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Voici un petit chef-d'oeuvre d'ironie et de perfidie ! Qu'il est dommage qu'en France Thackeray soit si loin de la notoriété d'une Jane Austeen ou des soeurs Brontë. Sa plume est un véritable rasoir, qui tranche avec précision dans les apparences et la superficialité pour mettre à nue l'âme humaine. Mais il est temps de présenter Barry Lyndon, du royaume d'Irlande.

Son père ayant mangé tout son bien, sa jeunesse ne fut guère aisée. Mais sa mère, qui l'aimait plus que le ciel et le soleil, a mis son point d'honneur à l'éduquer comme un jeune lord. Il vivait en compagnie de ses cousins ; l'un le battait par méchanceté, l'autre par amitié. Il n'avait pas quinze ans qu'il était amoureux d'une de ses cousines, et qu'il tua un rival plus fortuné en duel. Après avoir fui, il n'eut d'autres choix que les troupes de sa majesté. Le reste de sa vie se passa à gagner de l'argent par les moyens les moins avouables, et à le dépenser en fêtes et pourpoints dorés. Voici Barry Lyndon ! Truand, aventurier et nobliau désargenté, prêt à tout et dénué de toute forme de scrupule.

Tout l'art de Thackeray consiste à créer un abîme entre la bonhommie avec laquelle le héros raconte ses aventures, et la nature de celles-ci. Là-dessus, curieusement le texte a même gagné en force avec le temps. Le second degré raisonne encore mieux, et l'ingratitude et les mœurs du héros, à l'époque choquantes, paraissent aujourd'hui ahurissantes. Quand Barry Lyndon assure qu'on ne peut l'accuser d'être violent avec sa femme puisqu'il ne la bat que quand il est ivre, le lecteur du XIXème siècle avait une moue ironique. Aujourd'hui, il écarquille les yeux.

Et pourtant, impossible pour moi de le détester. Le gaillard a la peau dure. Il a subi l'armée de Frédéric II – pire que le bagne – et autres avanies sans se formaliser, et la seule qu'il n'a pas supportée est la mort de son fils. Pour lui, le monde est un champ de bataille d'intrigues où tous les coups sont permis. On berne les autres, on finit toujours par se faire berner par plus malin et c'est ainsi.

Thackeray entremêle tout ceci de méchantes petites piques à ses contemporains, dont il brocarde l'ingratitude et la servilité. Mais il va plus loin en critiquant le fanatisme anticatholique qui agitait alors l'Angleterre, et en dénonçant le sort infligé à l'Irlande. Un grand livre, et peut-être le seul que je connaisse écrit presque entièrement au second degré.
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Ainsi tourne la roue de la fortune et brûle le bûcher des vanités...

Considérant l'adaptation de Stanley Kubrick comme le produit le plus abouti de l'esthétisme cinématographique, j'ai voulu passer en coulisses et découvrir le roman qui inspira ce grand réalisateur. Ayant, d'autre part, adoré ma lecture de "La foire aux vanités" du même William Makepeace Thackeray, il me tardait de me plonger dans le récit "de l'audace, de la diablerie, de la perversité et de la chute de Barry Lyndon".

Je remercie à titre posthume Stanley Kubrick d'avoir pris quelques raccourcis et ménagé quelques recoupements dans son scénario car le présent roman, s'il brille des mille feux d'une plume brillante, souffre tout de même de vraies longueurs, notamment lorsque Redmond Barry se fait soldat puis joueur professionnel dans les principautés allemandes. Après un début sur les chapeaux de roue, le rythme ralentit pour s'enliser dans les intrigues de cours, pour ne reprendre du souffle qu'au dernier quart de l'oeuvre.

Conçu comme un roman d'aventures trépidantes associé à une peinture pittoresque des moeurs aristocratiques du XVIIIème siècle, les "Mémoires de Barry Lyndon du royaume d'Irlande" satisferont tout amoureux de roman historique et tout amateur de destins hors du commun. Cependant, il est difficile de s'attacher durablement à un personnage aussi imbu de lui-même et dont l'ambition et la vanité n'ont d'égales que sa misogynie et sa violence. Comme ses proches, on se prend à vouloir s'éloigner de sa fatale attraction et c'est avec un sentiment de soulagement qu'on arrive au dénouement.


Challenge XIXème siècle 2018
Challenge ABC 2018 - 2019
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Ce sont les mémoires d'un homme sans morale qui raconte sa folle ascension sociale puis sa chute vertigineuse. ● Bien décevant par rapport à La Foire aux vanités. On n'y retrouve pas cette ample critique embrassant toute la société, cette largeur de vue, cet humour dévastateur. La forme de l'autobiographie fictive resserre le champ à la vision d'un homme, et même si l'on peut sourire de l'ironie découlant de la collusion entre la bonhomie de la narration et la noirceur de l'histoire racontée, on se sent à l'étroit dans cette conscience. L'adaptation cinématographique de Kubrick en 1975 est bien meilleure que le roman (pour une fois !).
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Titre complet Mémoires de Barry Lyndon du Royaume d'Irlande. C'est donc le récit de la vie d'un gentilhomme irlandais, remontant même à ces « illustres » ancêtres et interrompues par la mort.
Première phrase « Depuis Adam, il n'y guère eu de méfaits en ce monde où une femme ne soit entrée pour quelque chose. » Cela donne le ton. Car les femmes, Redmond Barry va beaucoup chercher à s'en servir pour réussir. Il faut dire que le sort est toujours contre lui. Déjà, sa famille a été spoliée de ses richesses et de son rang, car les Barry descendent des premiers rois d'Irlande. « Je présume qu'il n'est pas un gentilhomme en Europe qui n'ait entendu parler de la maison de Barry de Barryogue, du royaume d'Irlande car on ne trouverait pas un nom plus fameux dans Gwillim ou D'Hozier* ; et bien que, comme homme du monde, j'ai appris à mépriser les prétentions à une haute naissance qu'affichent certaines gens qui n'ont pas plus de généalogie que le laquais qui nettoie mes bottes et quoique je ris de pitié de la gloriole d'un bon nombre de mes compatriotes, qui tous à les en croire, descendent des rois d'Irlande, et vous parlent d'un domaine qui ne suffirait pas à nourrir un cochon comme si c'était une principauté ; cependant la vérité m'oblige à déclarer que ma famille était la plus noble de l'ile, et peut-être de l'univers entier, … » Voilà vous avez l'essentiel de la personnalité de Redmond Barry. Ajouter y le gout pour les jeux, l'alcool, les femmes, vous aurez un portrait assez ressemblant.
Obligé par un duel à quitter la demeure familiale, il s'engage ensuite dans l'armée où il combattra avec beaucoup de talent et de panache (c'est lui qui le dit) dans divers pays, d'abord du côté anglais puis prussien lorsqu'il se fait piéger par un recruteur, pendant la Guerre de Sept ans (1756-1763). Il deviendra ensuite joueur professionnel et connaitra des années de prospérité avant de revenir en Angleterre et d'épouser une riche veuve Lady Lyndon dont il dilapide les biens et qu'il maltraite.
Barry ne semble avoir d'affection que pour lui-même. Lorsqu'il rentre en Irlande il ne se précipite pas auprès de sa mère qu'il n'a pourtant pas vue depuis de nombreuses années et qui lui est indéfectiblement et très aveuglément fidèle. Même l'amour pour son fils ne semble pas exempt d'intérêt, les questions d'héritage se mêlant à ses sentiments.
La préface indique que Thackeray s'est inspiré d'un personnage réel Andrew Robinson Stoney.
C'est mon premier Thackeray, choisit de préférence à La foire aux vanités parce qu'il fait partie de la sélection Bibliothèque idéale pour les 50 ans de la collection GF. J'ai beaucoup aimé la première moitié environ puis ai trouvé certains passages un peu lassants. Les menteurs mélangeant généralement un fonds de vérité à leurs broderies, je me suis presque toujours demandé qu'elle était la part sincère et laquelle inventée. Et dans quelle mesure Redmond Barry s'abuse lui-même.
Un bon roman mais que je n'ai pas dévoré, il m'a fallu presque une semaine de lectures vespérales.

* Personnes ayant publié des ouvrages d'héraldique.
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Enthousiasmée par la lecture des Mémoires d'un valet de pied, une chronique drôle et légère, j'ai entamé avec confiance ma lecture des
Mémoires de Barry Lyndon du royaume d'Irlande .........et grande fût ma déception...Les aventures picaresques du jeune Barry se succèdent mais j'y ai trouvé beaucoup de confusion, énormément de personnages qui déboulent d'un peu partout, et surtout un humour que j'attendais et qui n'a jamais pointé le bout du nez. le héros est antipathique à souhait - roublard, fat, imbu de sa personne, et souvent naïf au point de se faire berner par le premier venu.......les aventures qui se succèdent ne sont pas drôles et souvent narrées de façon très brouillonne. le seul avantage que j'y ai trouvé est la peinture des moeurs et des conditions des jeunes recrutés de force dans les armées...
Mon rythme de lecture a été poussif, j'ai quelquefois lu en diagonale et j'ai eu plus d'une fois l'envie d'abandonner.... Je suis parvenue au bout sans réel plaisir de lecture, une lecture donc que je ne recommande pas...........
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Chef d'oeuvre de Thackeray de l'époque victorienne avec Eliot, Dickens et Trollope, est avec la Foire aux vanités, un des romans anglais que je préfère. Toute une flopée d'écrivains de moins bonne facture les ont suivis, voire imités et les ont faits un peu oublier malheureusement.

L'immoralité du roman est présente du début à la fin. On ne compte pas les épisodes où quoique l'on entreprenne dans cette Angleterre sur fond belliqueux, tout n'est que souricière, où le héros "Redmond Barry", un irlandais du peuple, ou irlandais tout court vu de l'anglais, se met dans de sales draps, et par son entremise, c'est une peinture des vices de la société anglaise du 18e à laquelle on assiste. Les riches restent riches ou se tirent toujours d'affaire, ils sont tous de connivence et sarcastiques, et les braves qui émergent restent des misérables sur le bord de la route, ou connaissent une mort sans pitié. "Barry Lyndon", qui le devient par mariage avec la Comtesse Lyndon, personnage atypique, attire cependant la sympathie, il se relève une fois, deux fois, trois fois .. mais son sort est inexorable, le cumul de revers qu'il se prend finit par miner ses chances d'en réchapper un jour. Il est attendrissant dans la relation avec sa mère, avec son fils qu'il couvre d'une attention sans failles, et malgré cela en univers hostile, le pire est à prévoir ; il est impitoyable avec son beau-fils.., on ne garantit pas de la vie de ce dernier pour un coup de baston supplémentaire, mais le jeune anglais de la lignée Lyndon lui fera subir un sort plus rude encore ..Un tel concentré de haine est à son zénith !..

La langue de l'auteur est superbe, le milieu peint du 18e irlandais et surtout anglais est fantastique. William Makepeace Thackeray: un grand maître anglais à lire.

Le cinéma, la télévision ont requinqué plus près de nous cette oeuvre éblouissante, grâce au génie de Kubrick qui lui a donné une tonalité d'éclairage à la bougie sublime dans ces fonds de campagne ou de bocages anglais et irlandais.
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Je connaissais déjà Thackeray pour avoir lu avec grand plaisir " La foire aux vanités". Celui-ci est un peu différent. D'abord dans la structure narrative, puisqu'il s'agit d'un récit à la première personne qui donne de savoureux moments sur le regard que porte le personnage sur lui-même. Ensuite, sur le sujet lui-même: aventures que l'on peut qualifier de picaresques du héros à travers l'Europe. Et encore une fois, personne n'est épargné par la plume incisive et satirique de l'auteur.Il est amusant de savoir que l'auteur ne recommandait pas la lecture de son oeuvre, il l'avait même "interdite" à sa fille: la preuve que certains livres ont besoin du recul de l'histoire pour être appréciés convenablement, le recul mais surtout la connaissance des conséquences de certains travers notés par les contemporains mais n'ayant pas encore "causé de dégâts". A méditer!
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Quels mémoires!!! Et Barry Lyndon!!! Quel personnage??? On retrouve cette touche des personnages truffés de vanités et de frivolités dans ce personnage de Barry qui en lui seul incarne toute forme d'anti héros! Oh comment décrire ces mémoires de notre cher Barry? Il incarne en lui seul, tous les protagonistes du roman, tous les conflits! Où qu'il aille, un scandale surgit! Est-ce un opportuniste, un voleur, un imposteur, un vaniteux, un arrogant, un manipulateur, un téméraire ou simplement un homme qui a du mal à porter avec bravoure son identité...
Cette fois-ci, l'auteur de la Foire aux vantés que j'ai beaucoup me plonge dans un ressenti très mitigé...
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Je ne suis pas spécialement fan de Stanley Kubrick mais je suis fan de Barry Lyndon, pour moi l'un des plus beaux films du cinéma mondial. C'est en traînant sur Babelio que j'ai appris que le film était basé sur un roman écrit par un illustre inconnu: Makepeace Thackeray. Je l'ai acheté et, après l'avoir laissé moisir au fond de ma liseuse durant près d'un an, je l'ai lu. Fausse autobiographie, Les Mémoires de Barry Lyndon du royaume d'Irlande narrent les aventures du personnage le plus odieux qui ait infecté la littérature: Redmond Barry. Orphelin ruiné, amoureux malheureux, esclave-soldat, joueur-arnaqueur professionnel, chasseur de dot, mari infâme, beau père violent, père attentionné; on suit l'ascension et la chute de cet incroyable narrateur, avec amusement, effroi, dégoût, compassion (si si) et sentiment de justice. Autant le film est esthétique et grave, autant le roman est picaresque. D'abord, l'écriture est délicieuse, entre Voltaire et Jane Austen; ensuite le personnage est incroyable: il est d'une fatuité sans borne, ce qui le rend ridicule; d'une misogynie stratosphérique qui ferait passer Tarik Ramadan pour le fondateur du MLF; il est violent, menteur, de mauvaise foi, ingrat mais... on ne peut pas s'empêcher de lui reconnaître l'intelligence diabolique et la force motrice de celui qui a su se hisser au dessus de sa condition. Force est de constater qu'il s'est fait tout seul et qu'il a bravé bien des obstacles pour devenir (durant quelques années) "le personnage le plus fashionable d'Europe" !
Deux petits bémols ont légèrement infléchi mon grand plaisir de lecture: quelques passages un peu trop longs et une fin bâclée, précipitée.
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Oeuvre large, complexe, un peu ringarde, un rien prétentieuse et...très longue.
On pourrait penser que Thackeray a voulu nous présenter un personnage typé Casanova : Flambeur, dragueur, jouisseur et fin tacticien quand il s'agit de s'approprier argent et fortune.
Avouons que c'est un peu le cas. Notre ami Barry a le don de se mettre dans des situations compliquées et toujours de s'en sortir sans trop de dégats.
Et last but not least, d'épouser une riche, très riche anglaise bon teint et de ce fait faire partie, enfin, de l'aristocratie britannique.
Ouahh !!
Ceci dit, l'auteur ne nous épargne pas, lecteur naïf que nous sommes...
Il nous fait plonger dans ce 18e siècle sans parachute.
Nous nous rendons assez vite compte que les habitants de ce pays et de ce siècle n'étaient guère généreux, gentils, serviables, humains quoi !
L'argent, le plaisir, la possession et l'avidité seuls avaient cours.

Finalement, es ce si différent aujourd'hui ? Un peu plus de vernis peut être ?
Très bon roman, enrichissant. Sans concession pour l'espèce humaine !
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