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EAN : 9782350212722
208 pages
Naïve (01/02/2012)
4.25/5   16 notes
Résumé :
Deux enfants vivent avec douleur la perte de leur mère. L’une est dans un irréversible coma, l’autre est morte, apparemment noyée. L’occasion pour les deux de basculer dans le magique et le merveilleux. Un récit fascinant, déroutant. Une écriture si éblouissante qu’on est reste interdit.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Ferland oscille entre le silence et le hurlement, la canicule et le zéro absolu; c'est une terre où rodent des dieux plus anciens que le Gars des vues, un repaire de flibustiers imaginaires et de géants sylvestres, une parabole frissonnante de la création du monde, une enclave où les conteurs sont meilleurs qu'à la télé. En hiver, la baie est un désert cryogénique…»

Les pages de cette histoire défilent quelque part entre Villeneuve et Ferland, deux villages québécois situés aux abords du fleuve Mistassini. Esseulée, la mer est partout. Agitée par les souvenirs de ceux qui s'y sont à jamais endormis...

« Ma mère est ce jardin de givre, cet étang gisant au nord de toute Norvège, et rien ne laisse prévoir un prochain dégel. »

C'était un jour de février, de ces journées de froid extrême avec de la poudrerie et des rafales de vents sibériens à désosser les boeufs. La neige était belle, poétique, une invitation à parcourir les grands espaces, sans ne jamais s'arrêter, ni même se retourner. Dans toute cette blancheur, ils ne l'ont jamais vu arriver. Ils longeaient le rail du chemin de fer quand leur motoneige a fait des tonneaux après avoir été happée de plein fouet par le train. L'homme est mort sur le coup. La mère repose dans le coma, « dans un arctique plus lointain que le pôle ». le narrateur, un tout jeune garçon, nous raconte son histoire. Comment il a survécu…

Depuis l'accident, il habite avec ses grands-parents, qui lui offrent la tendresse et l'amour. Ses nuits sont hantées de terreurs nocturnes, mais il arrive à s'en échapper en trouvant refuge dans les livres. Jusqu'au jour où il aperçoit un garçon sur la plage, qui deviendra son ami. Auprès de lui, il se sentira moins seul, car Luc a aussi une mère partie vers le large, elle s'est noyée dans la baie.

« …un pacte de silence, un contrat viril par lequel nous convenons d'éviter tout sujet délicat ou gênant. Contrairement aux harengs de Luc, nous garderons nos tripes au chaud. Nous serons burinés et purs, cousus de mystère. »

Luc est un jeune naufragé. Il vit dans une vieille roulotte jaune en plein milieu d'une cour désaffectée, c'est sa tanière, petit cocon sécurisant qui le tient à l'abri du pire. Son père est une brute, on le pendrait par les couilles. Il rentre saoul de la taverne au petit matin - quand il rentre – le frappe, l'abandonne à son sort, le ventre creux. Alors chaque jour, Luc ratisse la plage avec son sac poubelle à la recherche de bouteilles vides. Quand il aura assez d'argent, il s'achètera une combinaison de plongée et un scaphandre. le petit veut retrouver sa mère emportée par les eaux. Il dialogue avec les vagues, une façon de se sentir plus près d'elle.

« J'aime voir l'horizon s'atomiser quand l'enjambe un soleil flambant neuf, tout fier de renaître encore au terme du ténébreux périple. »

Dans une sorte d'alcôve au fond d'une grotte, repose une bête, un iguane. Il a trouvé ce repère par hasard, en marchant dans l'anse aux Zouaves. Avec le jeune garçon, ils s'y rendront souvent. le lieu est magique et on s'y sent libre. On est à l'abri de toutes choses…

Ceux qui me connaissent savent qu'il ne me fallait pas plus qu'une histoire de mer et d'enfance pour être séduite. Denis Thériault aborde la perte et le deuil. le courage aussi, les petits et grands miracles de la vie, que l'on nomme communément le destin. Quand deux enfants unissent leur peine, ils en ressortent plus forts. Plus forts de leur souffrance commune et d'une amitié qui s'est scellée au contact de l'épreuve. La solidarité est un rempart étanche, ni les hommes ni même leur cruauté n'arriveront à le franchir. L'enfance est peuplée d'imaginaire. Dans ce monde qui oscille entre le rêve et la réalité, l'image d'un iguane arriverait, à elle seule, à venir à bout des douleurs les plus atroces. Ce roman est une fenêtre sur l'enfance, fait de métaphores aussi belles que douces. Elles invitent à la réflexion et pénètrent l'âme. Je l'ai déposé à jamais sur mon coeur…

« Au fond, ça fait mon affaire, cette agitation, ces levers précoces. Ça écarte la nuit et ses gelées de frousse. Ça permet de déguster chaque matin de mai, de boire au bec cette clarté spéciale qu'il y a aux franges du ciel très tôt, le printemps. »
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Pour moi, le numéro un de la littérature française, c'est « un de Baumugne » de Jean Giono. Comme personne, il a su faire chanter la langue, en la rendant magique grâce à ces expressions provençales parfois un peu hermétiques, mais tellement belles. Je viens de rencontrer mon numéro deux grâce à Denis Thériault, qui fait de même avec la langue québécoise. Son « iguane » est une merveille, Un bonbon qui se déguste lentement, car on comprend rapidement qu'on va regretter de quitter son livre qui est hélas trop court pour un amateur des beaux mots. Lui aussi enrichit son texte de locutions québécoises que je ne comprends pas plus que le provençal de Giono, mais là aussi l'évasion est assurée. Là où Thériault est fort, c'est qu'il mène son récit d'une telle main de maître qu'on est tout surpris de lire la puissance dramatique qu'il atteint vers la fin, (encore une fois comme Giono sauf que lui attend ses ouvrages ultérieurs), et cela dès sa première oeuvre! Merci Monsieur Thériault, et heureusement, je viens de découvrir que vous avez commis trois autres romans que je vais m'empresser de dévorer !
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Ce qui frape le plus au début de la lecture de ce livre, c'est l'écriture: originale, belle et soignée; avec de temps à autre des mots simples, presque argotiques. L'ensemble est très particulier, étonnant, souvent très poétique, en tout cas suffisamment évocateur, et même parfois humoristique. Et puis, petit à petit, le lecteur est pris par l'histoire: celle de deux enfants de dix-onze ans, l'un, celui qui raconte, vient de perdre son père dans un accident de motoneige - et sa mère prise dans le même accident est dans le coma - l'autre est semble-t-il orphelin de mère; "semble-t-il" car Luc croit que sa mère vit quelque part, peut être est-elle une sirène dans la mer ... Et ce que nous raconte D. Thériault, c'est une histoire d'amitié "à la vie à la mort" entre les deux enfants; c'est aussi l'histoire de la recherche d'une mère, une histoire triste d'enfant perdu qui pour arriver à vivre fait fonctionner rêves et imagination, le récit de ce qu'il peut se passer dans une tête humaine quand la vie n'est pas à la hauteur ... Comme souvent dans les écrits des québecois, il y a de la fraîcheur, de la beauté, mais aussi de la tristesse et des difficultés. Et toujours l'omniprésence de la nature et des éléments ...

Un très beau livre, qui étonne, secoue et donne à réfléchir.
Lien : http://www.les2bouquineuses...
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critiques presse (1)
LeDevoir
04 avril 2016
Magnifique roman sur l’enfance, à la fois lyrique et délicieusement comique.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Une course de moto des neiges qui finit tragiquement, un orphelin perdu dans un paysage sélénite, affublé de grands-parents également perdus, une rencontre avec un autre adolescent, Luc, adorateur d'un iguane censé sauver leurs âmes.... Denis Thériault nous plonge dans la splendeur et la solitude de l'hiver canadien, aux carrefours de deux destins d'adolescents, attachants, et à la recherche d'une mère ou d'un iguane... Entourés d'albatros, de brumes, de villes scintillantes, de neige et de brouillard, les deux adorateurs d'iguane iront jusqu'au bout de leurs solitudes. Un récit fascinant, déroutant. Une écriture si éblouissante qu'on est reste interdit.
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Ferland c'est la mer. Sur la carte, il ne s'agit encore que du golfe mais il faut un temps d'une rare clarté pour que se laisse deviner le mirage bleuâtre de la rive-sud. Ferland c'est une nuit bondée d'étoiles et quand un souffle austral comble la mer de ses caresses et qu'elle scintille comme un sombre joyau, c'est un vivant miroir où la lune coule d'étranges laits.
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