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EAN : 9782413005056
624 pages
Delcourt (18/04/2018)
4.39/5   76 notes
Résumé :
Berlin 1936. Hitler est au pouvoir. Les Jeux Olympiques d'été sont pour lui l'occasion de conforter une dictature funeste. Sohei Togué, un journaliste sportif venu couvrir les JO retrouve son frère Isao. Mais Isao est angoissé. Il détient, dit-il, un terrible secret qui pourrait ébranler jusqu'à Hitler lui-même. Quand Sohei se rend chez son frère, il le retrouve assassiné.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
[Critique commune au deux volumes]

Bon, on s'attaque à un gros machin, là : Tezuka Osamu, aka « Le Dieu du Manga », l'homme qui a tout fait, tout inventé, tout développé, et tout redéfini. Même sans jamais l'avoir lu, on le connait – au moins indirectement. Pendant longtemps, et sans doute à vrai dire encore à présent, je m'en étais sans doute tenu là, hélas… En fait, je n'avais lu, de Tezuka, et il y a bien des années de cela… que deux BD seulement. Lesquelles étaient L'Histoire des 3 Adolf et Ayako. Trouver le reste, ou même ça en fait, n'était à vrai dire plus évident depuis quelque temps. Or voici que Delcourt – Tonkam s'est lancé dans la réédition luxueuse (énormes bouquins, couverture rigide avec jaquette, signet, appareil critique…) de plusieurs oeuvres du maître, dans une « collection Tezuka » qui comprend pour l'heure deux titres… qui sont L'Histoire des 3 Adolf et Ayako, figurez-vous. Mais sont annoncés pour bientôt plein d'autres volumes, dont deux séries qui m'attirent plus particulièrement depuis un certain temps déjà : La Vie de Bouddha (en quatre volumes) et Phénix (cinq volumes). Il est plus que probable que j'y reviendrai un de ces jours, donc.



Mais, pour l'heure, L'Histoire des 3 Adolf. C'est la première BD de Tezuka que j'ai lue – et je dois dire que si, à l'époque, j'avais, oui, apprécié ma lecture, j'en avais aussi été un peu décontenancé, ne sachant pas exactement comment prendre cette série ; la lecture d'Ayako, peu de temps après, m'avait bien autrement convaincu, et, oui, là j'avais dit comme tout le monde : « Putain de chef-d'oeuvre. » Les Adolf ne m'avaient toutefois pas laissé indifférent, loin de là, et certaines scènes – très rudes, de préférence – ne m'avaient pas quitté depuis… Il était bien temps de relire tout cela. Et je suis maintenant bien plus enthousiaste, globalement : c'est bien une excellente bande dessinée – sans doute, comme on le dit, un des sommets de l'oeuvre pléthorique de Tezuka ; mais, ne connaissant quasiment rien de celle-ci, je me garderai de trop m'avancer sur ce terrain.



Une chose à noter d'emblée, cependant : L'Histoire des 3 Adolf est une oeuvre tardive de Tezuka – elle a été publiée en revue (et pas une revue de manga, semble-t-il) entre 1983 et 1985 (et Tezuka est mort en 1989). À cette époque, et depuis quelque temps déjà semble-t-il, il y a avait eu une bascule dans cette abondante production : l'auteur, d'abord connu surtout pour des récits enfantins et généralement très positifs, s'était mis à livrer des bandes dessinées plus adultes ou résolument adultes, et bien plus sombres aussi – dont Ayako et L'Histoire des 3 Adolf sont des exemples particulièrement éloquents. Adolf est très influencé par le gekiga, et il n'y avait aucune ambiguïté sur le public visé – même si celui-ci… eh bien, avait très probablement lu Tezuka à l'âge des culottes courtes. La BD est très, très rude – et dès le départ. Sans être « gore » à proprement parler, elle contient son lot de séquences traumatiques – même enrobées dans une trame de thriller pour faire passer la pilule, avec un dessin très dynamique et qui a conservé une certaine rondeur archétypale. Quand j'avais lu cette BD pour la première fois, et que je manquais encore plus de références que maintenant, c'est dire, c'en est une dimension qui m'avait particulièrement déstabilisé – j'avais l'impression… eh bien, d'un Tintin avec des viols, de la torture et des massacres. Et j'avais notamment un peu de mal avec cette dimension de thriller très tendu, bourré de rebondissements, dans un contexte historique aussi atroce. Il en est resté quelque chose, je crois, même si prendre un peu de distance m'a aidé à mieux apprécier la chose.



Nous avons donc trois Adolf. Si je vous dis que nous sommes dans les années 1930 et 1940, et que l'un, Adolf Kaufman, est un enfant allemand, et le deuxième, Adolf Kamil, est un enfant juif, vous comprendrez sans peine qui est le troisième (bon, vous le saviez déjà). Mais nos deux enfants vivent au Japon – à Kobé. Et ils sont de bons amis. le père Kaufman, « diplomate » nazi (oxymore mon amour), a bien quelque chose à redire (aheum) à ce que son fils (métis, sa mère est japonaise, ça vous pèse sur la conscience raciale) fréquente un voyou youpin, et les parents Kamil savent très bien ce qu'il en est des parents Kaufman, mais les enfants, eux, s'en foutent – ou plus exactement ne comprennent pas bien pourquoi ils ne devraient pas être copains, alors que, eh, ils sont copains. Mais, même au Japon, ces enfants ne peuvent pas échapper au terrible engrenage des événements européens – par la force des choses, les copains seront séparés, et Adolf Kaufman, remodelé dans le Vaterland par une éducation hitlérienne dont il ne voulait pas, deviendra un monstre…



Et notre troisième Adolf ? Il n'est pas qu'une figure charismatique (dimension bien rendue par Tezuka, quand Adolf Kaufman est amené à rencontrer puis fréquenter son dieu) gesticulant, bavant et vitupérant en toile de fond, il est bien au coeur de l'histoire – enfin, d'une certaine manière…



Sohei Togué est un journaliste sportif japonais – envoyé couvrir les JO de Berlin en 1936, immense machine propagandiste du régime nazi (merci Leni – pas Jesse). Là, il espère des retrouvailles avec son frère, qui vit en Allemagne depuis quelque temps – et fricote avec des COMMUNISTES. Las, le frangin est assassiné dans des circonstances très mystérieuses… et alors même qu'il avait un important secret à communiquer à son frère, un secret à même de faire tomber Hitler et de changer le cours de l'histoire.



Plus ou moins.



Ce secret n'en est pas longtemps un, et ne convaincra plus grand monde aujourd'hui, s'il a jamais convaincu qui que ce soit (il semblerait que, et peut-être bien Tezuka lui-même ?) : le fantasme étonnamment répandu que Hitler… était en fait juif, eh. Salauds de juifs, c'est toujours de leur faute ! Mais, honnêtement, ce postulat un peu faiblard et convenu n'est en fait pas aussi problématique qu'il en a l'air – parce que c'est un pur MacGuffin : ça lance l'intrigue, et les documents secrets naviguent beaucoup entre les différents personnages, dans une ronde particulièrement complexe (parce qu'il y en a, du monde, dans ces environ 1200 pages de BD au rythme frénétique), mais, autant le dire de suite, personne n'en fera jamais rien – et bien sûr, puisque le cours de l'histoire, eh, n'en est pas le moins du monde affecté : le régime nazi ne s'effondrera qu'en 1945, et après avoir commis toutes les atrocités que l'on sait – pas une n'a été empêchée par ces papiers censément si importants, qui auraient dû changer le monde, mais s'égarent au lointain Japon, lequel a de toute façon ses propres préoccupations et ses propres crimes sur la période…



Ceci dit, donner un regard japonais sur les événements européens n'est pas un des moindres atouts de la BD de Tezuka. Et, ce MacGuffin mis à part, L'Histoire des 3 Adolf repose sur une documentation abondante en même temps que précise – ce qui vaut pour le théâtre européen comme pour le théâtre japonais, et ressort aussi bien du récit que de son illustration. Sans que cela nuise jamais à l'intrigue, par ailleurs, et même au contraire, certains passages de la BD ont peu ou prou une vertu documentaire très appréciable (je pense notamment à l'évocation de l'affaire Sorge, par exemple, ou à celle de la communauté juive de Kobé, qui renvoie à des souvenirs d'enfance de Tezuka).



Mais, si le thriller motive la BD – et, MacGuffin pris pour ce qu'il est, il fait ça très bien, Tezuka sait assurément raconter une histoire (sans déconner), et d'une complexité impressionnante mais jamais au point de s'y noyer –, je crois pourtant que son coeur est ailleurs, dans la destinée parallèle des trois Adolf (ce titre français est finalement pertinent). Ce qui est particulièrement douloureux, dans cette BD, c'est combien l'histoire et les déterminismes sociaux l'emportent sur les sentiments les plus admirables – le lecteur souffre, je crois que le mot n'est pas trop fort, en voyant le gentil et timide Adolf Kaufman, qui en une autre époque aurait pu être un hâfu idéalisant l'ouverture souhaitée d'un Japon encore bien fermé sur lui-même, se muer en un monstre, un parfait petit Aryen, qui a le meurtre au programme de son cursus scolaire. le souvenir de son humanité demeure pourtant, chez le lecteur sinon le personnage, et la spirale infernale de sa transmutation n'en est que plus douloureuse à mesure que les pages défilent dans un bain de sang… L'Histoire des 3 Adolf est une BD d'une noirceur redoutable.



Elle n'est pas si manichéenne, pourtant. le souvenir de l'enfance d'Adolf Kaufman, ou la légère (très, très légère) humanisation malgré tout d'Hitler (via une Eva Braun toujours bien pratique…), à cet égard, ne sont probablement pas aussi importants que les traits les plus sombres des personnages autrement positifs : Sohei Togué, que l'on suppose, à la base, être le héros de cette histoire, commet très vite ce qui ressemble tout de même fortement à un viol (et, disons-le, si ça ressemble à un viol, c'est que c'est un viol), débouchant sur le suicide de sa victime ; autant pour l'identification positive… Et, tout héroïque qu'il soit par la suite, et d'une résilience stupéfiante, il y a quelque chose d'un peu obtus et brutal dans sa manière d'être qui teinte parfois d'une vague hésitation l'admiration naturelle pour le courageux journaliste. Mais, à l'autre bout de la BD, il y a aussi cet épilogue particulièrement casse-gueule, mais aussi particulièrement traumatique, durant lequel Adolf Kamil à son tour… eh bien… horrifie ? Encore que je ne sois pas tout à fait sûr des intentions exactes de Tezuka dans ces pages – pour le coup, il y a bien une certaine ambiguïté, ici… Seule certitude : l'humanité n'en aura jamais fini avec la haine.



Tout cela renforce l'impression globale d'un certain fatalisme foncièrement déprimant – d'un monde écrasant, où l'éducation, au lieu d'émanciper, cloisonne, et où les déterminismes, revendiqués comme tels, « justifient » au plan moral l'abomination pure et simple. Sans doute ne pouvait-on pas mieux illustrer le poison intellectuel de l'idéologie de l'époque – qui, hélas et comme de juste, a fait des petits.



Il y a pourtant des héros, dans cette BD. Mais je tends à croire qu'il ne s'agit pas vraiment des personnages principaux évoqués jusqu'alors – s'ils sont seulement les personnages principaux ? Sohei Togué probablement, Adolf Kaufman à sa manière, mais Adolf Kamil… est somme toute bien plus discret. En fait, j'ai le sentiment que les vrais héros, dans L'Histoire des 3 Adolf, sont d'admirables personnages secondaires – l'institutrice plus ou moins communiste, dont la résilience vaut bien celle de Sohei Togué voire l'écrase, ou ce jeune homme qui aurait dû, car il en avait toutes les raisons, devenir le type-idéal même de l'officier japonais fanatique et rigoureux… mais dont la rigueur même, débarrassée de toute compromission, implique la plus louable des trahisons (pour partie motivée certes par des raisons toutes personnelles et qu'on pourrait juger futiles, ajout très pertinent) – même si elle doit sceller son destin.



En fait, ces deux personnages, et quelques autres, offrent en définitive un certain miroir au sort affligeant d'Adolf Kaufman : ce monde est noir, il est horrible, il abonde en crimes, et les déterminismes pèsent, qui ont de quoi déprimer les bonnes volontés. Peut-être, pourtant, à force d'abnégation et de sens moral, est-il possible d'y échapper, au moins à titre personnel, au moins pour un temps ? L'Histoire des 3 Adolf, au fond, est bien une BD sur l'éducation…



Et une BD brillante, bien sûr. Je crois qu'elle a ses défauts (même en fermant les yeux sur le postulat macguffinesque) ; j'ai un problème, notamment, avec ces personnages féminins qui, à peu près systématiquement, tombent amoureuses dans les trois cases au plus qui suivent leur rencontre avec un personnage masculin (Sohei Togué, surtout), même s'il y a quelques heureuses exceptions (rares, mais c'est tout de même un peu rassurant). Et il y a bien, çà et là, quelques rebondissements un peu trop forcés – ou quelques personnages trop unilatéraux (surtout comme de juste du côté du Mal) – ou quelques pans de l'intrigue qui ne parviennent pas à m'accrocher (le meurtre de la geisha, et, c'est lié, les bustes de Wagner…). Pas grand-chose, cependant, au regard de tout ce qui brille dans L'Histoire des 3 Adolf. Ce roman-fleuve combine l'efficacité formelle du thriller à un fond implacable et redoutable, le contexte historique fournissant une passerelle idéale pour ces deux dimensions de manière générale pas si faciles à accoler. le sens du récit est admirable – le dessin aussi, qui fait preuve d'une inventivité en même temps que d'une maîtrise parfaites (la mise en page, notamment, m'a bluffé – sans excès, toujours pertinente dans ses effets).



On appréciera aussi de pouvoir lire ce monument dans une édition aussi luxueuse. Même si… eh bien, j'ai quelques critiques à formuler à ce propos… Car je crois que Delcourt – Tonkam aurait tout de même pu soigner un peu plus le boulot. La traduction un peu archaïque parfois de Jacques Lalloz aurait probablement gagné à un bon coût de Ripolin, certains phylactères sont étrangement inversés (?), ce genre de choses… Mais cela ne se sent jamais autant que dans le paratexte, surtout la double « exégèse » de l'oeuvre par Didier Pasamonik et Kôsei Ono, abondante (une bonne quarantaine de pages à la fin de chacun des deux volumes), globalement passionnante (malgré quelques inexactitudes ou confusions çà et là, j'ai l'impression – ou exceptionnellement des prises de position peut-être pas très bienvenues ; globalement, j'ai préféré le point de vue japonais, mais sans doute parce que c'est surtout là que j'apprenais plein de trucs), mais visiblement pas relue, et affectée de nombreuses pétouilles typographiques… Il y a donc à redire sur cet écrin – joli mais parfois un peu bâclé, et nous parlons tout de même de bouquins qui coûtent 30 € pièce…



Bon, l'essentiel demeure la BD – qui est excellente. Et m'a probablement bien davantage convaincu à cette relecture qu'à l'époque. Maintenant, me faut relire Ayako… et aller au-delà, cette collection semblant toute désignée pour m'en fournir l'occasion.
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Bien les gars, il me suffisait de lire un ouvrage du Dieu du manga Tezuka afin de me relancer dans la lecture des Mangas (et aussi mon stagiaire je dois bien vous l'avouer).

Quand on sait que Tezuka a connu la guerre qui lui fait prendre conscience de la valeur de la vie humaine, on ne peut qu'être touché par cet ouvrage retraçant l'histoire de 3 destins : Adolf Hitler ; Adolf Kaufmann fils d'un nazi mais pris d'amitié pour Adolf Kamil, un juif fils de boulanger.

Outre cette histoire d'amitié plus que marquée, entre en scène Sohei Togué, un journaliste possédant des documents qui pourraient ébranler le nazisme lui-même.

On est donc loin des sujets légers et faciles à digérer... Mais cet axe autour de la Shoah et des relations entre le Japon et l'Allemagne souligne le fait de ne pas en sortir indemne.
Entre propagande nazie, geisha, Kobe, idéologie raciale, jeunesses hitlériennes, Japon et Seconde guerre mondiale, Tezuka a frappé fort !

Malgré les horreurs historiques vécues, Tezuka nous apporte un message personnel et transpirant d'humanité !
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L'Histoire des 3 Adolf est un seinen manga pré-publié dans le magazine Shukan Bunshun de l'éditeur Bungeishunju entre 1983 et 1985, soit 10 ans après Ayako. Les 4 volumes de la série sont sortis en 1985, avec une première édition française entre 1998. La nouvelle édition pour les 90 ans est constituée de deux tomes regroupant les 4 tomes précédents, agrémentée d'une préface de Tezuka et Patrick Honnoré. L'histoire se déroule durant la Seconde Guerre mondiale, avec trois hommes nommés Adolf, dont Hitler. 1936, le chancelier allemand est au pouvoir depuis 3 ans maintenant. À l'occasion des Jeux Olympiques d'été à Berlin, un correspondant japonais, Sohei Togué, est chargé de faire un reportage sur l'évènement. Arrivé sur place, son frère Isao prend contact avec lu afin de lui transmettre des documents d'une importance capitale. Mais ce dernier est assassiné et toutes traces de son existence sur le territoire allemand sont effacées. Sohei se lance alors dans une enquête afin de découvrir le responsable de la mort de son frère et de la nature de ce document sur les origines de la naissance d'Hitler. Dans ce récit, TEZUKA incorpore trois histoires différentes qui vont se rejoindre à un moment ou à un autre. Il y a celle liée à Hitler, celle d'un occupant nazi résidant au Japon qui voit son fils Adolf se lier d'amitié à un enfant juif, et celle de Adolf Kamil refusant de rejoindre les rangs des Jeunesses du chancelier. 

Comme pour Ayako et une très large partie de ses créations, le mangaka met en lumière toute la sphère du destin des êtres humains aussi différents et semblables qu'ils soient. Les faits historiques sont respectés mais agrémenté par la vision fictive de l'auteur et son sens unique de la maîtrise. L'amitié et un élément capital dans L'Histoire des 3 Adolf qui va se confronter au choc de l'inhumanité et la violence du monde. L'écriture est sérieuse et réaliste, avec une intrigue policière des plus aboutie et recherchée. On découvre aussi l‘éducation de la jeunesse sur la haine de l'autre et sa différence, la chasse des Juifs et les exécutions. Sociétale, politique, criant de vérité, Osamu TEZUKA reste fidèle à lui-même. Au niveau graphique, le mangaka impose un réalisme collant brillamment à son ton dans la narration. Bien entendu, comme pour toutes ses créations, le trait et la représentation, et la mise en page auront ses défenseurs et ses détracteurs. Libre à chacun d'en juger, même si je conseille fortement d'en lire quelques pages avant de rejeter cette oeuvre. Rien à redire sur l'édition anniversaire de Delcourt-Tonkam qui est un véritable petit bijou mettant très bien en valeur toute la superbe de cet auteur de manga qui traverses les générations sans prendre une ride.
Lien : https://lireenbulles.wordpre..
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Tezuka … le dieu du manga n'usurpe pas son nom, c'est certain. Il a un talent de conteur, de dessinateur, d'auteur et allie tout cela avec une intelligence de propos. Et toujours le mélange entre la noirceur et l'humanité de tout ses personnages. C'est une véritable mine d'or que chacune de ses séries. Et encore une fois, L Histoire des 3 Adolf ne déroge pas à la règle.

Cette histoire se développe sur toute la période du nazisme (et même après) et prend le temps d'installer ses personnages et son histoire. C'est impressionnant comme il est facile de gober autant de pages alors même que le propos est bien souvent très noir. Mais tout passe sans aucun souci.
On retrouve ici bon nombre de thèmes chers à Tezuka : l'humanité des personnages inhumains, la dictature et la guerre (on sent très bien à quel point il a été traumatisé par ce qu'il vécut dans la seconde guerre mondiale), la violence faite aux femmes (qui revient presque tout le temps dans ses oeuvres) … le tout associés à des nouvelles thématiques autour de l'idéologie nazies, mais aussi de la façon dont tout finit par revenir. Je ne peux pas ici en dire plus sans spoiler, mais la fin est d'une cruauté rare et d'une justesse douloureuse. Elle reboucle parfaitement sur l'imbécilité de l'humain qui n'en finira jamais de se taper dessus et de se haïr. C'en est presque désespérant.

J'ai beau savoir que le propos de départ de la BD est une légende urbaine, il n'empêche que je suis époustouflé par la facilité avec laquelle Tezuka utilise cela pour développer une histoire complète autour. Une histoire qui prend au tripes et qui laisse finalement songeur lorsqu'on referme le livre.

Je le redis encore une fois, mais le dessin me subjugue à chaque fois. La maestria dont il fait preuve, le dynamisme et la précision qu'il y met est incroyable. le drame côtoie la comédie, la satyre côtoie la réalité crue, l'histoire côtoie la fiction. C'est impressionnant de réussite dans chaque case, dans chaque organisation de planches.

Je ne saurais quoi dire sans donner l'impression de m'épancher encore et encore sur son talent, mais je recommande cette oeuvre. En fait, je recommande plutôt l'auteur. Vraiment.
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J'ai rencontré une passionnée du Japon dans le cadre de mon travail qui y va chaque année avec sa petite famille et possède plus de 3000 mangas. À ma demande, elle m'en a conseillé, moi qui n'y connais pas grand chose voire quasiment rien si ce n'est Tanigushi. J'ai acheté l'édition prestige qui est augmentée d'une documentation historique et d'une analyse de ce manga passionnante sans être pompante. On y découvre également la biographie et le mythe de Tezuka. Alors l'histoire est rendue complexe par le contexte historique et par le nombre de personnages. Pourtant étonnement moi qui suis facilement perdue j'ai bien pu suivre. C'est captivant, j'ai lu rapidement les 600 pages. Je regrette uniquement sur ce premier tome la psychologie peu fouillée des personnages et leur simplicité de réaction… un peu binaire et pour certaines femmes, nunuches… néanmoins je poursuis avec impatience .
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critiques presse (2)
MangaNews
11 janvier 2021
[...] cette édition de L'histoire des trois Adolf n'étant pas le genre de titre qui se boucle en une petite heure ou deux, mais se savoure sur toute une après-midi.
Lire la critique sur le site : MangaNews
Bibliobs
17 décembre 2018
Virtuosité suprême, Tezuka fait courir les personnages après des documents censés pouvoir stopper la guerre. Cette traque laisse le lecteur dans un flottement délicieux sur la nature du récit: si les documents sont trouvés et publiés, on bascule de la saga historique d’une ambition déjà hors du commun vers une véritable uchronie.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Voici le pont Marco Polo, à l'ouest de Beijing (Pékin). Magnifique ouvrage de pierre construit à la fin du XIIe siècle, évoqué par Marco Polo lui-même, dans son livre des merveilles du monde. 450 lions de pierre en jalonnent les parapets.
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Vidéo de Osamu Tezuka
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