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Critique de PhilippeCastellain


Voici un pavé qui m'a tenu éloigné de Babelio un bon bout de temps… Et pourtant, je n'ai pas connu une minute d'ennui en le lisant ! Curieux de découvrir celui que Charlotte Brontë présente comme « un titan intellectuel », j'ai opté pour l'une de ses oeuvres majeures, gardant en réserve la plus célèbre, le ‘Barry Lyndon' qui inspira Kubrick.

Pour un écrivain du milieu du XIXème, la fluidité de son écriture est étonnante. Peu de longueurs, des descriptions courtes et précises, des personnalités croquées en quelques traits, et surtout un humour et un second degré permanent qui animent sans cesse le récit ! Une ironie mordante et impeccablement dosée, sans lourdeur ni exagération, une pointe de cynisme et une certaine indulgence pour les petites faiblesses de la nature humaine, voici les épices de ce plat de choix.

Nous suivons donc les tribulations de Rebecca Sharp dans ses tentatives pour se construire une position dans le monde. Née pauvre et de parents obscurs, elle dispose néanmoins de quelques atouts : une grande beauté, une intelligence vive et pratique, et un formidable pouvoir de manipulation qu'elle n'a pas le moindre scrupule à utiliser ! Intriguer ici et là, mener grand train sans un sous vaillant, faire mariner ses créanciers, voici des arts où elle est particulièrement versée. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir ses bons côtés et ses beaux mouvements : Thackeray n'accable pas son héroïne. Il met en exergue son besoin maladif de reconnaissance sociale, le peu de perspective qui s'offrent à elle dans sa position, et l'hypocrisie complète de la société dans laquelle elle vit.

Sur ce sujet là, il est en revanche sans pitié. L'ingratitude, les préjugés, les faux-semblants et l'absence de reconnaissance sont soulignés avec une ironie corrosive, et un humour qui fait plus mouche que l'indignation. Ceux qui affichent leurs grands principes mais ne les mettent guère en pratique prennent également quelques banderilles bien pointues. Enfin, le manque de maturité et l'irresponsabilité de bien des jeunes gens est épinglé sans complaisance.

Thackeray est un observateur minutieux et implacable de son temps, qui croit plus aux qualités humaines qu'aux grandes idées. Il faut d'ailleurs une certaine connaissance du XIXème siècle pour bien rentrer dans ‘La foire aux Vanités', sans quoi certains passages risquent d'être un peu obscurs. Contemporain de Balzac, dont il remplace le lyrisme par l'élégance, il est malheureux que son nom ne soit pas plu connu en France. Car après cette lecture je partage l'opinion de Charlotte Brontë : cet homme fut un titan intellectuel…
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