Bilodo est un solitaire, sans que ça lui pèse pour autant. Il trouve la sérénité dans son métier de facteur, apportant le courrier aux gens, avec une attention toute particulière pour les courriers manuscrits qui se font de plus en plus rares. Il va même jusqu'à ouvrir ces enveloppes le soir pour lire les messages, avant de les refermer et de les apporter à leurs destinataires premiers. Une façon de vivre une autre vie par procuration.
Bon, déjà cette habitude est un peu bizarre. Mais c'est assez classique dans les romans qui exaltent le quotidien que de partir d'une situation un peu à la marge. Donc, ok, j'accepte. le problème, c'est que Bilobo va s'enfoncer dans un comportement de plus en plus malsain : il usurpe l'identité d'un homme décédé, il va jusqu'à se glisser dans ses murs et dans ses habits pour absorber sa personnalité. du coup, j'ai complètement lâché l'empathie première que je pouvais ressentir pour lui, lui souhaitant de trouver un moteur supplémentaire dans sa vie. Et j'ai fini par éprouver surtout de la défiance, ce qui a gâché totalement la suite de ma lecture.
Il y a pourtant une plume poétique et simple qui est vraiment plaisante. L'auteur sait jouer l'audace dans la forme pour tisser son récit, celui d'un personnage québécois échangeant des haïkus avec une guadeloupéenne. C'est assez original. le lecteur plonge dans la beauté de ces courts poèmes japonais qui saisissent en à peine quelques mots la magie d'un instant éphémère.
Et pour clore le récit, comme si l'auteur ne savait plus comment se débarrasser de tout ça, un retournement farfelu qui a au moins le bon ton de surprendre et de cueillir le lecteur là où il ne s'y attend pas.
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