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Critique de christinebrignon


L'Homme tombé du ciel
Walter Tevis, 1963
tr. de l'anglais (États-Unis) par Nicole Tisserand, révision Pierre-Paul Durastanti
Gallimard, folio SF, 2004

L'Homme tombé du ciel retrace le parcours d'un habitant de la planète Anthéa qui est venu sur Terre dans un vaisseau monoplace après avoir passé vingt ans à étudier l'apparence et le mode de vie des Terriens sur sa propre planète. Il commence par déposer des brevets pour diverses inventions dans le but de gagner autant d'argent que possible et fonde avec l'aide d'un avocat, Farnsworth, qui gère ces brevets la World Enterprises Corporation.
Nathan Bryce est un chimiste, enseignant à l'université d'État de Pendley dans l'Iowa. Lorsqu'il tombe, dans un drugstore, sur une pellicule photo qui se développe elle-même grâce à un gaz, il soupçonne que la technologie employée n'a rien d'humain. À partir de ce moment Nathan Bryce va s'employer à tenter de rencontrer le grand patron de la World Enterprises Corporation, Thomas Jerôme Newton qui n'est autre que notre Anthéen, désormais à la tête d'une immense fortune.
Newton est très grand et très maigre avec une peau fine et pâle, des cheveux blancs et bouclés et de grands yeux bleus. Il se déplace avec grâce mais l'énorme gravité de la Terre le fait souffrir et il semble tellement fragile ! Fragile il l'est, bien que divers artefacts le rendent incontestablement humain. Un accident dans un ascenseur le rapproche de Betty Jo, alcoolique et chômeuse qu'il va embaucher comme gouvernante de la grande propriété dont il fait l'acquisition dans le Kentucky.
La fortune de Newton doit lui servir à construire un vaisseau spatial destiné à faire venir sur Terre les quelques trois cents rescapés d'Anthéa – après que les trois races endémiques de cette planète se soient entretuées en ravageant leur milieu naturel. Leur intelligence très supérieure à celle de l'Homme ainsi que la sagesse qu'ils ont acquise devraient leur permettre d'empêcher les humains de commettre les mêmes actes regrettables. C'est la mission de Newton.
Newton se sent seul et différent, mais finit par s'adapter plus ou moins à sa nouvelle patrie et à devenir ami avec Betty Jo, sa gouvernante amoureuse de lui et Nathan Bryce qui travaille sur le chantier de son vaisseau spatial. Tous trois boivent du gin, un peu ou beaucoup, ensemble ou séparément.
Mais un beau jour, un avion de l'US Air Force atterrit sur la piste privée de la maison de Newton, et à partir de là, tout va se mettre à déraper.
Une profonde réflexion sous-tend cette histoire, sur l'écologie, la guerre, la dictature camouflée à l'intérieur d'une soi-disant démocratie, le non-respect de la différence, sur la solitude, l'art, la beauté, l'alcoolisme comme remède à la mélancolie… Walter Tevis était d'ailleurs lui-même alcoolique. Il est vraiment poignant de découvrir une telle vision dans un ouvrage écrit en 1963. J'avoue que j'ai refermé le livre avec des larmes dans les yeux.
Un film britannique réalisé par Nicolas Roeg a été tiré de ce roman : The Man Who Fell to Earth, sorti en 1976. Lorsque j'ai vu L'Homme qui venait d'ailleurs pour la première fois, à sa sortie, c'était par le biais de ma passion pour le musicien et acteur David Bowie. Nombre d'albums de David Bowie se réfèrent à la science-fiction : Diamond Dogs par exemple ou Space Oddity : « Ground Control to Major Tom… ». Un clin d'oeil est d'ailleurs fait dans le film entre Major Tom et Tommy, le petit nom que Betty Jo donne à son ami. Qui, mieux que David Bowie à ce moment-là pouvait interpréter Newton, avec son apparence androgyne, éthérée ? Je reconnais cependant qu'à cette époque, beaucoup de choses m'ont échappé dans ce film, même si j'en avais admiré l'esthétique générale.
J'ai lu le livre, puis revu le film dont j'ai encore mieux apprécié l'étrange beauté malgré de petites différences dans le scénario. Les deux ouvrages forment un ensemble tout à fait cohérent. J'aurais pu les faire figurer dans notre rubrique “Perles de l'Imaginaire”.
CB
Publié dans Gandahar 35 Doppelgängers en mars 2023
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