La vie poétique consiste pour l'essentiel à se rendre disponible à la venue de certaines images, à les accueillir et à les retenir au moyen de l'écriture. Quelles images ? Celles qui, surgies de la vie, se signalent par une certaine qualité d'émotion qui fait que quelque chose s'allume en elles, qu'elles se font transparentes à la vie qu'elles nomment. Qu'est ce qu'une image, en effet, sinon des nouvelles que la vie nous donne d'elle – même.
Écrire, dans ces conditions, est bien agir sans réfléchir dans la mesure où, s'en remettant à la sensibilité, l'on consent à une certaine sorte de passivité, passivité limitée, contrôlée puisque l'on est libre de refuser ou d'accepter de se laisser guider. C'est aussi s'orienter dans le présent puisque, telle est l'intuition sur laquelle cette poétique se fonde, les images ainsi privilégiées indiquent l'émergence ou la possibilité d'un sens.
Jean Marc Sourdillon, poète français dans " Disciples de l'eau courante", article intégrée à la partie "Témoignages".
Une utopie pour Musil, c'est une vie à l'essai, l'expérimentation d'un possible par quelques uns dans les ouvertures du monde.
Jean Marc Sourdillon, poète français dans " Disciples de l'eau courante", article intégrée à la partie "Témoignages".
De mon point de vue, c'est la première chose à dire lorsque l'on parle de la poésie de Philippe Jaccottet. Ce qu'elle donne, ce qu'elle donne d'unique, d'irremplaçable, plus ou mieux qu'aucune autre, est une proposition de vie : une écriture surgie d'une vie et une vie s'inventant dans le sillage d'une écriture. Autrement dit, une réponse incarnée aux questions que je me posais et aux difficultés qu'il y avait à vivre dans le monde d'aujourd'hui. Une réponse en mouvement, toujours perdue, toujours à découvrir.
Jean Marc Sourdillon, poète français dans " Disciples de l'eau courante", article intégrée à la partie "Témoignages".
Le visage, la simplicité, la grande élégance dans le maintien confirmaient ce que j'avais lu dans les livres, comme si l'écriture et le corps étaient deux modalités d'une même présence au monde, d'une même façon d'aller vers lui, de s'éprouver vivant dans sa vie au milieu des êtres et des choses.
Toute cette présence, disait ceci : un retrait en hauteur pour mieux regarder, mieux s'élancer par le regard ou la pensée dans le large paysage ouvert en contrebas.
Jean Marc Sourdillon, poète français dans " Disciples de l'eau courante", article intégrée à la partie "Témoignages".
Un simple griffonnage sur du bristol et quelques mots lus ensuite (ils avaient sans doute été prononcés cet après – midi là) : « S'effacer à demi au profit des forces anonymes qui nous traversent, nous soulèvent, nous bousculent ». un mode d'emploi de la vie traversée… Traversée par elle – même, pour ce qu'elle nous porte plus loin, nous transforme et nous ouvre à la vision. Quelque chose comme une continuation de la naissance.
Jean Marc Sourdillon, poète français dans " Disciples de l'eau courante", article intégrée à la partie "Témoignages".
Jérôme Thélot. La poésie comme résistance.