Pianiste dont la renommée n'est plus à faire,
Alexandre Tharaud est aussi écrivain. Dans ce «
Montrez-moi vos mains » il raconte sa vie de nomade, de pays en pays, de ville en ville, d'hôtel en hôtel, de salle en salle et de loge en loge. Il se raconte aussi. Avec un sens aigu de l'auto-dérision, sans complaisance et simplement, il dévoile ses habitudes, ses angoisses, ses rêves, ses manies, ses rituels. Très habilement, il a décomposé son récit en trois parties, chacune étant en relation aux trois moments qui rythment une journée de concert : Naissance (sa préparation, la répétition, l'interview, …), Désir (l'approche du concert) et Feux (le concert). Chacun de ces épisodes, à côté de ce qui le concerne à titre personnel, est prétexte à anecdotes. Il dresse ainsi une galerie de portraits de tous les acteurs qui gravitent autour de l'artiste. On y découvre son premier professeur, son agent, le producteur, la journaliste, les tourneurs de page (A. Tharaud ne joue jamais de mémoire, il s'en explique). Certains sont de véritables hommages, tel celui rendu aux accordeurs. Sans oublier le public. Il en parle avec un profond respect, mais aussi avec humour : le portrait de Madeleine, la représentante des dames qui, partout dans le monde, déballent un bonbon pendant le concert en essayant de faire le moins de bruit possible, mais que tout le monde entend, le pianiste en premier lieu, est un véritable sketch. Les sensations jouent également un rôle majeur dans ce que A. Tharaud décrit : le toucher, l'acoustique, les lumières, …
On y rencontre un homme extrêmement sensible, quelqu'un qui capte et se nourrit de tout ce qui l'environne.
En artiste complet, A. Tharaud nous emmène dans son univers, où, sous l'apparence d'une certaine légèreté, on perçoit l'érudition, la rigueur, la discipline pour servir la musique.
«
Montrez-moi vos mains » est un témoignage amoureux du métier de pianiste international qui, outre les informations qu'il apporte, se lit avec un immense plaisir.
Quant à savoir pourquoi l'auteur a donné ce titre à son essai, je laisse au lecteur de cette critique la surprise de le découvrir en lisant … A. Tharaud.
Cantus