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Critique de Eskalion


Mais qui est donc Jan Hauger ? Quel est donc ce mystérieux jeune homme qui a réussi à se faire embaucher à l'école maternelle qui jouxte le centre de détention psychiatrique de Sainte Barbe dans la petite ville de Valla?

Certes, ils n'étaient pas nombreux à se bousculer au portillon , tant le travail y est un peu particulier. Car cette école accueille exclusivement quelques uns des enfants des internés voisins.

Le travail pour Jan, outre ses fonctions d'éducateur, consiste aussi à permettre à ces enfants qui vivent entre l'école et une famille d'accueil, de rendre visite à leurs parents , pour quelques heures seulement , afin de ne pas rompre le lien . Ces visites quotidiennes participent de la thérapie de ces internés.

Pour se faire il emprunte un souterrain qui relie les deux institutions, jusqu'à un ascenseur que seuls les enfants ont le droit d'emprunter, car l'accès au centre de détention psychiatrique est formellement interdit au personnel de l'école.

Pourtant Jan est attiré par ce qui se passe de l'autre côté de ces haut murs surmontés de barbelés , qui protège la société de certains des plus dangereux pensionnaires de l'institution. Discrètement, il explore ce souterrain, toujours plus loin, toujours plus risqué. Qu'est ce qui le pousse à vouloir absolument pénétrer ces lieux interdits ?

Rapidement il noue des liens avec certains de ses collègues et ne tardent pas à comprendre qu'il se passe des choses bien étranges autour de cette relation particulière entre le centre de détention, gardien des cris et de sombres pulsions, et cette école , refuge joyeux des sourires et de l'insouciance de l'enfance.

Pendant ce temps là, quand il se retrouve seul, ses souvenirs le ramènent à un passé pas si lointain, qu'il voudrait sans doute oublier. Une autre école, d'autres enfants. Et l'un d'entre eux.

Et le souvenir de la forêt. du bunker. de l'échec.

Flash back. Recule encore plus violent, plus lointain encore. Un autre lieu. Un autre âge. Une jeune fille, une complicité.

Un pacte qu'il n'a pas honoré.

Nombreux étaient sans doute ceux qui attendaient de voir un jour Johann Théorin délaisser pour un temps son île d'Oland ,où il a campé l'action de ses trois premiers romans, et Gerlof, son vieux complice de personnage auquel ses lecteurs sont si attachés, pour savoir quel nouvel univers l'auteur pourrait bien être capable de leur offrir.

Avec " Froid mortel" , nous avons aujourd'hui la réponse. Et cet univers est plutôt froid, glacial et sombre.

Cette fois, les yeux n'ont pas pour horizon l'immensité de la mer et les couleurs sauvages de la nature. Ici il est gris, fait de pierres et de métal.

De fait Théorin instaure dans ce roman une atmosphère de plus en plus oppressante autour d'un scénario à la mécanique de poupée russe. Car chaque personnage a sa propre histoire, ses propres secrets inavouables, ses propres buts.

Une brume de suspicions entoure chacun d'entre eux, à commencer par Jan Hauger que le lecteur n'arrivera jamais totalement à cerner pour savoir s'il est finalement un être bon ou une âme maléfique.

La force des précédents romans de Théorin résidait dans la puissance évocatrice de la nature, qui était un personnage à part entière de ses livres.

Ici rien de cela. Certains le regretteront, considérant que l'auteur y perd cette spécificité qui lui donnait son originalité.

Mais dans ce huit clos étouffant que d'autres rapprocheront immanquablement du roman de Dennis Lehanne " Shutter Island", elle réside cette fois ci dans cette tension qui va crescendo à mesure que le lecteur avance dans ce souterrain, que l'auteur diffuse par petite touche des parcelles de vérités corrosives.

Avec ce roman le lecteur est comme lâché au milieu d'un palais des glaces dont on aurait éteint les lumières. Il avance, tâtonne, se heurte, ne sait pas vraiment à qui il a affaire, sur qui il peut s'appuyer pour échafauder son propre raisonnement, son propre scénario de l'histoire, restant ainsi à la merci de l'auteur.

Johan Theorin prouve une nouvelle fois qu'il excelle dans l'art de créer des atmosphères troublantes. Son escapade hors de son île de prédilection est une réussite, même si cette fois ci l'expression " polar nordique" perd de son sens ( s'il en a réellement eu un un jour), tant ce roman se rapproche des meilleurs thrillers américains.

Un roman dont je vos recommande en tout cas la lecture.
Lien : http://passion-polar.over-bl..
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