecture puisque ce livre m'a été offert, pour mon plus grand plaisir...
Voilà, toutes ces précisions faites, passons donc maintenant à ce qui fait l'essence de mes chroniques.
Je me suis régalé.
Je ne sais toujours pas jouer aux échecs, les règles continuent de m'échapper, je n'ai pas tout compris des différentes ouvertures (Sicilienne, Ruy Lopez ou autres Gambit de la dame) employées et pourtant j'ai pris un énorme plaisir à lire ce roman de Walter Tevis (écrit en 1983, quelques mois avant sa mort), réédité dans une nouvelle traduction par les éditions Gallmeister.
Le destin de Beth Harmon, cette petite orpheline qui va découvrir, par hasard et au fond d'une cave, le jeu qui va bientôt changer sa vie, est aussi incroyable que passionnant.
Ce roman se lit comme un polar, une fois qu'on est rentré dedans, on ne le lâche plus.
Et si je dis, plus haut, que je ne jouerais jamais aux échecs, j'avoue que je suis intrigué et que je me demande si je n'aimerais pas suivre quelques parties au cours desquelles s'affrontent les maîtres du jeu.
Au risque de vous choquer, je suis incapable de vous dire si ce livre est bien écrit.
Oui, je vous vois faire les gros yeux, mais ce que je retiens, je me répète, c'est le pied que j'ai pris à cette lecture.
Je me suis glissé dans la tête de Beth et j'ai souffert avec elle, j'ai tremblé à ses côtés quand je me suis retrouvé face à ces professionnels de l'échiquier, j'ai avalé les tranquillisants et me suis parfois enivré,  mais quel bonheur.
Je ne sais pas ce qu'en pensent les puristes et inconditionnels de ce sport cérébral, je ne vais même pas chercher à savoir si l'auteur est crédible et s'attache aux réalités des compétitions, je ne garde, au moment où je referme ce roman, que le souvenir d'un excellent moment de lecture.
Pour ma part, j'ai quand même appris quelques trucs et expressions et j'aurais (je l'espère) l'air un peu moins sot si j'assiste un jour à une partie, même entre deux amateurs.
Alors, je vous le redis, même si ce monde vous paraît éloigné de vous, s'il ne vous passionne pas, si vous le croyez réservé à une élite intellectuelle, je vous assure que Tevis vous fera oublier vos préjugés et passer un agréable moment.



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Après de longues hésitations et ignorant du jeu des échecs, je n'ai pas compris les différentes ouvertures et autres combinaisons tactiques. Je l'ai lu en entrant dans la tête de Beth Harmon et j'ai aimé lire ce roman.
Intéressant de suivre son évolution dans l'univers féroce des échecs. Élisabeth est attachante, courageuse et tenace dans sa quête du jeu parfait et fragile dans sa vie.
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Je commence mon billet en précisant, comme d'autres babeliotes, que je ne sais pas jouer aux échecs et que je n'ai pas vu la série sur Netflix ;-)
Et malgré cela ce livre a été un vrai coup de coeur pour moi!
Dans son orphelinat, la petite Beth Harmon découvre, alors qu'elle n'a que 8 ans, quelqu'un qui joue avec de drôles de pions.
Rapidement elle mémorise les déplacements des pièces, les stratégies, et commence vite à dépasser le joueur ;
Celui-ci lui permet de rencontrer d'autres joueurs et de faire quelques tournois dans le club local ;
Mais le règlement de l'orphelinat est strict, et Beth a outrepassé certaines règles, donc le verdict tombe, elle n'a plus le droit de sortir ni de jouer.
Ce n'est qu'à l'adolescence qu'elle reprendra les échecs et elle va littéralement avaler tous les livres qu'elle va trouver, mémoriser les parties, les ouvertures, les stratégies... Jusqu'à commencer des tournois contre des adultes.
Il faut savoir que le monde des échecs est un monde très masculin, pour ne pas dire macho, et Beth sera accueillie très froidement par ces hommes qui sont furieux d'être battus par une enfant.
Car Beth est une surdouée des échecs, elle vit échecs, elle rêve échecs, sa vie n'est que mémorisation et réflexion de parties d 'échecs.
Son but : être championne des USA, puis aller jouer à l'étranger...

Walter Tevis a bâti cette fiction probablement en se documentant sur la vie des grands champions tels que Karpov ou Kasparov.
Néanmoins cela reste très romanesque, on se prend d'affection pour cette enfant, puis cette adolescente, dont la vie tourne pratiquement exclusivement autour du jeu d'échecs.
On est impressionné par la réflexion nécessaire à ce niveau-là de jeu, l'anticipation des coups prenant parfois une heure complète de réflexion avant de déplacer un pion, et par la mémorisation de la place des pions sur l 'échiquier.
Bref c'est un vrai thriller que nous propose l'auteur, et j'ai eu bien du mal à devoir m'arrêter de lire chaque soir...
Si vous avez lu « Le joueur d'échecs » de Zweig, vous pressentez l'ambiance de ce livre et vous comprenez l'addiction que peut être le jeu d'échecs.
J'ai vu que Nabokov avait également écrit un roman sur ce thème , à découvrir donc pour rester encore un peu dans le "jeu de la dame"....
Et tout le monde assure que la série adaptée du roman est, elle aussi, formidable, donc...
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Un livre lu d'une traite, voilà longtemps que je ne m'étais pas autant régalée !
Walter Tevis est un grand maître de l'écriture, il nous tient en haleine, captivés et nous fait découvrir le monde des échecs et l'envers du décor de cet univers très masculin, nécessitant un travail d'arrache-pied pour parvenir au niveau des meilleurs.
Bien que certains passages décrivant le détail de certains coups s'apparentent à du chinois pour la néophyte que je suis et que j'avoue avoir sauté ces passages, j'ai complètement plongé dans ce livre, et dans l'univers mental si particulier de Beth Harmon, que nous allons accompagner de ses huit à dix-neuf ans.
Beth est un personnage extrêmement attachant, et nous la suivons dans ses dérives, ses désirs d'oublier ses douleurs, les humiliations subies, ses manques d'amour et d'amis, en les noyant dans l'alcool et les tranquillisants.
Un roman assez sombre, captivant, qui distille une tension continue, jusqu'à la dernière page, du grand art !
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui on va parler d'un roman qu'on a connu grâce à Netflix, le jeu de la Dame, de Walter Tevis.

-Mais c'est quoi, cette couverture ?

-Alors, chers Babélionautes, sachez qu'on l'a lu dans son ancienne édition, chez 10/18, et que la couverture représente le détail d'une oeuvre, « Jeune fille au peigne », de M. Malevitch…

-M'en fiche, c'est moche. Regarde-moi ça ! On dirait une carte à jouer sortie d'un tarot hideux ! Rien à voir avec le livre, qui parle d'échecs ! Ni avec le titre, qui évoque la puissance ! Tu sais quoi ? Tu m'aurais mis la couv' de Révélation, le dernier tome de Twilight, là, j'aurais été plus convaincue.

-Ecoute, Méchante Déidamie, le livre a été publié en 1993 et…

-Et il a marché, en 1993 ?

-Euuuuh… je ne sais pas.

-Ben s'il a marché, c'est pas grâce à sa couverture, j'te le dis.

-Méchante Déidamie, maintenant que tu as craché ton venin…

-Oh, j'ai encore du stock, hein…

-… on va peut-être parler de l'histoire ? je peux ? oui ? merci.

Or donc Elisabeth Harmon perd très tôt ses parents et se trouve placée dans un orphelinat. Elle y apprend la drogue grâce à l'institution, fait la connaissance de Jolene, une autre orpheline, et de M. Shaibel, qui joue aux échecs. Il apprend le jeu à la fillette. Celle-ci montre très vite des capacités stupéfiantes…

Les premières pages m'ont quelque peu décontenancée : les phrases s'enchaînent avec froideur, détachement, toutefois, cette froideur s'efface très vite pour faire place à ce qu'éprouve Beth. J'ai trouvé ce perso très réussi : elle est pleine de détermination, de volonté. J'ai beaucoup aimé le portrait qui est fait d'elle, elle se fiche des gens. Elle ne se sent pas obligée de plaire ni de faire plaisir, si ce n'est à elle-même, en gagnant et en devenant indépendante. J'adore cet aspect, je dois bien le dire !

J'appréhendais un peu la lecture du roman, ne connaissant des échecs que les règles de bases, les roques et le coup du berger. Je craignais de me trouver dépassée par la technique, or il n'en fut rien : Tevis crée l'illusion de parties que je n'ai aucun mal à suivre. J'ai adoré me retrouver dans les calculs de Beth et j'ai gardé la sensation d'entrevoir un univers qui reste complètement inconnu, celui des échecs, de leurs théories, de leurs études. Et je suis sortie du roman avec la sensation d'être moins ignorante, désormais.

-Alors, moi, je suis pas aussi enthousiaste que toi sur le traitement du perso féminin ! J'ai repéré pas moins de deux problèmes dans le bouquin. le premier : l'agression sexuelle au début. Typiquement ce que je déteste : ça se passe et il n'y a aucune conséquence derrière. Pouf, ça passe à la trappe, Beth n'y repense plus jamais.

Le second : mais pourquoi le drap à géométrie variable alors qu'on est dans un roman ?

-Quel drap ?

-Le drap magique, voyons ! ce textile qui possède dans les oeuvres audiovisuelles un mystérieux pouvoir : il laisse le torse des hommes exposé, mais recouvre toujours judicieusement celui des femmes. Depuis que je suis gamine, je ne comprends pas : « Bah pourquoi elle se cache alors qu'il a tout vu de toute façon ? » Bref, un jour, Beth a une liaison avec un gars, et le lendemain, réveil au lit, tout ça… et elle garde le drap sur ses seins ! Mais on n'est pas à la télé, on peut vivre les choses de façon naturelle !

-Elle a peut-être froid ?

-C'est dit nulle part, qu'elle a froid !

-Mais peut-être que… euuuh… ça se fait vraiment aux Etats-Unis, et que Tevis a représenté fidèlement les moeurs de son pays… ou peut-être que la censure exige le drap à géométrie variable pour les romans aussi, qu'est-ce qu'on en sait ?

-Complètement débile, voilà ce qu'on en sait.

-Tu as autre chose ?

-Non, c'est tout.

-OK. Alors pour conclure, nous avons eu connaissance de ce roman grâce à la série Netflix, et je dois dire que je reste fort impressionnée par le travail accompli. Je ne peux pas dire que l'un est supérieur à l'autre.

-Ah si. La série est meilleure et possède une portée émotionnelle plus puissante que celle du roman. Je la trouve bien plus aboutie que le texte dans l'accomplissement de Beth. Et cette conclusion, oh là là…

-(soupir) D'accord, Méchante Déidamie trouve que la série est meilleure. Pour ma part, je trouve que les deux oeuvres se complètent : la série pour l'émotion et l'évolution de Beth, le roman pour tout l'aspect travail des échecs, qu'il était impossible de rendre à l'écran. Donc, merci Walter Tevis !

-Et merci Netflix ! »
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